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Réforme des retraites: ce qu'en disent les opposants à Macron (et ce qu'ils proposent)

Manifestation contre la réforme des retraites le 5 décembre 2019 à Paris

Manifestation contre la réforme des retraites le 5 décembre 2019 à Paris - Alain JOCARD © 2019 AFP

Le recul de l'âge de départ à la retraite divise sur les bancs de l'Assemblée nationale. Si la gauche appelle de ses vœux le retour à la retraite à 60 ans pour tous, le RN et les LR adoptent un autre positionnement.

À peine annoncée, déjà très contestée. Avec sa réforme du système de retraites, l’exécutif défend le recul de l’âge légal de départ à 64 ans d’ici à 2030, contre 62 aujourd'hui. Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudrait également avoir travaillé 43 ans dès 2027, au lieu de 2035 comme le prévoyait la réforme Touraine.

Des options souvent très différentes de celles défendues par les oppositions. On vous résume ce que chaque parti politique pense de la réforme et ce qu'il propose à quelques heures d'une grève que les syndicats espèrent massive.

La France insoumise

· Ce qu'elle dit de la réforme

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est farouchement opposé au projet du gouvernement. L'ex-candidat à la présidentielle a critiqué à plusieurs reprises une réforme "coûteuse et cruelle", qui créerait le retour "d'une situation comme 1910" pour les travailleurs de 2022. Outre les manifestations de ce jeudi, La France insoumise soutient également une marche le 21 janvier contre le recul de l'âge de départ.

Les députés insoumis se préparent à une intense bataille parlementaire: Mathilde Panot, la patronne du groupe LFI à l'Assemblée, a déjà prévenu que ses 73 élus pourrait déposer chacun 1000 amendements pour contrer le texte.

· Ce qu'elle propose

"Nous sommes favorables à un retour de la retraite à 60 ans et 40 annuités", a avancé Manuel Bompard sur BFMTV le 3 janvier dernier - une situation comparable au régime qui existait dans les années 1990. Le programme de la présidentielle de La France insoumise appelle également à prendre en compte le RSA pour valider des trimestres et à indexer le montant des retraites sur les salaires.

Europe-Écologie-Les Verts (EE-LV)

· Ce qu'ils disent de la réforme

Marine Tondelier, la nouvelle patronne des écologistes, a dénoncé une réforme qui "s'en prend toujours aux plus faibles". Cette élue d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a également dénoncé un recul de l'âge de départ "idéologique" et "anti-social", au "service d'une classe" "favorisée".

· Ce qu'ils proposent

Yannick Jadot, le candidat des écologistes à la présidentielle, a défendu pendant la campagne le maintien de l'âge légal de départ à 62 ans. Le député européen plaidait également pour "réintégrer la pénibilité, ce qui permettrait à beaucoup de personnes de partir à 60 ans ou avant" sur France info en janvier dernier.

Parti socialiste (PS)

Interrogé dans Libération, Olivier Faure, le patron du PS, a accusé Emmanuel Macron de vouloir lancer "un impôt sur la vie de ceux qui ont commencé à travailler tôt, ont eu les métiers les plus pénibles et l’espérance de vie la plus faible" en reculant l'âge légal de départ à la retraite.

Le parti à la rose propose le retour à la retraite à 60 ans, sans vouloir toucher à la durée de cotisation qui est actuellement de 43 ans pour partir à taux plein. Le mouvement appelle également à prendre davantage en compte la pénibilité sans voir dans la réforme des retraites une "urgence" économique, contrairement à ce que défend l'exécutif.

Parti communiste

Fabien Roussel a dénoncé sur BFMTV une "réforme dure, extrêmement violente" qui va principalement concerner "les ouvriers", et "les hommes et les femmes peu diplômés". Pour manifester son opposition, le patron du parti communiste a appelé les Français "à déferler dans la rue" ce jeudi lors de la première journée de grève.

L'ex-candidat à la présidentielle défend le retour à la retraite à 60 ans garantie à taux plein pour une carrière complète. Il souhaite encore que les études, les périodes de maladie et de chômage permettent de déclencher des cotisations. Il estime que la loi doit continuer de permettre des départs anticipés à la retraite pour les personnes exerçant des métiers pénibles ou ayant des carrières longues.

Rassemblement national (RN)

Jordan Bardella, le nouveau patron du RN, a dénoncé sur BFMTV "une guerre sociale menée contre des millions de Français". Marine Le Pen a fustigé sur notre antenne "une escroquerie" à laquelle elle allait "s'opposer avec toutes les armes" possibles.

La patronne des députés RN a évolué ces dernières années sur la question des retraites. Lors de la campagne de 2022, elle a défendu le retour à la retraite à 60 ans pour les personnes entrées dans la vie active entre 17 et 20 ans. Pour les Français entrés dans la vie active entre 20 ans et 24 ans, l'ex-candidate envisageait une retraite à taux plein entre entre 40 et 42 années de cotisation.

Pour ceux commençant à travailler à partir de 25 ans, son projet présidentiel prévoyait au minimum 42 années de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein sans décote. En 2017, Marine Le Pen défendait le retour de la retraite à 60 ans pour tous.

Les Républicains (LR)

La droite est très partagée sur l'opportunité de cette réforme. Une dizaine d'élus Républicains, à l'instar d'Aurélien Pradié, ne veulent pas voter la réforme des retraites en l'état actuel, pointant notamment du doigt la question des carrières longues. La droite "est satisfaite d'avoir été entendue", a fait savoir de son côté à la presse Olivier Marleix, le patron des députés LR.

Valérie Pécresse a défendu pendant la campagne présidentielle le recul de l'âge légal de départ à retraite à 65 ans. Le Sénat à majorité de droite vote de son côté depuis plusieurs années le report à 64 ans, aujourd'hui défendu par l'exécutif.

Marie-Pierre Bourgeois et Baptiste Farge