BFMTV
La France Insoumise

"Renoncez à vos vacances à Courchevel": les députés LFI veulent prolonger les débats sur les retraites

Le député François Ruffin à l'Assemblée nationale, le 14 février 2023.

Le député François Ruffin à l'Assemblée nationale, le 14 février 2023. - Ludovic MARIN / AFP

Après deux semaines de discussions, les débats sur le projet de réforme des retraites entrent dans leur dernière journée. Insoumis et majorité s'accusent mutuellement d'empêcher les débats sur l'article sur le report de l'âge légal de départ à la retraite.

Les Insoumis veulent prolonger les débats. Les députés de La France insoumise appellent avec virulence ce vendredi la majorité à prolonger les débats en cours à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites. Ils disent notamment vouloir discuter de l'article 7 du projet prévoyant le report de l'âge légal de départ à la retraite.

"Renoncez à vos vacances à Courchevel", lance le député de l'Essonne Antoine Léaument.

L'article 7 du projet de loi sur la réforme des retraites prévoit de reporter le départ de l'âge légal à la retraite de 62 à 64 ans et cristallise l'opposition d'une majorité de Français à la réforme. Les débats sur ce projet de réforme doivent s'achever ce vendredi soir à minuit, avec l'activation par l'exécutif de l'article 47.1 permettant de limiter à 50 jours l'examen d'un texte au Parlement.

LFI accuse la majorité de profiter d'un "droit à la paresse"

"Vous prônez la valeur travail mais pour vous maintenant c'est le droit à la paresse, parce que vous fermez ce week-end, vous êtes pressés de partir dans vos résidences", tance le député de la Somme François Ruffin, adoptant la même rhétorique que son collègue.

"Vous collez deux ans fermes aux Français et demain vous serez dans les avions pour rejoindre vos chalets", clame-t-il encore.

Ces accusations sont rejetées en bloc par la présidente de l'Assemblée nationale. "Je précise que le calendrier de la session parlementaire est fixé annuellement, qu'il existe des périodes de suspension qui ne sont pas des périodes de vacances", répond dans l'hémicycle Yaël Braun-Pivet à François Ruffin.

"Nous travaillons dans nos circonscriptions. Il serait vraiment vain de laisser penser le contraire", assure-t-elle.

L'article 7 en ligne de mire

Les Insoumis assurent vouloir aborder plusieurs points faisant débat au sein du projet de loi, dont l'article 7. "Il est sans doute nécessaire de plaider à nouveau pour une ouverture plus longue de séances puisqu'il faut parler de fonds de pension, plan d'épargne-retraite, actionnaires, dividendes, inégalités, des femmes, des carrières longues", appelle le député de Haute-Garonne Hadrien Clouet.

"On ne comprend toujours pas dans quelle direction vous voulez aller", déplore-t-il encore.

Des milliers d'amendements déposés à gauche

Pourtant, la perspective de pouvoir assister à ces échanges apparaît de plus en plus faible. Chaque camp se renvoie la responsabilité de ces débats sans cesse repoussés pendant ces deux semaines de débats houleux.

D'un côté, les Insoumis reprochent à la majorité d'avoir eu recours à l'article 47.1 et de limiter ainsi la durée des débats, tandis que de l'autre la majorité implore LFI de retirer les milliers d'amendements qu'elle a déposés et qui ralentissent les discussions.

"J'ai bien compris que le guide suprême vous a interdit [d'aller à l'article 7]", tacle le député MoDem Philippe Vigier en référence à Jean-Luc Mélenchon, tandis que le député des Hautes-Pyrénées Benoît Mournet accuse les Insoumis de pratiquer un "blocage antiparlementaire".

La question de maintenir ou non ces amendements fait débat au sein de la Nupes. Les députés communistes ont retiré jeudi les 350 amendements qu'ils avaient déposés, suivis par les écologistes et les socialistes, une décision jugée "incompréhensible" par le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a appelé à ne pas se "précipiter" vers l'article 7.

Ce vendredi en milieu d'après-midi, plus de 1300 amendements doivent encore être étudiés à l'Assemblée nationale avant que les députés puissent aborder l'article 7.

Juliette Desmonceaux