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Parti socialiste

Retour d'Adrien Quatennens à LFI: Laurence Rossignol dénonce "l'amnistie politique pour des amis"

Laurence Rossignol le 8 mars 2017 au Quai d'Orsay

Laurence Rossignol le 8 mars 2017 au Quai d'Orsay - Etienne LAURENT / EPA POOL / AFP

L'ancienne ministre des Droits des femmes juge qu'on "ne peut pas être contre les violences faites aux femmes, sauf quand elles concernent un ami", en visant la proximité entre le député du Nord, condamné pour violences conjugales, et Jean-Luc Mélenchon.

Un jugement sévère. Après la décision de La France insoumise de réintégrer Adrien Quatennens, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales à l'encontre de son épouse, Laurence Rossignol n'apprécie pas ce choix.

"Les formations auxquelles nous appartenons doivent être exemplaires. Cela signifie éviter l’amnistie politique pour ses amis", a avancé l'ancienne ministre des Droits des femmes de François Hollande ce mercredi matin sur France Info.

"Contre les violences sauf quand elles concernent un ami"

"On ne peut pas être contre les violences faites aux femmes, sauf quand elles concernent un ami", a encore ajouté la sénatrice socialiste.

Le député du Nord, très proche de Jean-Luc Mélenchon, a été auditionné ces derniers jours par quatre élus insoumis qui ont ensuite transmis leurs recommandations au groupe LFI à l'Assemblée nationale. 45 ont voté en faveur de son retour sur leurs bancs, 15 ont dit non et 2 se sont abstenus. Une dizaine de députés LFI n'a pas pris part au vote.

"Cette décision nous a fait changer de période. Maintenant, on a une affaire LFI - Mélenchon. Ce n’est plus tant Quatennens qui est en cause que la décision prise", a également jugé la vice-présidente du Sénat.

Le PS a dénoncé une "décision inacceptable"

La réintégration du trentenaire, longtemps considéré comme un successeur potentiel à la présidentielle du fondateur de LFI, avait été conditionnée à "un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes auprès d'associations féministes".

Adrien Quatennens était cependant revenu à l'Assemblée nationale dès janvier, en dépit de l'exclusion de son groupe pour quatre mois. Il siégait ces dernières semaines en tant que député non-inscrit et avait repris à plusieurs reprises la parole, notamment sur la question des retraites.

La réaction de Laurence Rossignol met ses pas dans ceux de son propre mouvement. Le PS a condamné mardi dans un communiqué une décision "à la fois inacceptable, et incompatible avec les valeurs défendues et portées par la Nupes", la coalition de gauche dont font partie ses députés.

"C'est bien, un groupe qui discute"

"C'est une faute politique car elle mine la crédibilité de toutes les formations politiques de gauche pour porter une parole claire" sur le sujet des violences faites aux femmes, juge encore le parti.

Du côté de LFI, on fait profil bas, cherchant à banaliser le retour du député. "Il y a une décision qui est prise, c'est bien, il y a eu une discussion, une délibération. C'est bien, un groupe qui discute, qui prend des décisions comme cela", a réagi le LFI Alexis Corbière.

Adrien Quatennens pourra de nouveau siéger officiellement dans le groupe LFI à partir de ce jeudi 13 avril, date de la fin de sa suspension temporaire. De quoi lui permettre d'incarner son mouvement en tant que chef de file sur un texte, espère son entourage. Aucune prise de parole médiatique n'est pour l'instant prévue.

Marie-Pierre Bourgeois