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"Le gouvernement temporise": la décision de ne pas reconfiner, "un pari risqué"

Le gouvernement se donne une dernière chance afin d'éviter un nouveau confinement. Une décision politique jugée très risquée, alors que la propagation du virus ne faiblit pas.

Désireux de se "donner une chance" avant un éventuel reconfinement, Jean Castex a annoncé ce vendredi soir un panel de nouvelles restrictions pour lutter contre le Covid-19. Mais à la surprise générale, un troisième confinement est pour l'heure écarté par le gouvernement, même s'il a prévenu que les prochains jours seraient déterminants avant d'éventuelles mesures plus strictes.

"Le gouvernement se donne une forme de sursis en espérant que la situation ne se dégrade pas plus", analyse vendredi soir sur notre plateau l'éditorialiste Bruno Jeudy.
"Cette intervention de Jean Castex était très surprenante. C'était une non-intervention", pour Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique sur BFMTV. "Cela fait une semaine qu'on nous répète que l'heure est grave, que des mots très forts sont prononcés. Et au résultat: rien".

"Pour annoncer une non-décision, c'est Jean Castex qui est envoyé au front. Mais tout le monde comprend bien que c'est une forme de sursis. C'est une temporisation et on peut saluer le retour du politique sur le scientifique", poursuit-il.

"C'est un pari assez risqué"

Décider de ne pas reconfiner tout de suite, "c'est un arbitrage politique, alors que la tendance ces derniers temps pour les experts tendait plutôt pour un confinement rapide et asser ferme pour freiner la circulation virale". En effet quelques minutes avant l'intervention du Premier ministre, l'ancien Directeur de la Santé William Dab avait appelé sur BFMTV à "taper vite et fort" pour freiner l'épidémie.

"C'est un pari sanitaire assez risqué et je ne suis pas certain que cela puisse suffire", a donc réagi sur notre antenne le professeur Christophe Rapp, infectiologue à l'hôpital américain de Paris et consultant santé de BFMTV. "Mais on a compris que c'était pour limiter la casse économique".

Ce qui a été annoncé "n'est pas très précis", a aussi regretté l'infectiologue. "Parle-t-il de deux jours? Sept jours? Trois semaines? Nous, la situation à l'hôpital est que les malades sont de nouveau très nombreux. Si le variant diffuse, on s'attend tout de même à une courbe exponentielle au mois de mars et les courbes n'ont pas montré que le couvre-feu avait une grande efficacité. Je trouve que c'est un pari assez risqué".

Dans l'opposition politique, la décision a immédiatement été jugée trop faible après ces longs jours de tergiversations et de consultations. Avec près de 23.000 nouvelles contaminations et un niveau élevé d'entrées à l'hôpital et en réanimation, la pression face au Covid-19 reste forte sur le territoire français.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV