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Attentats: Valls annonce des "mesures exceptionnelles" contre le terrorisme

Manuel Valls, a appelé mardi tout à la fois à lutter contre l'antisémitisme et à protéger les "compatriotes musulmans", dans son discours devant l'Assemblée nationale lors d'une séance spéciale d'hommage aux victimes des attentats.

Manuel Valls, a appelé mardi tout à la fois à lutter contre l'antisémitisme et à protéger les "compatriotes musulmans", dans son discours devant l'Assemblée nationale lors d'une séance spéciale d'hommage aux victimes des attentats. - François Guillot - AFP

Manuel Valls a estimé, mardi devant l'Assemblée nationale française, que, face au terrorisme, il fallait prendre "des mesures exceptionnelles", mais "jamais des mesures d'exception" mettant en danger l'Etat de droit en France. Parmi ces mesures figurent, un meilleur contrôle d'internet, des "quartiers spécifiques" pour les jihadistes en prison ou encore un renforcement des services de renseignement.

C'est dans un hémicycle au complet et empreint d'émotion que Manuel Valls a pris la parole mardi après-midi lors de l'hommage de l'Assemblée nationale aux victimes des attentats de la semaine dernière. Les députés se sont levés à plusieurs reprises, pendant la quarantaine de minutes qu'a duré son discours, pour applaudir notamment l'action des forces de l'ordre, celle du ministre de l'Intérieur ou encore celle du chef du gouvernement.

Reprenant les mots du chef de file des députés socialistes qui s'était exprimé avant lui comme les représentants des autres partis, Manuel Valls a indiqué qui'l n'y avait "pas de leçons à donner" mais que "des leçons à tirer" des événements qui ont secoué la France ces derniers jours. Avant d'indiquer les mesures que l'exécutif compte prendre.

"Jamais des mesures d'exception"

Ainsi, Manuel Valls a estimé que, face au terrorisme, il fallait prendre "des mesures exceptionnelles", mais "jamais des mesures d'exception qui dérogeraient au principe du droit et des valeurs".

"La meilleure des réponses au terrorisme qui veut précisément briser ce que nous sommes, c'est-à-dire une grande démocratie, c'est le droit, c'est la démocratie, c'est la liberté et c'est le peuple français", a insisté le Premier ministre, lors de l'hommage aux victimes des attentats de la semaine dernière.

Des mesures concernant le contrôle d'internet

Dans son discours Manuel Valls a affirmé la nécessité de "régulièrement renforcer" les "services en charge du renseignement intérieur et la juridiction antiterroriste".

Concernant la guerre qui se mène sur Internet, Manuel Valls a demandé au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve des propositions "dans les huit jours" concernant le contrôle du web. Elles devront concerner notamment Internet et les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l'embrigadement, la mise en contact et l'acquisition de techniques permettant de passer à l'acte", a assuré le Premier ministre devant les députés.

Des "quartiers spécifiques" pour les jihadistes en prison

"Avant la fin de l'année (...), la surveillance des détenus considérés comme radicalisés sera organisée dans des quartiers spécifiques créés au sein d'établissements pénitentiaires", a également déclaré Manuel Valls.

Le chef du gouvernement Valls a aussi annoncé qu'"une formation de haut niveau sera dispensée aux services de la protection judiciaire de la jeunesse" car "comprendre le parcours de radicalisation d'un jeune est toujours complexe".

Il a enfin souligné "la nécessité de créer, au sein de la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse, une unité de renseignement, à l'instar de ce qui est fait dans l'administration pénitentiaire".

"Le blasphème ne sera jamais dans notre droit"

Alors que des autorités musulmanes ont accusé Charlie Hebdo d'avoir insulté l'islam, Manuel Valls a déclaré que "le blasphème n'est pas dans notre droit" et "ne le sera jamais".

Poursuivant la même idée, le Premier ministre a réfuté à la tribune tout parallèle, fait par certains jeunes et citoyens, a-t-il dit, entre les journalistes de Charlie Hebdo et le polémiste Dieudonné, "un récidiviste de la haine" dont les spectacles sont "un affront" aux valeurs de la République.

"La solidarité de l'Europe doit aussi être dans les budgets"

Enfin, Manuel Valls a de nouveau mardi l'Europe à une plus forte contribution aux opérations militaires menées par la France contre le jihadisme au Sahel, souhaitant que la solidarité joue non seulement "dans la rue" mais aussi dans les "budgets". Cet effort est "coûteux", a souligné le Premier ministre français.

K. L. avec AFP