BFMTV
Politique

Nouvelle doctrine de maintien de l'ordre: le gouvernement assume le risque accru de blessés

Le gouvernement assume le risque accru de blessés.

Le gouvernement assume le risque accru de blessés. - AFP

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé de nouvelles mesures de fermeté pour répondre aux violences qui se sont déroulées sur les Champs-Elysées. Plus de réactivité, plus de fermeté et plus de contact. Au risque de faire plus de blessés.

"C'est une réponse de fermeté qu'il faut leur apporter." 72 heures après les violences qui se sont produites sur les Champs-Elysées, le Premier ministre, sous le feu des critiques, affiche la méthode pour les samedis de mobilisation à venir. Plus de fermeté, plus de réactivité et plus de contact, cette doctrine a été revue en décembre dernier mais avait été délaissée, à en croire le gouvernement, qui a fait le ménage à la préfecture de police de Paris en limogeant le préfet, son directeur de cabinet mais aussi le patron de la Direction de la sécurité publique de l'agglomération parisienne. 

Face aux violences, pillages, mais également au profil des casseurs, l'exécutif sort les muscles. Tout en assumant la menace de faire plus de blessés. Samedi dernier, il y en a eu 42 côté manifestants. "Jusqu'à présent, nous avons voulu faire très attention et nous voulons toujours faire très attention aux débordements, aux accidents à la sécurité des personnes, mais nous constatons que le déchaînement de violence justifie une réponse ferme", a fait savoir Edouard Philippe lundi, reconnaissant sans détour qu'"il y a plus de risques" avec une stratégie policière qui prône plus de mobilité et plus de contact.

Interrogé ce mardi sur BFMTV et RMC sur l’usage de la force et le risque de blessures, Laurent Nuñez répond du tac au tac: "Bien sûr que je l’assume (…) j’ai toujours assumé les instructions que j’ai données (…) j’ai la faiblesse de croire que la grande majorité des Français nous demandent cette fermeté, et elle sera au rendez-vous", a auguré le secrétaire d’État auprès du ministre de l'Intérieur

Changement de doctrine

A Paris, depuis 1986 et la mort de Malik Oussekine, victime de violences policières, le maintien de l'ordre est basé sur le statique afin d'éviter au maximum les contacts entre manifestants et forces de l'ordre. Déjà en décembre, après les violences à l'Arc de Triomphe, l'exécutif avait réclamé plus de réactivité, de mobilité et de fermeté. Les mesures annoncées lundi par le Premier ministre - interdiction de manifester dans certains quartiers, hausse des contraventions, nouveaux outils de surveillance - feront d'ailleurs partie de la nouvelle doctrine, annoncée pour l'été prochain.

Cette nouvelle doctrine passe également par plus de contacts entre manifestants et forces de l'ordre en raison d'une volonté de disperser les attroupements au moment même de leur formation. Le principal but est d'éviter que des black blocs, du nom de ce mode opératoire qui consiste à s'infiltrer discrètement, se revêtir de noir et se masquer le visage, commettent des violences. Pour le dernier week-end, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, donne le chiffre de 1.500 militants ultra-violents, aux côtés de 8.500 violents.

"Samedi, il n'y avait plus de manifestants mais que des casseurs", a-t-il scandé lors de son audition au Sénat ce mardi.

"Graines d'assassin"

Au total, ce sont 27 commerces qui ont été pillés sur les Champs-Elysées et plus de 130 dégradés. Plusieurs feux ont dû être maîtrisés, dont l'incendie d'une banque avenue Roosevelt qui s'était propagé à un immeuble d'habitation, faisant 11 blessés légers. "Nous avons affaire à des graines d'assassin", martèle Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie, justifiant la fermeté apposée par le gouvernement et les risques encourus de "dommages collatéraux". "Quand on se mêle à un groupe armé, qu'on pille, qu'on casse, on s'expose à des coups de matraque, de grenade, poursuit-il. Sinon on respecte la loi."

Le ministre de l'Intérieur recevra jeudi l'ensemble des syndicats policiers pour discuter de ces mesures, bien accueillies par la formation. "Nous ne demandons pas plus de contact, nous demandons plus d'autonomie des commandements sur le terrain", nuance Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du syndicat SCSI, qui estime que cela permettrait aux hommes sur le terrain d'"être plus en réaction avec plus de discernement et de coordination" et faire un meilleur usage des policiers et gendarmes en fonction des situations. Le tout avec la volonté de prévenir et de faire face aux violences. Depuis le début du mouvement, 174 enquêtes sur des violences policières présumées ont été confiées à l'IGPN.

Justine Chevalier