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Parlement

L'Assemblée entonne la Marseillaise en hommage aux victimes

Les députés ont entonné la Marseillaise à l'issue d'une minute de silence, mardi après-midi dans l'Hémicycle.

Les députés ont entonné la Marseillaise à l'issue d'une minute de silence, mardi après-midi dans l'Hémicycle. - François Guillot - AFP

La séance d'hommage aux victimes des attentats, mardi à l'Assemblée, a constitué à la fois un moment de communion nationale, avec une Marseillaise chantée par tous les députés debout, et le révélateur de premières divergences sur la nécessité d'une législation d'exception.

C'était une première depuis le 11 novembre 1918. Députés et ministres ont tous entonné l'hymne national, mardi, après avoir observé une minute de silence en l'honneur des 17 personnes tuées dans les attentats contre Charlie Hebdo, à Montrouge et dans le supermarché casher de la porte de Vincennes.

Il était déjà arrivé que certains députés chantent la Marseillaise en signe de protestation lors d'un débat houleux, mais jamais, depuis l'armistice qui avait mis fin à la première guerre mondiale, l'ensemble de la représentation nationale ne l'avait entonnée en signe d'unité.

Les chefs de file des groupes politiques s'étaient mis d'accord mardi matin sur cette initiative, selon une source parlementaire.

Valls a fait applaudir les forces de l'ordre

Le consensus s'est aussi exprimé lorsque Manuel Valls a été ovationné par l'ensemble des députés, debout, à l'issue de son discours. Des applaudissements unanimes avaient aussi salué à plusieurs reprises le Premier ministre, en particulier quand il a appelé à lutter contre l'antisémitisme, mais également lorsqu'il a souligné le courage et le comportement exemplaires des forces de l'ordre.

L'UMP favorable à une restriction de libertés

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), a d'ailleurs célébré, en ouvrant la séance, "l'unité nationale" comme "le bouclier qui protège notre société de la division". Les marches populaires du 11 janvier 2015, a-t-il souligné, devront aboutir "dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, à des choix forts".

Mais ce sont sur ces choix que sont apparues les premières divergences, même si les mesures d'urgences annoncées par le Premier ministre -quartiers spécifiques dans les prisons pour les jihadistes, renforcement des services de renseignement, fichier des personnes condamnées pour terrorisme, transfert de données des passagers d'avions- étaient globalement approuvées par l'opposition dans les couloirs.

"A circonstances exceptionnelles, il faut une loi exceptionnelle que nous devons voter sans trembler. Pour que les choses soient claires, si nous devions, pour un moment, restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns, il faudra le faire", a affirmé à la tribune le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, dans un discours très politique.

"Nous serons à vos côtés si vous décidez d'agir", a-t-il prévenu à l'adresse du Premier ministre et sous les applaudissements à droite.

Valls ne veut pas "céder à la précipitation"

"A une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles. Mais je le dis avec la même force: jamais des mesures d'exception qui dérogeraient au principe du droit et des valeurs", a rétorqué Manuel Valls, qui a exhorté les députés à ne "jamais céder à la précipitation".

"Améliorons les dispositifs de lutte contre le terrorisme, mais sans rien sacrifier à nos libertés", a renchéri le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, tandis que son homologue radical de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, a lui aussi refusé des "mesures d'exception".

Au centre, Philippe Vigier, chef de file des députés UDI, a appelé à apporter "toutes les réponses, sans angélisme ni querelles politiciennes" et avait mis en garde, avant le débat, contre la "surenchère législative".

Ce sont des rangs du Front de gauche et des écologistes que s'est exprimé avec le plus de force le refus de toute mesure remettant en cause les libertés et de tout Patriot Act (législation sécuritaire américaine mise en place après les attentats de New York du 11 septembre 2001) à la française.

"Notre peuple souhaite légitimement voir sa sécurité garantie sans pour autant en appeler à une réponse purement sécuritaire qui mettrait, in fine, en péril nos libertés auxquelles il est tant attaché", a jugé le député communiste André Chassaigne.

K. L. avec AFP