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Parti socialiste

Pour François Hollande, le macronisme "ne correspond à rien sur le plan idéologique"

François Hollande le 7 mai 2022 à l'Elysée

François Hollande le 7 mai 2022 à l'Elysée - GONZALO FUENTES / POOL / AFP

François Hollande reproche à Emmanuel Macron d'être à l'origine du schéma politique apparu lors des deux dernières présidentielles. Selon lui, celui-ci "oppose l'extrême droite à un mouvement central qui ne correspond à rien sur le plan idéologique et qui a de moins en moins de force et de vitalité dans l'opinion."

Un message d'alerte pour l'avenir du pays. À l'occasion d'une interview pour La Tribune, François Hollande met en garde sur la situation politique actuelle et l'affaiblissement des "partis républicains, de gauche comme de droite", qui "ont une responsabilité historique" pour la prochaine présidentielle en 2027: empêcher l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir, d'autant que "l'espace du 'en même temps' s'épuise et le plafond de verre est craqué de toutes parts".

L'avertissement est tout autant une critique de l'ancien président de la République à l'égard de son successeur, Emmanuel Macron. Lequel est à l'origine, selon le socialiste, de l'équation actuelle.

Celle qui "oppose l'extrême droite à un mouvement central qui ne correspond à rien sur le plan idéologique et qui a de moins en moins de force et de vitalité dans l'opinion."

"La société attend d'être rassurée"

Certes, "la France va mieux économiquement", mais "elle va mal politiquement sans être socialement heureuse", pointe François Hollande, jugeant que "la succession de crises" récentes, que ce soit le Covid-19, "la guerre en Ukraine" ou "le climat", "a obscurci l'avenir".

Dans pareille situation, "la société attend d'être rassurée", souligne l'ex-locataire de l'Élysée. Or, poursuit-il, "l'une des façons d'y parvenir, c'est de restaurer le cadre d'une vie politique permettant à plusieurs projets de se faire concurrence, ouvrant des possibilités d'alternance et cantonnant les extrêmes." Et de prendre l'exemple de l'Allemagne qui "garde son cap", malgré les bouleversements géopolitiques ou du Royaume-Uni qui "tient", en dépit de la "crise sérieuse" du Brexit.

Selon lui, le pays dirigé par le Premier ministre Rishi Sunak s'en sort "grâce aux deux partis qui se font compétition." "Chaque Britannique sait que lorsque les conservateurs auront échoué, ce sera le tour des Travaillistes et inversement", insiste François Hollande. Avant de déplorer une nouvelle fois la situation en France:

"Nul ne sait dans quelle direction politique va aller le pays dans les quatre ans qui viennent et a fortiori au-delà de 2027".

"Défaite pour l'éternité"

Pour relever le défi, l'ancien premier secrétaire du PS propose encore et toujours que sa famille politique redevienne la force motrice de la gauche. "Je regrette que le PS cherche à trop souvent effacer son histoire, son identité et son bilan, au nom d'une union dont il a renoncé pour le moment à être le pôle principal!", dit ce critique de la Nupes.

Dès lors, il faudrait "s'affirmer", "proposer", "travailler et ainsi offrir une perspective, sans pour autant rompre avec le reste de la gauche". Autrement, "avec LFI comme axe principal, c'est la défaite pour l'éternité", cingle encore François Hollande.

Quant aux explications de la perte d'influence du parti au poing et à la rose, ce dernier rejette toute responsabilité. Si le PS "est en difficulté, ce n'est pas parce qu'il a gouverné", estime-t-il. "Quoi qu'on ait pensé de ce que j'ai fait au pouvoir ou de l'action de mes prédécesseurs de gauche, j'estime que la comparaison reste plutôt en notre faveur."

Baptiste Farge