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François Baroin, le recours d'une droite recentrée?

François Baroin

François Baroin - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Classé parmi les principales figures à pouvoir prendre tôt ou tard le leadership à droite, le chiraquien se consacre en priorité à sa mairie de Troyes. Son profil consensuel, faute de nouvelle personnalité émergente, permettrait selon certains à LR de stabiliser le parti.

Grand parti d'opposition cherche rustine idéale. Prix à débattre. Ce prix, il dépendra de la stratégie que mettront en œuvre les Républicains pour préparer le terrain de la prochaine présidentielle. Quel calendrier pour l'élection de leur nouveau chef? Ce dernier sera-t-il contraint de renoncer à convoiter l'Élysée, afin qu'il se consacre entièrement à la reconstruction de la droite? Et, plus important, avec quelle ligne? 

La première de ces questions trouvera réponse dès la semaine prochaine, d'après les informations du Figaro. Les dates évoquées sont celles du 12 et du 19 octobre (premier et second tours). Étant donné la volonté des LR de se trouver un dirigeant qui ne sera pas candidat en 2022, plusieurs ténors semblent d'ores et déjà écarter l'hypothèse de solliciter le vote des militants. Parmi ceux-ci, il y a François Baroin, le président de l'Association des maires de France (AMF). 

Personnalité consensuelle

En retrait de la vie politique nationale depuis qu'il a conduit la difficile campagne des législatives de 2017, ce chiraquien historique fait partie des personnalités appréciées des sympathisants LR. Selon notre dernier sondage Elabe, publié ce mercredi, 27% d'entre eux considèrent qu'il fait partie des trois meilleurs leaders que compte la droite pour les prochaines échéances électorales. Le départ fracassant de Valérie Pécresse ce mercredi soir entre également en ligne de compte. 

Fin connaisseur de la droite et de son histoire tumultueuse, François Baroin arpente ses couloirs depuis l'époque du RPR. Fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac, le maire de Troyes a su également se faire apprécier par Nicolas Sarkozy et son entourage. Durant la présidentielle de 2017, il faisait partie des cadres à soutenir jusqu'au bout François Fillon, malgré la tournure calamiteuse que prenait sa campagne. Dans la foulée, il a accepté de prendre la place du mort pour des législatives mal emmanchées dès le départ pour la droite. 

"Il appartient incontestablement à la famille gaulliste, sa gestion de l'AMF est consensuelle, très UDF, et il a exercé des responsabilités à la fois partisanes et ministérielles", résume auprès de BFMTV.com le sénateur de la Meuse Gérard Longuet, qui le connaît bien. 

"Baroin, une chance pour notre famille"

Pour faire simple, François Baroin a l'avantage d'être bien identifié à droite, tout en ayant une sensibilité modérée. Cela colle avec la direction que veulent faire prendre à LR plusieurs de ses dirigeants après la débâcle des élections européennes. 

D'ici aux prochaines municipales, à l'occasion desquelles l'ex-ministre des Finances compte briguer un cinquième mandat, sa prise de recul restera de mise. Sauf surprise, comme l'affirme d'ailleurs L'Opinion, François Baroin ne sera pas le prochain président du parti. En tout cas, pas dans le calendrier qui découle des statuts actuels de LR.

Cet état des lieux n'a pas empêché Damien Abad, vice-président du parti, d'affirmer son soutien durant la réunion du groupe à l'Assemblée nationale mardi:

"Si on reporte (l'élection à la présidence du parti) au lendemain des municipales, il faut une bonne raison, c’est-à-dire que nous ayons un leader naturel prêt à y aller. François Baroin peut être celui-ci. S’il se dit prêt, ce sera une chance pour notre famille."

"Candidat possible pour 2022"

Trésorier du parti et député du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle est sur la même longueur d'ondes. "On est encore loin de 2022, mais François Baroin serait le mieux à même de préparer les échéances à venir, c'est certain", déclare-t-il à BFMTV.com.

"Il fait partie de nos rares personnalités consensuelles et aurait beaucoup de monde derrière lui, dont moi. Il fait partie des candidats possibles pour 2022", ajoute-t-il.

La jeune garde de LR se montre beaucoup moins enthousiaste. À commencer par Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais et initiateur du Comité de renouvellement au sein du parti:

"D'abord, il faut réfléchir. C'est en fonction des propositions qui émaneront du terrain qu'on déterminera la voie à prendre pour l'avenir. Le chef qui descend du ciel et qui abonde, par sa bonté céleste, la droite de ses idées follement novatrices, ça n'existe plus depuis le général de Gaulle. Il faut arrêter avec ça, il y en a marre."

"Trop modéré"

L'élu calaisien, très sévère à l'égard de la gestion de LR depuis 2017, estime que les choses fonctionnaient jadis "parce qu'il y avait Chirac et Sarkozy". "Ils étaient leaders naturels, donc il n'y avait pas de débat. Aujourd'hui il y a débat. Donc il n'y a pas d'urgence", conclut-il, tout en reconnaissant que François Baroin "est très populaire auprès des militants". 

"Évidemment qu'il sera central dans la reconstruction et la refondation de la droite", lâche enfin Pierre-Henri Dumont auprès de BFMTV.com. 

Un cadre du parti se dit moins convaincu par l'hypothèse. "Sa bonne cote, elle est due au fait qu'en politique, moins vous parlez, plus vous êtes populaire. Il a une image de jeune (alors qu'il ne l'est plus) et il est associé à aucun scandale", constate-t-il d'abord.

"Et puis sur le terrain, les gens lui reprochent d'être trop modéré. Pour une présidentielle, on ne peut pas faire une campagne à la Balladur. C'est un patricien, alors que nous sommes un parti de plébéiens."

Reste à savoir si, comme lors des dernières législatives, François Baroin sera à nouveau condamné à "donner son corps à la science de la droite", selon une formule d'un élu taquin. Une référence à la période très difficile que traverse LR. "J'aime beaucoup Baroin, c'est un esprit mesuré, cultivé, qui a des convictions. Mais je ne suis pas certain qu'il veuille reprendre du service dans ces conditions", glisse un sénateur LR. 

Jules Pecnard