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Politique

Violences à Paris: devant le Sénat, Christophe Castaner conteste les accusations de laxisme

Auditionné par les sénateurs ce mardi, le ministre de l'Intérieur a fermement condamné les casseurs "qui ne pensent qu'à détruire la République". Christophe Castaner a aussi assuré que toutes les mesures avaient été prises par les services de l'État afin d'éviter un nouveau saccage lors de ce 18e samedi de mobilisation des gilets jaunes.

Après le regain de violence qui a frappé Paris ce week-end lors de la 18e mobilisation des gilets jaunes, les ministres de l'Économie Bruno Le Maire et de l'Intérieur Christophe Castaner ont dû s'expliquer devant la commission des Lois du Sénat.

Dimanche, l'exécutif avait reconnu des "dysfonctionnements" dans le dispositif de maintien de l'ordre, ayant permis le saccage et les pillages d'une partie des Champs-Élysées. Depuis, le ministre de l'Intérieur est tout particulièrement la cible des critiques et d'appels à la démission formulés par l'opposition.

La loi anticasseur en vigueur dès samedi

Dans son propos liminaire face aux sénateurs ce mardi après-midi, Christophe Castaner a répété que les forces de l'ordre avaient été "dépassées" par un tel niveau de violence. Le ministre de l'Intérieur a une nouvelle fois distingué les manifestants des casseurs, qu'il a qualifié d'"émeutiers venus pour casser", de "voyous" ou encore d'"assassins".

"En 18 samedis, c'est le bilan le plus lourd enregistré pour les forces de l'ordre", a-t-il déploré devant la commission des Lois.

Ce dernier a en outre annoncé que les premières mesures de la loi anticasseurs (adoptée le 12 mars dernier) seraient en vigueur dès samedi prochain. Également présent devant la commission, le secrétaire d'État Laurent Nuñez a une nouvelle fois rappelé que l'usage du lanceur de balles de défense par les forces de l'ordre était "indispensable" et qu'il ne serait pas remis en question. 

"Le problème, ce ne sont pas les manifestations, ce sont les ultra-violents", a-t-il fermement dénoncé, tout en appelant à "faire front" "face à des ultras qui ne pensent qu'à détruire la République (...) "Les black blocks ne sont pas un épiphénomène, mais une menace constante pour nos démocraties", a encore déploré Christophe Castaner.

Le secrétaire d'État Laurent Nuñez soulignait quant à lui que "des gilets jaunes radicalisés" s'étaient "agrégés aux black blocks", samedi dernier à Paris. Il a aussi précisé que "l'ultra-gauche (était) très présente à Paris, très présente à Bordeaux, très présente à Toulouse", et que "de nombreuses femmes (avaient) aussi été interpellées" lors du 18e samedi de manifestation.

"Des consignes inappropriées sur l'usage des LBD"

Enfin, le ministre de l'Intérieur et son secrétaire d'État se sont défendus d'avoir fait preuve de laxisme dans leurs consignes. "Nous avions prévu ce niveau de violence", a-t-il déclaré, martelant n'avoir "aucune pudeur à rétablir l'ordre". Par ailleurs, Christophe Castaner n'a pas manqué de rejeter la faute sur le préfet de Police de Paris Michel Delpuech, depuis limogé et remplacé par Didier Lallement. Deux autres personnes parmi lesquelles le patron de la Direction de la sécurité de proximité ont également été écartées de la préfecture de police par Beauvau.

"Des consignes inappropriées ont été données sur l'usage des LBD pour décourager les forces de l'ordre", a regretté le ministre, pointant du doigt un "dysfonctionnement grave de management". 
"Samedi, des instructions sur le changement de doctrine d’usage des LBD ont été prises au sein de la préfecture de Paris sans l’assentiment du gouvernement et des deux ministres qui sont devant vous aujourd’hui", a précisé Castaner.

Son collègue Bruno Le Maire a lui aussi été entendu par la commission sénatoriale afin de faire un bilan économique de la crise des gilets jaunes. Devant le Sénat ce mardi, le ministre de l'Economie a ainsi estimé que le coût global des sinistres s'élevait à 200 millions d'euros.

Jeanne Bulant