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Parlement

Ralentir les débats ou accélérer: la Nupes se divise sur les amendements avant le vote sur les 64 ans

L'Assemblée nationale (Paris) le 15 février 2023.

L'Assemblée nationale (Paris) le 15 février 2023. - Geoffroy Van der Hasselt

La gauche n'est pas d'accord sur la stratégie à adopter, à la veille de la fin des débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Les communistes et les socialistes ont enlevé tous leurs amendements avant l'article 7 qui doit statuer sur le recul de l'âge de départ. Les insoumis hésitent eux aussi.

Un tweet qui expose publiquement les dissensions au sein de la Nupes. Après le retrait par les députés communistes de tous leurs amendements avant l'article 7, Jean-Luc Mélenchon a jugé ce retrait "incompréhensible".

"Pourquoi se précipiter ? (...) Hâte de se faire battre ?" s'est interrogé le fondateur de La France insoumise sur son compte Twitter.

2 stratégies qui se font face

Les socialistes ont de leur côté indiqué avoir enlevé "100% de leurs amendements" avant l'article 7. Avec un objectif: parvenir à en discuter alors que cet article est le plus emblématique, en repoussant l'âge de départ à la retraite.

Après 7 séances, les députés sont à l'article 3 sur un projet de loi qui en compte 20. Les débats devraient se finir ce vendredi soir à minuit, conformément à la volonté de l'exécutif qui a enclenché une procédure qui restreint les temps de débats à 10 jours dans l'hémicycle.

En filigrane, ce sont 2 stratégies qui s'opposent: celle d'un côté qui consiste à ralentir les débats, en regrettant que le gouvernement ait choisi un temps de débat court, permettant de l'accuser de "déni de démocratie". De l'autre, l'espoir qu'un vote sur l'article 7 soit rejetée, permettant à la gauche d'arguer d'un vote contre et pousser l'exécutif à reculer.

Problème: si le recul de l'âge de départ à 64 ans était adoptée par les députés, le gouvernement pourrait se targuer d'une victoire. Quant à l'effet sur la mobilisation sociale, il est très incertain: cela pourrait-il démobiliser les manifestants ou au contraire les pousser à hausser le ton?

Des questionnements à LFI

Preuve que les insoumis eux-mêmes hésitent : selon plusieurs parlementaires, un vote interne jeudi soir a rejeté de peu l'abandon d'amendements.

Dans les rangs des communistes, on assume la stratégie. "Oui, allons vite à l'article 7. Les salariés, les Français nous regardent. Que tout le monde retire ses amendements", a lancé sur son compte Twitter le numéro 1 du PCF.

Une demande du front syndical

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et son homologue de la CGT, Philippe Martinez, ont tous deux souhaité que le débat et le vote puisse avoir lieu sur l'article 7, qui porte la mesure d'âge.

Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, ne s'est pas privée d'exploiter ses divergencences. "Jean-Luc Mélenchon vient d'accuser ses propres partenaires de faire le jeu de la démocratie puisque maintenant (selon lui]c'est un problème de retirer des amendements pour qu'on puisse passer au vote", a ainsi lancé l'élue des Yvelines devant des journalistes.

Le septuagénaire a persisté et signé lors d'un meeting quelques heures plus tard à Montpellier, dénonçant "une lourde erreur de la part des communistes".

Réponse de Manuel Bompard, le nouveau coordinateur de LFI dans l'hémicycle qui a préféré déplacer les débats sur la question du tempo. "Si vous avez vraiment l'intention de faire en sorte que l'ensemble des articles soient débattus, il y a une solution extrêmement simple, prolongez les débats", a lancé l'insoumis.

Depuis plusieurs jours, les députés LFI demandent la prolongation de l'examen du projet de loi au-delà de vendredi soir. Le gouvernement a pour l'instant refusé cette proposition.

Marie-Pierre Bourgeois