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Société

Gilets jaunes: flambée des violences à Paris, légère hausse de la mobilisation

Plusieurs boutiques ont été saccagées et incendiées par des casseurs sur les Champs-Elysées, à Paris, samedi lors de la mobilisation des gilets jaunes. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 32.300 manifestants étaient mobilisés dans toute la France, soit un peu plus que la semaine dernière.

La date avait été cochée par les figures médiatiques des gilets jaunes. La manifestation de ce 16 mars devait être un nouvel épisode de mobilisation massive, quatre mois après le début du mouvement et au lendemain de la fin de la première partie du grand débat. Mais ce 18e samedi de manifestation a surtout été marquée par d'importantes violences à Paris, sur les Champs-Elysées.

Selon le décompte du ministère de l'Intérieur, régulièrement contesté par les gilets jaunes, 32.300 manifestants étaient mobilisés samedi dans toute la France, dont plusieurs dizaines de milliers à Paris. Une légère augmentation par rapport à la semaine dernière, où 28.600 manifestants avaient manifesté. Mais toujours très loin des 282.000 du 17 novembre lors de l'acte inaugural du mouvement.

Plusieurs magasins pillés et saccagés

L'avenue des Champs-Elysées a été saccagée samedi durant plusieurs heures. Dès midi, plusieurs barricades avaient été enflammées tandis que des groupes, scandant des slogans anticapitalistes et antipoliciers, s'attaquaient aux magasins (Hugo Boss, Lacoste, Nespresso...) et aux restaurants.

Sur les réseaux sociaux, un même objectif était affiché: "Faire le siège de l'Elysée". Pourtant, le président Emmanuel Macron n'était pas à Paris samedi mais parti se "ressourcer" à la montagne, dans les Hautes-Pyrénées, après un périple en Afrique. Il a finalement indiqué qu'il rentrerait plus tôt, "samedi soir".

Des manifestants, pour beaucoup vêtus de noir, capuche ou casque sur la tête, ont lancé pavés et pierres sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. Des casseurs également ont détruit des vitrines, notamment celle de la brasserie huppée le Fouquet's, et pillé des boutiques.

Un incendie dans un immeuble

En début d'après-midi, un incendie s'est déclaré dans un immeuble près des Champs-Elysées, faisant onze blessés légers. Une femme et son bébé "coincés au deuxième étage", ont été sauvés de cet incendie, parti d'une banque au rez-de-chaussée, ont indiqué les pompiers à l'Agence France-Presse (AFP).

Des feux ont également débuté devant les boutiques Longchamp et Foot Locker ainsi que le restaurant Léon de Bruxelles sur la plus grande avenue de Paris. L'auvent du restaurant Fouquet's a aussi été incendié.

Résultat, en début de soirée, 237 personnes avaient été interpellées, selon le dernier bilan de la préfecture de police à Paris un peu avant 20 heures, parmi lesquelles plusieurs dizaines d'entre elles placées en garde à vue.

Plusieurs blessés

Ces scènes d'émeutes urbaines n'avaient plus été vues depuis les mobilisations de début décembre, dont les images avaient fait le tour du monde. "Des professionnels de la casse et du désordre équipés et masqués ont infiltré les cortèges", a dénoncé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui a promis "la plus grande fermeté".

De son côté, le Premier ministre Edouard Philippe a jugé "inacceptables" les violences qui ont émaillé la journée, estimant que "ceux qui excusent ou qui encouragent" de tels actes s'en rendent "complices". "Comme une immense majorité de Français, je ressens aujourd'hui une très grande colère", a-t-il également twitté.

D'après la préfecture de police, 17 membres des forces de l'ordre ont été blessées ainsi qu'un pompier et 42 manifestants. L'un d'eux a notamment été blessé à l'oeil, victime d'un tir de flashball, selon des "street medics".

A la recherche d'un second souffle

Espérant un "regain de mobilisation", cette journée d'action avait été annoncée comme un cruciale après plusieurs semaines en demi-teinte. Eric Drouet, l'une des figures du mouvement, avait invité dans une vidéo les sympathisants à converger vers la capitale. "Après cette journée, en tout cas pour moi, ça sera fini les manifestations, ça sera de vraies actions pour la suite", avait indiqué le chauffeur routier de Seine-et-Marne.

Maxime Nicolle, une autre tête connue des "gilets jaunes", promettait une journée "mémorable", "un week-end parmi les plus importants depuis le début de cette mobilisation".

Benjamin Rieth avec AFP