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"Cette jeune fille, c'était moi": une députée émue lit une lettre à l'Assemblée destinée à sa harceleuse

La députée Renaissance Virginie Lanlo a pris la parole ce mardi dans l'hémicycle pour lire une lettre qu'elle a récemment envoyée à son ancienne harceleuse. Elle en a profité pour demander au ministre de l'Éducation nationale des mesures concrètes contre ce "drame intime" qui tue.

Une prise de parole très personnelle. Lors des questions au gouvernement ce mardi à l'Assemblée nationale, la députée Renaissance Virginie Lanlo a lu un texte très personnel sur le harcèlement à l'école, quelques semaines après la mort du jeune Nicolas à Poissy, lui-même victime de ce "fléau qui tue", selon Gabriel Attal.

Face à ses collègues députés, l'élue des Hauts-de-Seine a souhaité "lire le message qu'une jeune fille devenue femme a récemment envoyé à son ancienne camarade", avant de dévoiler qu'il s'agissait de son propre cas.

"Il y a des années de cela, j'ai subi de ta part harcèlement, humiliations et attouchements. Ces agissements ont bousillé ma vie d'enfant et d'adolescente. J'ai pu me reconstruire et construire une famille formidable. Mais jamais je n'oublierai ces heures de souffrance et de détresse", a-t-elle lancé dans l'hémicycle.

Elle a ajouté: "J'ai pensé à une période dénoncer ces agissements. Cela fait maintenant plus de 40 ans. C'est loin mais indélébile. Cette jeune fille, c'était moi et je ne crois pas être la seule sur ces bancs à avoir été victime de harcèlement."

L'importance d'"être entendu"

Visiblement très émue, Virginie Lanlo a poursuivi son intervention en dénonçant "un drame intime, tu, enfoui parfois toute une vie".

"J'aurais voulu lire enfin les mots de tous ceux qui se sont donné la mort qui, avant de parler, ont dû crier dans leur tête mais le silence les a emportés. Il n'est rien de pire que de ne pas parler sauf peut-être de parler et de ne pas être entendu", a-t-elle encore souligné.

Cette dernière phrase lui a permis de pointer du doigt certains manquements et demander au ministre de l'Éducation nationale des mesures concrètes. Ces derniers jours, le rectorat de Versailles est au centre de plusieurs polémiques. Il avait notamment envoyé un courrier au ton menaçant aux parents de Nicolas qui déploraient le harcèlement que subissait leur fils.

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Au cours de la dernière année scolaire 2022-2023, 120 courriers de ce type ont été adressés à des parents d'élèves, dont 55 "semblent poser question", a détaillé lundi Gabriel Attal.

Le ministre, qui avait fait du harcèlement scolaire sa "priorité absolue" dès sa prise de fonction, a d'abord répondu à Viriginie Lanlo en citant le nom d'une dizaine d'enfants s'étant donné la mort après du harcèlement ou du cyberharcèlement, dont la jeune Lindsay qui s'était suicidée en mai dans le Pas-de-Calais.

"Je ne reculerai devant rien", a ensuite clamé Gabriel Attal. Il a rappelé que, cet été, "des sanctions à l'endroit des harceleurs" avaient été prises, comme le fait de changer d'établissement. Enfin, le jeune ministre a mentionné le plan interministériel de lutte contre le harcèlement que présentera mercredi la Première ministre Élisabeth Borne.

Deux numéros verts dédiés au harcèlement

Si un élève est victime de harcèlement scolaire, lui ou ses proches peuvent contacter le 3020, le numéro national de référence. La personne ou ses proches peuvent contacter gratuitement ce numéro d'écoute et de prise en charge de 9h00 à 20h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi.

En cas de cyberharcèlement, vous pouvez composer le 3018. Ce numéro est joignable tous les jours de 9h00 à 23h00.

Théo Putavy