BFMTV
Parti socialiste

Loi immigration: Boris Vallaud accuse Emmanuel Macron "d'écrire une loi sous la dictée d'Éric Ciotti"

Boris Vallaud à l'Assemblée nationale le 12 décembre 2023

Boris Vallaud à l'Assemblée nationale le 12 décembre 2023 - Bertrand GUAY / AFP

Le président des députés socialistes n'apprécie pas que la droite soit au centre des discussions pour parvenir à un compromis sur le texte porté par Gérald Darmanin. "C'est une forme de cohabitation" avec Les Républicains "qui est en train de s'installer", juge Boris Vallaud.

Le chef de l'État aux bancs des accusés. Alors qu'Élisabeth Borne tente de trouver un compromis avec la droite qui détient l'avenir de la loi immigration en ses mains, la gauche s'agace des discussions avec les piliers des Républicains.

"Quand on pose la question de ce qu'il est en train de se passer et de ce qu'il se passe depuis des mois et bien la réalité, c'est qu'Emmanuel Macron écrit une loi sous la dictée d'Éric Ciotti et des Républicains", s'agace le président des députés socialistes Boris Vallaud sur France 2 ce vendredi matin.

La droite en position de force

Depuis mercredi, la Première ministre multiple les consultations avec les députés et sénateurs LR pour parvenir à sortir de l'ornière depuis le rejet surprise de la loi immigration.

Et pour cause: c'est la version sénatoriale du texte, bien plus dure que la copie initiale du gouvernement, qui va être la base des discussions au sein de la commission mixte paritaire, cet organe parlementaire qui réunit sept députés et sept sénateurs pour aboutir à un accord.

Au risque donc de parvenir à une version finale de la loi immigration, très loin de l'équilibre vanté depuis des mois par Gérald Darmanin. Plusieurs dispositions votées par le Sénat n'étaient pas contenues dans le projet de loi du ministre de l'Intérieur comme la suppression de l'aide médicale d'État et la fin de l'automaticité du droit du sol.

"Une forme de cohabitation" avec Les Républicains

L'un des articles clefs de la loi qui voulait la création d'un titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension a lui aussi été totalement réécrit pour le transformer en régularisation "exceptionnelle". Autant dire qu'en cas d'accord avec la droite à l'issue de la commission mixte paritaire, le texte qui en sortira sera très marqué à droite.

"C'est une forme de cohabitation (avec LR) qui est en train de s'installer, c'est la fin du 'en même temps'. Et rien n'oblige ce gouvernement à tout céder à la droite sénatoriale", regrette encore Boris Vallaud.

Depuis l'arrêt net des débats sur la loi immigration lundi, la gauche réclame la fin du texte dans l'hémicycle. Elle pourrait avoir gain de cause. La majorité présidentielle est soumise à de fortes tensions ces derniers jours.

La gauche de Renaissance tout comme le Modem refusent de voter un texte marqué de l'empreinte forte de la droite. Ce jeudi soir à Matignon, une réunion a tourné au règlement de comptes entre Olivier Véran, Bruno Le Maire et Élisabeth Borne.

Marie-Pierre Bourgeois