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"Socialement vôtre": ces députés macronistes qui veulent infléchir la réforme des retraites

Les questions au gouvernement le 17 janvier 2023 à Paris

Les questions au gouvernement le 17 janvier 2023 à Paris - Thomas SAMSON / AFP

25 élus Renaissance s'organisent dans une boucle Whatsapp pour modifier le projet de loi. Souvent venus des bancs socialistes, ils assument être "le petit caillou dans la chaussure de la majorité". Avec un objectif: ne plus être des "députés Playmobil" et parvenir à rendre "plus juste" le recul de l'âge de départ à la retraite.

S'organiser pour mieux peser. Des députés de la majorité présidentielle ont fait chauffer ces derniers jours une boucle Whatsapp pour tenter de modifier le projet de réforme des retraites qui arrivera lundi prochain dans l'hémicycle. Son nom résume leur ambition: "Socialement vôtre".

"Nous sommes le petit caillou dans la chaussure de la majorité. On est là pour améliorer le texte et le rendre plus juste", résume à grand trait l'une de ses membres auprès de BFMTV.com.

Influencer une majorité plus que jamais à droite

Parmi les 25 députés qui composent ce groupe, on trouve beaucoup d'anciens socialistes, des proches de l'ancienne ministre Barbara Pompili ou encore d'anciens membres de Jeunes avec Macron comme Ludovic Mendes. C'est lui qui a lancé cette boucle, née à l'occasion des débats budgétaires à l'automne dernier.

"Je me suis dit qu'il fallait qu'on permette à des collègues qui venaient d'être élus d'échanger et qui ne savaient pas forcement vers qui se tourner pour défendre leurs idées", explique cet ancien cadre du parti socialiste.

Avec un impératif: peser sur les débats au sein d'une majorité dont le barycentre s'est fortement déporté vers la droite depuis les dernières législatives. Les députés qui ont perdu en juin étaient souvent issus de circonscriptions plutôt à gauche comme Sonia Krimi ou Brigitte Bourguignon.

"Mettre un coup de barre à gauche"

De nouveaux parlementaires ont, eux, souvent gagné dans des territoires plutôt étiquetés LR, à commencer par les deux porte-paroles du groupe, Maud Bregeon et Prisca Thévenot, élues dans les Hauts-de-Seine.

"Si on veut mettre un coup de barre à gauche et on en a bien besoin, on se devait de s'organiser. Il y a un enjeu à rééquilibrer le discours", avance l'une des députés "socialement vôtre".

Pour tenter d'influencer le texte, ces élus ont déposé plusieurs amendements qui cherchent à identifier "des manques, des trous dans la raquette", d'après l'un d'entre eux.

Des amendements qui "ouvrent les vannes"

Au menu: des amendements relativement consensuels comme la possibilité d'élargir les conditions de rachat de trimestres, de stage ou d'études ou encore la possibilité de réduire de 6 mois le délai minimum avant de reprendre une activité chez un ancien employeur.

Mais d'autres pourraient faire grincer des dents dans les rangs de la majorité comme la possibilité d'accorder "des trimestres supplémentaires" aux femmes qui ont des enfants. L'un de leurs amendements vise encore à revenir sur le cas des personnes qui ont commencé à travailler entre 16 et 20 ans et qui pour certaines d'entre elles vont devoir cotiser 44 ans et non 43 ans comme le reste des salariés.

"Les améliorations, oui, mais prenons garde à toutes les mesures compensatoires qui pourraient amenuiser les effets financiers de la réforme", répond le député Robin Reda qui défend bec et ongles la version actuelle de la réforme.

Dans les rangs de la macronie, on n'a d'ailleurs guère apprécié que les dissensions au sein de la majorité s'étalent au grand jour, à l'instar des propos de Barbara Pompili, ex-ministre macroniste.

"On ne peut pas faire une réforme contre la population", avait ainsi avancé la députée de la Somme sur BFMTV le 25 janvier dernier, expliquant ne pas pouvoir voter la réforme "à ce stade".

Pas dans "la fronde"

Une quinzaine de députés Renaissance refusent pour l'instant de voter en faveur de la réforme des retraites. De quoi donner un air de fronde comme à l'époque de François Hollande. Entre 2012 et 2017, pas moins d'une quarantaine de députés socialistes, surnommés les frondeurs, s'étaient opposés régulièrement à la politique menée par le président de la République.

Élisabeth Borne a d'ailleurs cherché à fermer le ban aux critiques lors de la réunion de groupe des députés Renaissance, assurant ne pas "douter une seconde que la majorité soit unie" sur le recul de l'âge de départ à la retraite.

"Nous ne sommes ni dans la fronde ni dans le combat. Nous sommes tout simplement porteurs de combats et de gens qui ne sont pas assez représentés", assure le député Ludovic Mendes.

"Pas des députés Playmobil"

Il faut dire que les circonstances sont également très différentes entre le quinquennat Hollande et le second mandat d'Emmanuel Macron. Pas un seul des députés membres de cette boucle ne cherche à faire tomber le gouvernement comme cela était le cas d'une partie des frondeurs socialistes.

"On n'est pas des députés Playmobil. On fait tout simplement notre travail en se posant des questions", se justifie encore l'une des députés membres de cette boucle Whatsapp.

Depuis le début de la législature, seuls deux députés macronistes ont exprimé un vote "contre" ou une abstention.

Marie-Pierre Bourgeois