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L’Allemagne, nouvelle ligne de rupture au Parti socialiste

François Hollande et Angel Merkel à leur arrivée à Ludwigsburg, samedi 22 septembre.

François Hollande et Angel Merkel à leur arrivée à Ludwigsburg, samedi 22 septembre. - -

Trois jours après la publication du texte socialiste anti-austérité, ministres et cadres du parti s’affrontent toujours par médias interposés sur fond "d'amitié franco-allemande", lundi.

Il faut sauver l’amitié franco-allemande. Depuis la publication d’un texte socialiste condamnant "l'intransigeance égoïste" allemande, vendredi dans les colonnes du quotidien Le Monde, le gouvernement organise le branle-bas de combat pour condamner un tir en règle contre "l’Allemagne d’Angela Merkel". Lundi matin, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici (Economie) et Laurent Fabius (Affaires étrangères) sont montés au créneau.

"Remettre un peu de calme dans tout cela"

"L'idée qu'il faudrait une confrontation avec l'Allemagne est fausse et totalement contre-productive", déclare Pierre Moscovici, dans un entretien publié sur lemonde.fr. "Ce n'est pas en entrant dans une logique de dénonciation, de stigmatisation ou de rupture que l'on peut espérer faire avancer les choses", poursuit le ministre, pour qui, "agir ainsi, c'est jouer sur des réflexes assez ambigus et à coup sûr être perdants à l'arrivée".

Même ligne pour Laurent Fabius. "Il faut remettre un peu de raison et de calme dans tout cela", a-t-il tenté de tempérer sur Europe1. "Je pense que nous pouvons résumer la position de la France en trois points: le débat, oui, doit avoir lieu, il est légitime. En revanche, le pugilat non!", a-t-il lancé, appelant à "renforcer le partenariat entre la France et l'Allemagne".

Interrogée lundi matin sur BFMTV, Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris, a publiquement pris ses distances avec l’initiative socialiste. "Je ne suis pas d'accord, je pense qu'il ne faut pas stigmatiser une personne ou un pays", a-t-elle affirmé, tout en estimant qu'Angela Merkel se trompait "quant aux mesures qu'il faut pour relancer l'Europe".

"Tempête dans un verre d'eau"

Depuis vendredi, le PS se déchire par médias interposés au sujet de ce texte. Au point que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait dû intervenir samedi pour calmer les esprits et insister sur Twitter sur le caractère "indispensable" de l'amitié franco-allemande. Une mise au point réitérée lundi matin dans un entretien à la Dépêche du Midi dans laquelle il défend une amitié "riche, nourrie, qui n’exclut pas le débat d’idées". Pas de quoi satisfaire tout le monde néanmoins.

Dimanche, les ministres Cécile Duflot et Benoît Hamon, ont dénoncé de concert la politique d'austérité européenne. Quelques heures plus tard, le président PS de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a maintenu ses propos contre l’austérité, répondant sur son blog aux critiques des ministres Manuel Valls (Intérieur) et Michel Sapin (Travail) qui l’avaient rappelé à l’ordre durant le week-end. "Que les ministres qui s'offusquent des positions émanant des parlementaires se concentrent un peu moins sur le commentaire de celles-ci et un peu plus sur l'état d'avancement de leurs dossiers. Beaucoup reste à faire", a-t-il répondu dimanche soir sur son blog intitulée "Tempête dans un verre d'eau". Ambiance.

Car en creux des critiques contre "l'intransigeance allemande" se dessine une nouvelle défiance envers la politique économique du gouvernement, déjà formulée la semaine dernière par plusieurs voix au PS qui demandaient au gouvernement de lancer "la deuxième phase du quinquennat".

Silence de Hollande

Dans ce contexte, François Hollande, qui avait lui-même parlé de "tension amicale" pour qualifier la relation franco-allemande, ne s’est pas encore exprimé au sujet du texte socialiste. Il pourrait l’aborder lundi soir aux assises de l’entrepreneuriat où il doit prononcer un discours à 18h.

En attendant, la chasse aux sorcières est ouverte au PS pour découvrir qui a transmis le texte au journal Le Monde, un brouillon qui n’avait pas vocation à être diffusé selon Jean-Christophe Cambadélis. "Si nous retrouvons celui qui a fourni ce texte à la presse, je demanderai qu’il soit suspendu du Parti socialiste", a-t-il d’ores et déjà promis.


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