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Borne, Véran, Dussopt... Les ex-cadres du gouvernement à l'épreuve du retour "pas si évident" à l'Assemblée

Un bataillon d'anciens ministres fait son retour dans l'hémicycle ce mardi. Si certains reviennent avec la volonté de peser en interne au sein de la majorité, d'autres comme Olivier Véran et Clément Beaune devraient surtout profiter de leur passage à l'Assemblée pour préparer la suite.

Élisabeth Borne, Oliver Véran, Clément Beaune, Olivier Dussopt... Pour la première fois depuis des années, pas moins de 9 anciens ministres font leur retour ensemble à l'Assemblée nationale, un mois après le remaniement, comme le permet la loi.

De quoi potentiellement secouer la macronie, fragilisée depuis l'accouchement dans la douleur de la loi immigration en décembre dernier.

"Est-ce qu'ils arriveront à faire ce qu'ils n'ont pas réussi à faire au gouvernement ?"

"Incontestablement, il y a des formes d'individualités qui vont vouloir se faire entendre", reconnaît auprès de BFMTV.com la députée Renaissance Constance Le Grip, qui ne voit cependant pas "la ligne du soutien total à Emmanuel Macron évoluer".

"C'est un peu le retour de l'aile gauche à l'Assemblée, c'est sûr. Mais est-ce qu'ils arriveront à faire ce qu'ils n'ont pas réussi à faire au gouvernement? Personne n'y croit", tance un député plutôt classé à droite au sein du groupe.

Pour l'instant, ce n'est pas Élisabeth Borne qui va faire mentir son constat. L'ancienne locataire de Matignon a évoqué "son plaisir" dès ce week-end à rejoindre ses nouveaux collègues, elle qui n'a jamais siégé à l'Assemblée nationale et s'est jusqu'ici bien gardé de tout commentaire sur son successeur à Matignon.

Borne, d'une "loyauté sans faille" même à l'Assemblée

Direction la commission des Affaires étrangères et la commission de la Défense pour l'ex-cheffe du gouvernement. Deux organes prestigieux mais connus pour être beaucoup moins prenants que les Finances ou les Lois.

De quoi en rassurer certains, alors que plusieurs députés la voyaient potentiellement avoir envie de constituer un nouveau groupe au sein de la majorité. Un vrai cauchemar pour l'exécutif, qui n'a déjà pas de majorité absolue et qui ne peut guère se payer le luxe de se diviser.

"Ce n'est pas du tout sa personnalité. Elle a toujours été d'une loyauté sans faille", sous-titre le député Renaissance Ludovic Mendes.

Olivier Dussopt, "les moyens de peser"

Au sein du mouvement, c'est plutôt l'arrivée d'Olivier Dussopt qui interroge. Le désormais ex-ministre du Travail compte autour de lui pas moins d'une vingtaine de députés avec son mouvement Territoires de progrès, soit largement le nombre nécessaire d'élus pour faire un groupe.

"Contrairement à d'autres qui reviennent, il a vraiment un ancrage politique et il connaît la maison comme sa poche. Il aurait les moyens de peser", décrypte un conseiller ministériel.

Mais cet ancien proche de Martine Aubry, désormais honni par la gauche, en a-t-il vraiment envie ?

"Il sort quand même essoré d'un procès (il a été relaxé de faits de favoritisme NDLR) et du passif de la réforme des retraites. Je pense qu'il va juste avoir un peu envie d'être tranquille", nuance un député qui l'apprécie.

Cure de silence pour Olivier Véran

Pour l'instant, celui qui est arrivé dans l'hémicycle dès 2007 a fermé la porte à cette possibilité. Dans les couloirs de l'Assemblée, c'est surtout le retour d'Olivier Véran et de Clément Beaune qui sont regardés avec curiosité.

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L'ex-porte-parole du gouvernement pourrait vraisemblablement se contenter d'un séjour express au Palais-Bourbon. Son nom circule avec insistance pour prendre la tête de liste Renaissance aux européennes.

Quant à Clément Beaune, exfiltré du gouvernement pour avoir dit son opposition à la loi immigration, nombreux sont ceux à croire qu'il n'a pas renoncé à ses ambitions pour la mairie de Paris.

Beaune, "à fond sur tous les sujets" parisiens

Là où Olivier Véran s'attelle à une cure de silence depuis son départ du gouvernement, l'ex-ministre des Transports a multiplié les déplacements ces derniers jours. Une visite aux Jeunes avec Macron, un déplacement dans sa circonscription à Paris, une tête passée au comité politique du comité Renaissance de la capitale...

Malgré sa relation distendue avec Emmanuel Macron, dont il a été un temps conseiller, Clément Beaune croit encore en sa bonne étoile.

"Concrètement, il va arrondir les angles avec tous les députés parisiens, être à fond sur les sujets liés de près ou de loin à la capitale. Il peut nous faire un peu suer quand même", résume un collaborateur parlementaire.

"Plus une force médiatique qu'un vrai poids"

Le député Ludovic Mendes nuance le constat.

"Ils vont plus avoir une force médiatique qu'un vrai poids à l'Assemblée nationale. Vous arrivez en milieu de mandature d'abord, ce qui n'est pas facile", remarque ce député issu du Parti socialiste.

"Et puis la digestion peut être un peu longue pour certains et l'atterrissage pas si évident, même si on garde des ambitions pour la suite", met-il en garde les nouveaux arrivants.

Un indice devrait donner le ton des prochaines semaines: leur présence et leur prise de parole au sein des réunions de groupe. Élisabeth Borne devrait s'y exprimer ce mardi matin.

Marie-Pierre Bourgeois