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Déchéance de nationalité: Hollande et Valls isolés à gauche

François Hollande et Manuel Valls peinent à trouver des soutiens au sein de leur propre majorité.

François Hollande et Manuel Valls peinent à trouver des soutiens au sein de leur propre majorité. - Miguel Medina - AFP

Au sein de la majorité, de nombreuses voix s'élèvent contre l'extension de la déchéance de nationalité aux Français binationaux. François Hollande et Manuel Valls, eux, tentent d'imposer leur autorité à gauche.

Depuis l'annonce du maintien de la déchéance de nationalité pour les français binationaux dans le projet de réforme constitutionnelle, de nombreux membres de la majorité se sont succédé pour affirmer leur opposition à cette mesure. A l'inverse, peu de voix se font entendre à gauche pour soutenir la démarche du président de la République.

Mesure symbolique, mais inefficace

Principale critique formulée par les détracteurs de la déchéance de nationalité en cas de condamnation pour terrorisme: cette mesure serait inefficace contre des individus prêts à tout pour frapper le pays. "J'ai voté l'état d'urgence pour protéger les Français, mais la déchéance de nationalité n'empêchera aucun Français assez fou pour massacrer d'autres Français", insiste ainsi l'ancien ministre de l'Éducation Benoît Hamon sur BFMTV.

"Pour lutter contre le terrorisme djihadiste, il faut des éléments concrets, il faut donner des forces à la police, à la justice, au renseignement. Il faut une autre politique extérieure", renchérit Éric Coquerel, toujours sur BFMTV. "En choisissant la mesure la plus extrême, François Hollande ne renie pas les valeurs de la gauche", se désole le secrétaire national du Parti de Gauche. "Ça, ça fait longtemps, malheureusement, qu'il le fait. Mais ce sont les principes républicains qu'il renie."

Même l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a critiqué la décision, par le biais d'un message sur Twitter.


L'exécutif a pourtant tenté de mettre l'accent sur la portée symbolique de la déchéance de nationalité. Le 18 décembre, le Premier ministre reconnaissait ainsi que la mesure avait "un caractère symbolique évident", rappelant qu’il ne s’agissait pas d’une "arme pour lutter contre le terrorisme".

Pression sur le Parlement

Afin d'obtenir la majorité des trois cinquièmes au Parlement, nécessaires à l'adoption de la réforme constitutionnelle, les leaders du Parti socialiste font donc pression sur les élus, alors que le député PS Bernard Roman confiait à L'Obs dans son édition du 23 décembre que "près de 80% des députés socialiste sont contre, ainsi que tous les commissaires aux lois PS."

Le groupe PS à l'Assemblée nationale a ainsi envoyé à ses députés un "Argumentaire déchéance de nationalité", relayé par le Lab, afin de dérouler les arguments en faveur de cette mesure. Avec une consigne évidente : dans le contexte d'état d'urgence actuel, il est temps d'oublier les critiques et de faire front commun. Un message que réitère Manuel Valls dans le Journal du Dimanche, en affirmant qu'une "partie de la gauche s'égare au nom des grandes valeurs".

Ce n'est donc pas par hasard qu'au delà de François Hollande et de son Premier ministre, il n'y a que Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, pour défendre la déchéance de nationalité. "Il y a une décharge émotionnelle très puissante notamment à gauche autour de tout ça. Mais à mon sens, cette loi et cette proposition de réforme de la constitution ne heurtent en rien nos valeurs essentielles", confiait-il ainsi jeudi sur RMC et BFMTV.

Hélène Millard