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Parlement

Les militaires soumis à des conditions de logement d'un autre âge

Les fuites d'eau sur la base militaire de Toulon coûtent deux millions d'euros par an, selon un rapport du Sénat.

Les fuites d'eau sur la base militaire de Toulon coûtent deux millions d'euros par an, selon un rapport du Sénat. - AFP

La commission des Finances du Sénat souligne dans un rapport que le patrimoine immobilier de l'armée, l'un des plus importants de l'Etat, reste le parent pauvre de la Grande muette.

Logements proches de l'insalubrité, manque d'hébergements... le patrimoine immobilier de l'armée est dans un état catastrophique. La commission des Finances du Sénat alerte sur les conditions de logement des militaires en France, dans un rapport public publié par Le Parisien. Des mots mêmes des sénateurs, le parc immobilier de la Grande muette et particulièrement les hébergements sont "extrêmement dégradés, voire proches de l'insalubrité".

Parmi la surface de près de 275.000 hectares de patrimoine immobilier, estimé à plus de 16 milliards d'euros, le rapport cite en particulier cas de la base aérienne d'Orléans. Les bâtiments de cette base sont jugés "inutilisables en raison de leur insalubrité résultant d'un défaut de maintenance régulière". Certains dortoirs du lycée militaire d'Autun, en Saône-et-Loire, ne correspondent plus "aux standards actuels de confort".

Mal-logement

Le rapport de la commission des Finances du Sénat met également en évidence un manque important d'infrastructures pour accueillir les militaires. Alors que plus de 9.000 postes devaient être supprimés d'ici à 2019, après les attentats de Charlie Hebdo puis du 13-Novembre, le président Hollande avait décidé de suspendre ces baisses d'effectifs. Une situation qui n'avait pas été anticipée, d'autant qu'avec l'état d'urgence et l'opération Sentinelle, 10.000 soldats sont mobilisés sur le territoire national.

"Il n'existe plus assez de casernes pour héberger les militaires dans les grandes agglomérations, alors même que la menace s'exerce en milieu urbain", écrivent les parlementaires, constatant que les soldats sont, soient logés trop loin, soient dans des préfabriqués. Des conditions qui pèsent sur leur moral.

Le logement "parent pauvre" des armées

Une telle situation peut s'expliquer par la mise de côté, pendant de nombreuses années, de l'entretien de ce patrimoine immobilier. "Les infrastructures des armées ont longtemps été, sinon le parent pauvre, tout du moins une variable d'ajustement budgétaire du ministère des Armées", déplore le rapport. L'augmentation de 12% du budget consacré à l'entretien des bâtiments n'a pas suffit à combler le retard.

A l'heure où le gouvernement a annoncé une réduction du budget de la Défense de 850 millions d'euros pour l'année 2017, Emmanuel Macron a tenté d'apaiser les tensions au sein de l'armée en assurant que ce budget augmenterait sensiblement en 2018, pour atteindre 34,2 millions d'euros. De quoi consacrer une part plus importante au patrimoine immobilier? Rien n'est moins sûr, alors que cette paupérisation dénoncée est contre-balancée par les sommes dépensées en matière d'équipement très sophistiqué. A défaut, là encore, de pouvoir garantir son entretien.

En 2014, les besoins supplémentaires pour la maintenance étaient estimés pour les six prochaines années à 79 millions d'euros. Cette année, l'estimation a été revue à 2,5 milliards d'euros. A cela s'ajoutent les choix réalisés, alors que le ministère tend à sacrifier le bien-être de ses hommes à la logique monétaire. Par exemple, les fuites d'eau à la base militaire de Toulon coûtent 2 millions d'euros par an. Les coûts des travaux pour résoudre ces problèmes s'élèvent, eux, à 60 millions d'euros. La rentabilité étant envisagée au bout de 30 ans l'opération n'est tout simplement pas programmée. 

Justine Chevalier