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Gouvernement

Loi immigration: Élisabeth Borne joue son va-tout dimanche avec une dernière réunion autour des LR

Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale le 13 décembre 2023

Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale le 13 décembre 2023 - Ludovic MARIN/AFP

À la veille de la commission mixte paritaire qui va tenter de plancher sur un accord pour la loi immigration, Élisabeth Borne tentera de nouveau de négocier un compromis. Ce sont les députés et sénateurs LR qui détiennent entre leurs mains l'avenir du texte.

Un nouveau rendez-vous aux allures de dernière chance. Après avoir déjà rencontré à deux reprises les ténors de la droite, Élisabeth Borne les convoquera à nouveau ce dimanche à Matignon dans l'espoir de trouver un accord à l'arraché sur la loi immigration.

La rencontre aura lieu à 24 heures du lancement de la commission mixte paritaire. Cet organe parlementaire qui réunit sept députés et sept sénateurs va tenter de se mettre d'accord lundi sur une version commune du projet de loi qui sera ensuite, en cas d'accord, transmise pour un nouveau vote au Sénat et à l'Assemblée.

La droite en position dominante

C'est le texte sorti de la chambre haute, dominée par la droite, qui sera la base de discussion. Cette version bien plus dure que celle proposée initialement par Gérald Darmanin n'est pas au goût d'une partie de la majorité présidentielle.

Mais ce sont bien les LR qui sont en position de force. Cinq élus de droite composent la CMP auquel il faut ajouter un sénateur Renaissance qui a voté pour la version sénatoriale. Élisabeth Borne est donc tenue d'identifier les éventuels points d'accord ou de désaccord entre la majorité présidentielle et les LR pour parvenir à une version commune de la loi immigration.

Sans accord, la CMP sera "non conclusive", entraînant la fin de la loi immigration, comme l'a expliqué Emmanuel Macron devant ses lieutenants.

La macronie craint "l'immodestie" des LR

Autant dire que la droite gonfle les muscles et se trouve bien décidée à pousser son avantage. Elle veut à tout prix maintenir l'une des modifications phares qu'elle a voté au Sénat: celle de la régularisation "exceptionnelle" des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.

La copie initiale du gouvernement voulait, elle, créer un titre de séjour pour ces personnes. Le dispositif retenu s'avère donc beaucoup plus limité, au grand dam d'une partie de la macronie qui tient fortement à cette promesse de Gérald Darmanin.

"Ce sont des négociations âpres, difficiles, dans lesquelles certains peuvent se sentir frappés d'une immodestie de se dire que 'c'est leur texte ou rien'" a d'ailleurs reconnu ce jeudi sur France 2 Sacha Houlié, le président de la commission des lois, également membre de la CMP.

Borne joue son avenir politique

Élisabeth Borne a elle-même fixé des lignes rouges, demandées par Sylvain Maillard, le président des députés macronistes: elle souhaite retirer de l'accord la fin de l'automaticité du droit du sol et la suppression de l'aide médicale d'État, toutes deux absentes du texte de loi initial mais votées au Sénat.

La Première ministre peut-elle vraiment réussir à convaincre? Même en cas d'accord en commission mixte paritaire, un vote en faveur de la loi immigration dans l'hémicycle n'a rien de certain et ouvrirait une nouvelle zone de fortes turbulences politiques.

Anne Saurat-Dubois et Marie-Pierre Bourgeois