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"N'ayons pas la droite honteuse": ces anciens LR devenus macronistes qui veulent peser à l'Assemblée

Le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale pendant la débat sur la réforme des retraites le 17 février 2023

Le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale pendant la débat sur la réforme des retraites le 17 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

Une quinzaine de parlementaires Renaissance se réunissent régulièrement pour tenter de faire avancer les questions régaliennes à l'Assemblée nationale. Issus pour leur immense majorité des bancs de la droite, ils recevront prochainement Nicolas Sarkozy.

S'organiser pour peser. Une vingtaine de députés macronistes ont pris l'habitude de se réunir autour de petits-déjeuners et s'offrent même le luxe de recevoir prochainement Nicolas Sarkozy, d'après des informations de L'Opinion, confirmées par BFMTV.com. Avec l'espoir d'influer sur l'avenir du quinquennat d'Emmanuel Macron.

"Après les législatives, on s'est vite dit qu'il fallait qu'on se retrouve entre élus un peu anciens mais aussi chercher des nouveaux députés qui partagent notre sensibilité", résume l'une des têtes pensantes du groupe, Constance Le Grip.

Si les territoires et les parcours des élus sont très variés, on retrouve une quasi-constante: celle d'un engagement à droite. Parmi les membres de ce groupe, on compte ainsi Robin Reda, un ancien très proche de Valérie Pécresse, Éric Woerth, ex-ministre du budget de François Fillon ou encore Laure Miller, un temps adjointe au maire LR de Reims, Marie Guévenoux, un soutien d'Alain Juppé et Charles Rodwell, ancien conseiller de Bruno Le Maire à Bercy.

Très concrètement, ces parlementaires qui se voient à échelon régulier veulent désormais plancher sur des initiatives internes, de propositions de loi à de futures tribunes dans la presse.

"Notre but est de peser sur les sujets régaliens comme la police, l'immigration ou encore le travail. On assume de se dire que la majorité a besoin de se muscler sur son aile droite. On a un quinquennat qui piétine un peu, on veut lui mettre un coup de boost", assume un autre membre de l'écurie.

Attal autour de la table

Emmanuel Macron peine à se relancer depuis la promulgation express de la réforme des retraites. Ni la feuille de route dévoilée par Élisabeth Borne ni le cap des "100 jours" fixé par l'Élysée n'ont vraiment rassuré.

De quoi pousser ce petit groupe à faire partager leurs réflexions à des ministres pour relancer l'action gouvernementale. Les députés se sont ainsi attablés à la questure avec Gabriel Attal, le ministre délégué au Budget en avril dernier.

"C'est l'une des meilleures adresses de la République mais on a surtout parlé immigration et avenir des classes moyennes", sourit l'un d'entre eux.

Nicolas Sarkozy viendra également déjeuner avec eux dans les prochaines semaines pour échanger sur l'atmosphère politique et alors que la droite à l'Assemblée nationale s'est profondément divisée sur la réforme des retraites.

Sarkozy bientôt au menu

L'invitation n'est pas vraiment surprenante. Le président apprécie échanger avec son prédécesseur. L'ex-locataire de l'Élysée avait même un temps tablé sur un accord entre des députés LR et la majorité, sans jamais aboutir.

"Il est lui-même assez demandeur de contacts avec des députés qu'il ne connaît pas toujours bien et curieux de voir comment fonctionne la majorité. Il est en plutôt en position de nous aider", juge encore Éric Woerth.

La méthode choisie par ce rassemblement de parlementaires semble manifestement fonctionné. "On a beaucoup œuvré pour que le projet de loi immigration ne soit pas reportée aux calendes grecques", se félicite Constance Le Grip.

L'aile gauche, "pas la seule jambe de la majorité"

Le texte a ainsi fait son retour sur le bureau d'Élisabeth Borne ce mardi, après l'avoir mis remisé en bas de la pile il y a peine 2 semaines.

"On a beaucoup entendu la gauche de la macronie pendant la réforme des retraites traîner des pieds pour voter le texte. On ne peut pas laisser croire que ça représente la seule jambe de la majorité. Donc on monte au créneau, on défend nos sujets. N'ayons pas la droite honteuse", avance encore l'une de ses membres.

De quoi y voir une écurie possible pour des futurs candidats à la présidentielle dans le camp macroniste comme les anciens LR Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin?

"Personne chez nous n'est dans l'après-Macron. On se dit que la meilleure façon de gagner en 2027 sera d'avoir réussi le second quinquennat du président", avance Éric Woerth. Pour l'instant.

Marie-Pierre Bourgeois