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Gouvernement

Harcèlement: Gabriel Attal affirme que 55 courriers du rectorat de Versailles "semblent poser question"

En déplacement au rectorat de Versailles, mis en cause dans sa gestion du harcèlement d'un lycéen qui s'est suicidé, le ministre de l'Éducation nationale a assuré que chaque famille concernée "sera contactée individuellement pour un échange".

À deux jours de la présentation du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, Gabriel Attal était ce lundi en déplacement au rectorat de Versailles, pointé du doigt pour plusieurs manquements. Le ministre de l'Éducation nationale a affirmé vouloir "faire la transparence".

Il a expliqué que durant l'année scolaire 2022-2023, 120 courriers de réprobation ont été adressés à des familles dans cette académie, dont "55 semblent poser questions". "Il y a eu une erreur, une faute, car ce courrier était adressé à des familles qui n'auraient pas dû le recevoir", a expliqué le locataire de la rue de Grenelle à la sortie de ces échanges.

"Ce n'est pas acceptable", a-t-il ajouté.

Chaque famille "contactée individuellement"

Ce lundi, le ministre de l'Éducation nationale a précisé que ces courriers de réprobation ont initialement vocation à être envoyés aux personnes "lorsque qu'il y a des menaces, parfois sur l'intégrité physique, d'agents de l'Éducation nationale".

Dans ces cas-là, "évidemment que l'institution a vocation à se tenir à leur côté et à le faire savoir", précise Gabriel Attal.

Toutefois, de tels courriers ont été envoyés à des familles qui avaient relayé des situations de harcèlement scolaire ou même d'agression sexuelle. "Il n'est pas acceptable que cette lettre, avec sa fermeté, ait été adressée à ces familles", a déploré le ministre.

Il a également assuré que chaque famille concernée "sera contactée individuellement pour un échange ici au rectorat".

"Plus de moyens"

À Versailles, les services de la plus grosse académie de France et l'ancienne rectrice, Charline Avenel, sont sous le feu des critiques après le suicide d'un adolescent de 15 ans à Poissy, harcelé par des élèves.

La révélation d'un courrier envoyé l'année dernière par le rectorat, où celui-ci tançait les parents de l'adolescent accusés de ne pas avoir une "attitude constructive et respectueuse" et brandissant même la menace de poursuites pénales, a suscité une vague d'indignation.

Ce courrier est une "honte", avait jugé dans la foulée Gabriel Attal. De quoi le pousser à lancer un audit sur la gestion des cas de harcèlement au cours de la dernière année scolaire dans chaque académie, appelant à "un électrochoc" de l'administration.

"Des situations de harcèlement aussi dramatiques, ça ne se gère pas avec des courriers mais avec de l'humanité", a ajouté ce lundi Gabriel Attal, promettant "plus de moyens", notamment avec du personnel dédié à la gestion des cas de harcèlement dans les académies.

Des excuses de la part de l'ancienne rectrice de Versailles

Dans une interview au Parisien ce dimanche, l'ancienne rectrice de Versailles, Charline Avenel, désormais à la tête d'un groupe privé d'enseignement, a assuré qu'elle n'avait "pas eu connaissance" du courrier adressé aux parents de Nicolas.

Tout en semblant renvoyer la responsabilité aux services juridiques de l'académie, cette énarque camarade de promotion d'Emmanuel Macron a présenté "des excuses aux parents de Nicolas" en son nom et au nom de l'institution.

Vendredi, les termes d'un autre courrier du rectorat de Versailles, adressé en mai à une famille qui se plaignait d'attouchements sexuels sur leur fille, ont également été condamnés par le ministre Gabriel Attal.

Parmi les annonces qui devraient être faites ce mercredi dans la lutte contre le harcèlement scolaire, on devrait trouver la confiscation systématique du téléphone de l'élève auteur de cyberharcèlement.

L'interdiction des réseaux sociaux aux mineurs mis en cause devrait également être déployée, tout en laissant dubitatifs les professionnels du secteur.

Marie-Pierre Bourgeois et Salomé Robles