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Abandon de la déchéance de nationalité: une "faute" pour la droite

Eric Woerth rappelle que la droite avait "applaudi" la mesure proposée par François Hollande devant le congrès.

Eric Woerth rappelle que la droite avait "applaudi" la mesure proposée par François Hollande devant le congrès. - AFP

Christiane Taubira, la ministre de la Justice, a enterré l'extension de la déchéance de nationalité en cas de condamnation pour acte de terrorisme. Une partie de la gauche s'en félicite, à droite, cette décision fait grincer des dents.

Quelques jours après les attentats du 13 novembre, François Hollande avait insisté devant les parlementaires réunis en congrès sur la possibilité de pouvoir "déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme".

Un mois plus tard, c'est la ministre de la Justice, Christiane Taubira qui a enterré cette disposition dans un entretien à la radio algérienne. Cette mesure ne sera donc pas inscrite au projet de révision de la Constitution présenté mercredi en conseil des ministres.

"Soulagement" à gauche

Immédiatement, cette annonce a été suivie d'une avalanche de réactions politiques. Hollande a fini par entendre raison", s'est félicité sur BFMTV Eric Coquerel, le secrétaire national du Parti de gauche. Pour lui, la déchéance de nationalité des binationaux, empruntée à la droite, posait un problème d'efficacité mais surtout portait atteinte aux "principes même de la République".

Ce "soulagement" est partagé avec le fondateur du Parti de gauche et eurodéputé, Jean-Luc Mélenchon. "Cette mesure aurait été inefficace contre le terrorisme, précise-t-il sur son blog. Mais elle aurait créé une dangereuse inégalité entre Français." Toutefois, le recul du gouvernement n'est pas une victoire totale: "L’abandon de cette idée ne rend pas plus acceptable la 'constitutionnalisation' de l’état d’urgence proposée", poursuit l'ex-candidat à la présidence de la République.

Cet état d'esprit rejoint celui de l'aile gauche du Parti socialiste. "Le renoncement par François Hollande à inscrire la déchéance de la nationalité dans la Constitution est bienvenu, s'est ainsi félicité Pouria Amirshahi, député socialiste. J'appelle notre gouvernement à éviter une surenchère pénale."

Rompre l'unité nationale

Les réactions à droite sont bien différentes, elle qui s'était réjouit que le gouvernement reprenne leur idée. "La déchéance de nationalité pour les binationaux est une mesure forte que nous avions proposée il y a longtemps, rappelle Eric Woerth, le député LR. On avait applaudi quand le président de la République l'avait annoncée devant le congrès." Le secrétaire général des Républicains assure que "ce n'est pas un couac, c'est une faute fondamentale". Thierry Mariani, sur BFMTV, parle, lui aussi, de "reculade" et prévient: "il y a de nombreux combattants en Syrie qui attendent pour revenir".

"Si tel était le projet présenté demain, je ne vois pas comment les Républicains pourraient voter une telle réforme de la Constitution, qui ne serait qu'une coquille vide", a immédiatement réagi le numéro deux des Républicains, Laurent Wauquiez. Philippe Vigier, président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, va plus loin en accusant François Hollande d'avoir "pris la lourde responsabilité de briser l'union nationale pour préserver les intérêts de sa majorité". Il a promis que son groupe défendrait "cette proposition lors de l'examen de la future réforme constitutionnelle".

Bête noire de la droite, la personne de Christiane Taubira n'est pas épargnée par les critiques. Quand Eric Woerth parle de son "ego", le Front national l'attaque sur le fait de s'être exprimée depuis un pays étranger. "Le peule français est méprisé", scande-t-il. 

Justine chevalier avec AFP