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"On a fermé les yeux": Ségolène Royal estime que la crise migratoire à Lampedusa était "prévisible"

L'ancienne candidate à la présidentielle a déploré un "sentiment de chaos" depuis l'arrivée il y a plusieurs jours de milliers de migrants sur l'île italienne de Lampedusa. Une "non-maîtrise des flux migratoires" qui aurait pu être "anticipée".

Un "drame" humain, mais "prévisible". Invitée de BFMTV ce mardi soir, Ségolène Royal a pointé du doigt la responsabilité des dirigeants européens concernant l'afflux migratoire important sur les côtes italiennes en provenance de Tunisie et de Libye.

Entre lundi et mercredi derniers, environ 8500 personnes, soit plus que l'ensemble de la population de l'île de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon l'agence des Nations unies pour les migrations.

"Ce sentiment de chaos, de non-maîtrise des flux migratoires, est vraiment incompréhensible. C'était quand même prévisible", a lancé l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007.

Déni et responsabilité

Selon Ségolène Royal, les dirigeants européens n'ont pas "anticipé" cette vague migratoire, en prenant les exemples précis de la Tunisie et de la Libye, proches de l'île italienne et devenues des centres névralgiques des "trafics d'armes et d'êtres humains".

"En Tunisie, voilà des mois que des reportages sont faits dans le désert en particulier avec les migrations subsahariennes (...) On a fermé les yeux et maintenant on s’étonne qu'ils arrivent", a-t-elle d'abord lancé sur notre antenne.
Crise migratoire : que se passe-t-il à Lampedusa ?
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4:12

Concernant la Libye, l'ancienne ministre n'a pas mâché ses mots contre les dirigeants à la tête d'États occidentaux depuis le début des années 2010: "Ceux qui ont bombardé la Libye et qui ont créé ce chaos, et qui n'ont aujourd'hui aucune explication à donner, doivent se rendre compte de la situation qui a été créée", en citant notamment Nicolas Sarkozy qui "a participé à l'assassinat de Kadhafi" (en 2011, NDLR).

Outre l'instabilité politique sur le continent africain, l'ancienne présidente de la COP21 a souligné l'intensification de la "désertification" en Afrique à cause du réchauffement climatique. D'après elle, les pays occidentaux n'ont pas entendu l'appel des pays africains pour un accès aux énergies renouvelables. "Le continent africain a tout. Il pourrait être l'Eldorado du présent et du futur."

Théo Putavy