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La France Insoumise

"Inquiétant": la gauche en colère après la fin de l'agrément de l'association anticorruption Anticor

Tribunal (illustration)

Tribunal (illustration) - AFP

L'association de lutte contre la corruption a vu son agrément annulée par le tribunal administratif. La nouvelle qui limite sa capacité à se pourvoir en justice ulcère la gauche, moins de 48 heures après la dissolution des Soulèvements de la Terre mercredi.

Une décision qui ne passe pas sur les bancs de la gauche. Le tribunal administratif a décidé d'annuler l'agrément judiciaire de l'association de lutte contre la corruption Anticor ce vendredi, rendant quasiment impossible sa capacité à se pourvoir en justice dans des affaires qui touchent le personnel politique.

"Après les menaces sur les subventions de la Ligue des droits de l'homme, la dissolution des Soulèvements de la Terre, c'est Anticor qui perd aujourd'hui son agrément dans une nouvelle attaque contre les libertés associatives", s'émeut la patronne des députés LFI Mathilde Panot.

"Des impacts très négatifs" sur de futures affaires de corruption

"La corruption a encore de beaux jours devant elle en macronie", regrette encore l'élue du Val-de-Marne.

Même son de cloche du côté de Clémentine Autain qui dénonce "chaque jour", "une attaque des principaux fondamentaux de la démocratie". "Le chemin tracé est dangereux", s'alarme la parlementaire LFI.

La décision de justice fait craindre aux dirigeants d'Anticor "des impacts très négatifs" sur plusieurs affaires judiciaires en cours. C'est cet agrément judiciaire, désormais retirée, qui permet de se constituer partie civile et entraîner l'ouverture d'une information judiciaire.

Une décision qui arrive après les Soulèvements de la Terre et la LDH

Ce statut permet également d'accéder au dossier judiciaire dans le cadre d'une procédure déjà ouverte pour corruption et permet de transmettre de nouveaux documents. L'association s'était fait connaître du grand public à la fin des années 2010 dans le cadre du procès contre Jacques Chirac, accusé d'avoir été à la tête d'un système d'emplois fictifs à la ville de Paris.

L'annulation de l'agrément d'Anticor arrive également dans un contexte très particulier: celui de la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre mercredi en Conseil des ministres.

C'est la première fois de l'histoire de la 5ème République qu'une organisation écologiste est dissoute, au grand dam de la gauche, soutenue par la venue de Greta Thunberg, l'une des figures de la lutte contre le réchauffement climatique, à Paris. En avril dernier, c'était la Ligue des droits de l'homme qui était dans le viseur de Gérald Darmanin qui appelait à "regarder" les subventions versées par l'État.

"Besoin de contrepouvoirs"

Le retrait de l'agrément d'Anticor n'est d'ailleurs pas vraiment une surprise. "Je peux détruire n'importe qui avec une question d'exemplarité. Anticor, ils ne font que ça. Et les procédures, ils les font durer, ils les font durer. Et même si les gens à la fin ne sont pas condamnés, vous les foutez en l'air", s'était ainsi agacé Emmanuel Macron en mars dernier au micro de Complément d'enquête sur France 2.

Deux dissidents de l'assooation avaient également saisi la justice administrative en juin 2021, jugeant que la procédure de renouvellement de l'association avait été irrégulière et que les conditions exigées par l'agrément nétait pas rempli.

Boris Vallaud, le président des députés socialistes a dénoncé de son côté une décision "inquiétante" et appelé "au besoin de contrepouvoirs".

Une nouvelle demande d'agrément

Le diagnostic est partagé par l'insoumis François Ruffin qui observe que "quelque chose se passe en macronie, qui rime de moins en moins avec démocratie".

L'association va tenir en fin de journée une conférence de presse avec des élus de la Nupes et compte bien demander une nouvelle demande d'agrément.

L'association est actuellement partie civile dans le cadre de l'affaire de l'ex maire de Toulon Hubert Falco, accusé de recel de détournement de fonds publics, dans l'affaire Platini sur les conditions d'attribution de la coupe du monde de football au Qatar ou encore contre l'ex chargé de mission à l'Élysée Alexandre Benalla.

Marie-Pierre Bourgeois