BFMTV
Politique

Patrick Stefanini: "Le problème de l'immigration n'est pas derrière nous, il est devant nous"

Invité de BFM Politique ce dimanche, l'ancien directeur de campagne de François Fillon a pointé du doigt l'immigration familiale à destination de la France.

Patrick Stefanini est formel. Pour l'ancien directeur de campagne de François Fillon, "le problème de l'immigration n'est pas derrière nous, il est toujours devant nous".

"Depuis deux ou trois ans sévit en Méditerranée une crise migratoire d’une ampleur sans précédent", rappelle-t-il sur le plateau de BFM Politique ce dimanche midi. Une crise due, selon lui, non seulement "à la guerre et à la crise terroriste qui ravage le Proche et le Moyen-Orient", mais aussi aux "conséquences" de ces conflits sur l'Afrique.

Le haut fonctionnaire n'est pas étranger à la question. En 2005, il est nommé à la tête du comité interministériel de contrôle de l'immigration, avant d'être promu en janvier 2008 secrétaire général du tout nouveau ministère de "l'Immigration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire", qu'il a contribué à fonder.

Ce qu'il pointe aujourd'hui du doigt, c'est l'immigration "familiale" qui pèse "lourd" dans les chiffres pour l'ex-bras droit de François Fillon. 

"La France, pour des raisons historiques liées notamment à l’étendue de son ancien empire colonial, est confrontée à une immigration familiale tout à fait substantielle (...) et nous ne parvenons pas à (la) maîtriser suffisamment", assure-t-il, rappelant que "l'essentiel de l'immigration à destination de la France reste (...) d'origine africaine".

Une immigration familiale en baisse

Pourtant, sur les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, publiés en juillet dernier, la part "familiale" de l'immigration est la seule en baisse. 88.510 titres de séjour ont ainsi été émis pour un motif familial en 2016, contre 92.326 en 2014 - soit une baisse d'un peu moins de 2%. Alors même que l'immigration totale est en hausse de 4,8%, avec 227.923 titres émis en 2016.

Patrick Stefanini souligne ici que l'immigration à titre familial "reste une part tout à fait significative" du flux total à destination de la France. "De surcroît, par définition l'immigration familiale est de longue durée", avance-t-il, contrairement aux 73.324 titres étudiants délivrés l'année dernière.

"Une bonne partie de l’immigration estudiantine est une immigration de passage (...) alors que l’immigration familiale pèse beaucoup plus lourd dans le total des chiffres (...) car c’est une immigration d’installation", affirme l'ancien secrétaire général du ministère dédié, dissolu en 2010. 

Le système des quotas pourrait pour l'ancien fonctionnaire être une solution. "Bien sûr, instaurer des quotas est une révolution juridique", concède-t-il. "Peut-être faudra-t-il pour cela modifier la Constitution, peut-être faudra-t-il même trouver quelques accommodements avec la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme", suggère-t-il. 

"Mais ce que nous savons, c’est qu’un certain nombre de grands pays gèrent aujourd'hui leur immigration en s'appuyant sur le système des quotas", souligne Patrick Stefanini, citant notamment l'exemple du Canada.

"Il faut dissuader les candidats à l'immigration clandestine"

L'homme de droite reconnaît néanmoins une "bonne intention" à Emmanuel Macron, après le voyage de ce dernier sur le continent africain. "Les propositions qu'il a formulées partent d'une bonne intention, car on ne réussira pas à maîtriser l’immigration à destination de la France uniquement avec des dispositifs policiers de contrôle", assure-t-il, convenant néanmoins qu'"il en faut".

"Il faut que nos frontières et singulièrement les frontières extérieures de l’espace Schengen soient contrôlées, et probablement mieux contrôlées qu’elles ne le sont, aussi bien en France que dans d’autres pays de l’Union Européenne", assure le haut fonctionnaire. 

Néanmoins, celui-ci affirme qu'il "faut aussi avoir un dialogue avec les pays d’origine car l’objectif est évidemment de dissuader les candidats à l’immigration clandestine, et de faire en sorte que les personnes concernées trouvent davantage intérêt à se maintenir dans leur pays d’origine, plutôt qu’à venir tenter leur chance, au péril de leur vie en traversant la Méditerranée, dans les pays européens."

Liv Audigane