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Nucléaire: les députés s'emparent du projet de loi pour accélérer la construction d'EPR

La France comporte 19 centrales nucléaires et 58 réacteurs.

La France comporte 19 centrales nucléaires et 58 réacteurs. - -

Le Palais-Bourbon se penche à partir de ce mercredi soir sur le sujet du nucléaire pour simplifier les autorisations administratives de l'installation des futurs réacteurs. La majorité présidentielle devrait pouvoir compter sur les voix des LR et des communistes. Les écologistes et les insoumis sont, eux, farouchement contre.

Après les débats chaotiques de l'Assemblée nationale autour des retraites, le nucléaire arrive sur la table des députés. La commission des Affaires économiques s'emparent du projet de loi sur l'atome à partir de ce mercredi soir. Avec un objectif: construire bien plus rapidement des centrales nucléaires, en simplifiant les procédures administratives.

"La responsabilité que j'ai, c'est de faire en sorte que le travail administratif ne retarde pas le projet industriel", a annoncé Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique qui défend le texte ce mercredi dans Les Échos.

Changement de direction

En pleine campagne électorale, Emmanuel Macron avait annoncé la relance du nucléaire français avec la construction de six nouveaux EPR de seconde génération. Ces annonces avaient tout d'un virage à 180 degrés. Le président avait d'abord mis ses pas dans ceux de François Hollande lors de son premier quinquennat.

Le socialiste avait ainsi acté la fermeture de la centrale de Fessenheim, la plus vieille de France, et entériné dans la loi la limitation à 50% du nucléaire dans les sources d'énergie qui approvisionnent la France. Une stratégie qui porte le nom de "mix énergétique".

Mais face à la hausse des prix de l'énergie et l'accélération du réchauffement climatique, le gouvernement a changé de ton et fait désormais du retour de l'atome l'un des piliers de son politique énergétique.

"Le nucléaire est une énergie qui coûte relativement peu, qui n'émet pas de CO2 et dans laquelle nous disposons de très nombreuses compétences", expliquait à BFMTV.com Guillaume Karasbian, président de la commission des Affaires économiques début février.

Des EPR en état de marche dans 12 ans

Le cap a donc été mis sur la simplification des procédures administratives nécessaires pour permettre à terme de construire de nouveaux réacteurs. Avec un objectif: faire sortir de terre des EPR de seconde génération à l'horizon 2035 - un calcul très optimiste.

Pour ce faire, les sites d’implantation, comme Penly (Seine-Maritime) et Gravelines (Nord), doivent être dispensés d’autorisation d’urbanisme. Le contrôle de conformité serait ainsi assuré par les services de l’État pour permettre les premiers travaux de terrassement en 2027.

Le projet de loi prévoit également que les travaux sur les bâtiments non destinés à recevoir des substances radioactives puissent être réalisés avant clôture de l’enquête publique.

"On veut mettre fin à tous les garde-fous possibles sans prendre en compte un seul instant les normes environnementales, urbanistisques et les besoin en eaux pour faire baisser la température des réacteurs alors que la sécheresse ne va faire que s'aggraver", regrette la députée écologiste Marie Pochon.

Un texte qui devrait être voté sans difficulté

Le Sénat, qui s'est emparé en premier du projet de loi, a déjà dit oui à ses évolutions et a fait sauter la limitation à 50% de l'énergie nucléaire dans le mix énergétique en France. Le gouvernement ne devrait pas être en difficulté pour faire voter ce texte. La majorité présidentielle devrait dire oui tout comme le RN, les communistes et les LR.

Mais La France insoumise et les écologistes devraient se faire entendre alors que le gouvernement a introduit un amendement pour fusionner l'autorité de sûreté nucléaire, qui contrôle les installations, et l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, chargé de l'expertise, avec un risque de conflit d'intérêt.

Pour tenter d'arrondir les angles, Le Parisien affirme que la Première ministre a laissé entendre qu'il pourrait être enlevé du texte pour éviter le blocage.

Marie-Pierre Bourgeois