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Déchéance de nationalité: déstabilisée, la droite réagit en ordre dispersé

Nicolas Sarkozy et Christian Jacob le 24 septembre à Reims.

Nicolas Sarkozy et Christian Jacob le 24 septembre à Reims. - François Nascimbeni - AFP

Alors que la majorité se déchire sur le projet de déchéance de nationalité pour les binationaux français, la droite, à l'origine favorable à la mesure, tergiverse.

En décidant d'inscrire la déchéance de la nationalité des binationaux dans la Constitution, François Hollande a fâché une partie de sa majorité. Parmi ses objectifs: prendre la droite de court. Du côté du parti Les Républicains, on s'élevait déjà contre l'abandon annoncé de cette mesure. Le revirement de François Hollande a surpris, et déstabilisé l'opposition. Difficile désormais de s'opposer à une mesure que l'on défendait quelques jours plus tôt.

Mais François Hollande n'est pas certain pour autant de voir la droite voter pour son projet. Si certains ont déjà annoncé qu'ils voteront le texte à condition de pouvoir l'amender, nombreux sont les cadres du parti qui ont préféré garder le silence.

Devedjian contre une "mesure inefficace"

D'autres disent même tout haut leur opposition à la mesure. C'est le cas par exemple de Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire ou encore d'Hervé Mariton: lundi matin sur France Inter, le député LR a dénoncé "une espèce de surenchère de mesure au nom de la sécurité", alors que "pour beaucoup d'entre elles je crains" qu'elles soient "inopérantes".

Même son de cloche chez Patrick Devedjian, qui y voit "une mesure totalement inefficace", "à la limite contre-productive" dans la lutte contre le terrorisme. Il fustige également une mesure "contraire à la déclaration des droits de l'Homme" et qui "correspond bien au discours du Front national".

A l'Assemblée, on est un peu gêné. Juste après le discours de François Hollande devant le congrès, le 16 novembre dernier, Christian Jacob avait pris la parole à son tour pour affirmer que "rien ne sembl(ait) justifier" une révision de la Constitution. Depuis, la réponse a changé: dimanche, sur Europe 1 le chef de file des députés LR a refusé de dire s'il voterait pour ou contre, même s'il s'est dit "d'accord sur le principe". 

"Au début de l'année, nous allons faire le point avec nos deux groupes de travail, à l'Assemblée et au Sénat, regarder comment les débats vont évoluer (…) C'est à l'arrivée que nous dirons si nous votons ou pas".

Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs et président de région en Pays-de-Loire, s'est lui dit pour, tout en avertissant qu'il ne voterait pas "les yeux fermés". Eric Ciotti, qui criait son refus de voter le projet, reconnaît désormais qu'un préalable "a été levé avec la déchéance de la nationalité. Mais il y a encore beaucoup d'autres points qui méritent discussion. C'est donc trop tôt pour dire si je voterai."

Le centre fera-t-il la différence?

Une ambiguïté que l'on retrouve chez les deux anciens Premiers ministres. Alain Juppé préfère garder le silence. Mais en janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, le maire de Bordeaux avait dit sur BFMTV que la déchéance de nationalité "ne ferait pas reculer les terroristes". Quant à Jean-Pierre Raffarin, il semble davantage botter en touche, estimant que le sujet "distrait le pays de l'essentiel: la lutte contre le chômage". Et évite ainsi de donner son avis.

Face à une droite divisée, le centre pourrait faire la différence. Si quelques opposants se sont déjà fait entendre, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a dit soutenir le projet de l'exécutif à condition que la peine d'indignité nationale soit inscrite elle aussi dans la Constitution – une demande partagée par une partie de la droite. Reste à voir si Manuel Valls est prêt à accéder à cette demande. En attendant, c'est donc sur le centre que pourraient se tourner les regards ces prochains jours.

A. K.