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Bayrou et Borloo dans un même bateau

François Bayrou et Jean-Louis Borloo ont officialisé leur union mardi 5 novembre.

François Bayrou et Jean-Louis Borloo ont officialisé leur union mardi 5 novembre. - -

Les présidents de l'UDI et du MoDem ont scellé leur union sous la bannière de "l'Alternative", mardi soir lors d'une conférence de presse commune.

La salle de la Maison de la chimie à Paris était comble mardi soir, pour assister au mariage officiel de Jean-Louis Borloo et François Bayrou et de leurs formations politiques respectives, l'UDI et le MoDem. Devant un parterre composé de "poids lourds" des deux partis et de journalistes, les deux hommes ont présenté leur union, sous les applaudissements de leurs partisans. Une réunion "inédite", selon les deux ex-frères ennemis du centrisme. "Nous avons choisi de faire une oeuvre de construction en commençant par une réconciliation", explique François Bayrou.

Une union symbolisée par une charte, mise au point par les deux camps, qui résume en quatre pages les grands enjeux de "l'Alternative" - le nom de la formation, "trouvé par Marielle de Sarnez (MoDem)", précise François Bayrou à la tribune.

Ils y indiquent leur volonté d'apparaître comme l'alternative, au moment où "il y a urgence". "Cette charte est le fruit d'un diagnostic partagé: l'absence de cap du gouvernement appelle à une offre politique nouvelle", explique Jean-Louis Borloo. Europe, éducation, chômage... Une dizaine de thèmes y sont développés brièvement, "en attendant une réunion tous les mois" pour les développer – la première se tiendra le 20 novembre. Mais les deux centristes le disent haut et fort: sur les idées, ils se rejoignent. "Nous sommes d'indécrottables progressistes", sourit Jean-Louis Borloo, revendiquant "un optimisme" dont sont dépourvus "les conservateurs".

Une ligne de centre-droit

Les conservateurs sont pourtant bien présents dans cette union. La droite républicaine – celle qui ne fraie pas avec le FN - est ainsi désignée par la charte comme le partenaire politique "naturel" de l'alternative. Marielle de Sarnez confirme: "notre allié naturel, c'est la droite républicaine, à condition qu'elle respecte ses valeurs. Je pense par exemple à quelqu'un comme Alain Juppé". Le MoDem, présent dans l'équipe du maire de Bordeaux, lui a d'ailleurs déjà apporté son soutien pour 2014.

François Bayrou revient-il dans le giron du centre-droit, lui qui fut ministre UDF de l'Education sous Balladur? Pas si simple. A qui lui pose la question, François Bayrou renvoie sèchement à la charte – qui stipule que les alliances de l'Alternative peuvent aller "jusqu'aux écologistes". "La question de la ligne n'a rien de tabou, désamorce le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau. Le centre doit être déconnecté des logiques de parti. Mais il faut aussi pouvoir parler aux déçus de François Hollande". Un appel du pied vers la gauche? Jean-Louis Borloo, soucieux de ne pas donner dans la polémique, conclut: "on ne s'enferme pas dans un système étriqué". Quelques applaudissements fusent.

Objectif: les élections européennes

Les bases de cette union posées, reste désormais à préparer les futures échéances – les municipales, et juste après, les européennes. Le premier scrutin, local, présente de "nombreux cas particuliers" d'alliances – notamment du MoDem avec le PS, à Dijon par exemple. D'autres pourraient devenir les premiers points de friction entre le MoDem et l'UDI. "A l'UDI de Paris, on se demande tous pourquoi Marielle de Sarnez [candidate MoDem à la mairie de Paris] préfère négocier dans son coin avec NKM, plutôt que de s'allier avec nous", explique ainsi un jeune partisan de Jean-Louis Borloo.

Mais tous s'accordent à le dire, les municipales compteront finalement peu pour l'Alternative. "Ce sont avant tout des élections locales", rappelle Marc Fesneau. "On ne va pas en faire trop, ce serait passer à côté de notre sujet". Le vrai sujet? "Les européennes", affirme Marielle de Sarnez: "Des élections clé pour nous". "Ce sont elles qui vont nous permettre de faire émerger des talents, analyse Marc Fesneau. Maintenant, il faut qu'on fasse vite pour désigner nos têtes de listes, sinon on risque d'avoir assez vite un problème de calendrier."

Entrer dans le concret, les militants comme les cadres du parti n'attendent plus que cela, après plusieurs mois consacrés à théoriser une union peu évidente. Maintenant, on n'a pas le choix, il faut y aller", explique en souriant l'ancienne ministre des Sports, Chantal Jouanno. A la sortie de la conférence de presse, des jeunes militants centristes fument une dernière cigarette. Avant d'aller boire un verre, "parce qu'il faut bien fêter ça."

Ariane Kujawski