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La France Insoumise

Hausse du déficit: la gauche pointe "un désaveu cinglant", la droite une situation "catastrophique"

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire le 4 octobre 2023

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire le 4 octobre 2023 - Bertrand GUAY

La gauche et la droite ont multiplié les critiques à l'égard de l'exécutif, alors que le déficit public de la France grimpe à 5,5% du PIB en 2023, bien au-delà de ce qui était prévu par le gouvernement (4,9%).

Les oppositions étaient déjà prêtes à dégainer. Une fois que l'Insee a dévoilé ce mardi 26 mars le déficit de la France, qui s'élève à 5,5% du PIB en 2023, soit bien plus qu'en 2022 (4,8%) et que le résultat prévu par le gouvernement (4,9%), gauche et droite ont immédiatement dénoncé la politique fiscale du gouvernement.

Les uns profitant de la séquence pour remettre sur la table une taxation des superprofits quand les autres ont appelé à d'autres coupes dans la dépense publique. Manuel Bompard est l'un des premiers à cogner sur l'exécutif. Invité de France 2 de bonne heure, le coordinateur national de La France insoumise souligne un "désaveu cinglant pour le gouvernement".

Écologie, enseignement supérieur, justice... En référence aux 10 milliards d'euros de coupes budgétaires prévus par le ministre Bruno Le Maire, auxquels il faut ajouter les économies de 20 milliards à horizon 2025, évoqués par le ministre Thomas Cazenave, le député des Bouches-du-Rhône dénonce une "saignée sans précédent sur les dépenses publiques".

À l’inverse de Bercy, il plaide pour que la France "dépense plus" afin d'améliorer la situation des secteurs à la santé et de l'éducation, "à bout de souffle", selon lui. La solution pour compenser cet effort? "Augmenter les recettes de l'État", juge Manuel Bompard, qui propose de "concentrer les hausses d'impôts sur les plus riches", et rappelle que son camp pousse depuis des mois pour "une taxe sur les superprofits".

Le sujet a le mérite de mettre d'accord les différents responsables de la gauche, quelques mois après l'enterrement de la Nupes sur fonds de divergences concernant notamment la situation au Proche-Orient. À l’inverse, la majorité ne parle pas à l'unisson, François Bayrou comme Yaël-Braun-Pivet ayant relancé le débat sur une hausse ciblé des superprofits.

Sur TF1, Fabien Roussel prend le relai de Manuel Bompard. Le secrétaire national du Parti communiste français tacle lourdement les membres du gouvernement, qualifiés d'"escrocs en col blanc".

"Robin des bois à l'envers"

"Ils nous ont demandé de travailler plus longtemps sans être payé plus avec la retraite à 64 ans ils nous ont demandé de payer plus cher nos factures comme l'électricité, ils nous demandent de faire des efforts, et à la fin ils vous disent: il y a une dette énorme, et il va falloir donner plus. Mais enfin!", peste l'élu du Nord. Cela en dépit des déclarations de Bruno Le Maire, qui, peu avant sur RTL, répète sa volonté de ne pas augmenter les impôts des Français.

Ce pays, "c'est Robin des bois à l'envers", déplore quelques minutes plus tard Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologiste, sur France Info: "On va aller chercher l'argent de celles et ceux qui ne sont pas fortunés et on ne va jamais demander aux plus riches de faire des efforts."

"Un des pires dérapages"

Pendant que la gauche cogne sur l'exécutif, la droite n'est pas en reste. Même si, évidemment, elle chante un tout autre refrain. La séquence est idéale pour la droite dans l'optique de faire valoir ses marqueurs économiques, elle qui peine à trouver sa place entre la majorité et le Rassemblement national.

Bruno Retailleau cible Emmanuel Macron sur LCI, qualifiant ce dernier de "président le plus dépensier de la Ve République" et moquant le sobriquet de "Mozart de la finance" qui a pu lui être donné. "Un des pires dérapages", "C'est catastrophique": le président des sénateurs Les Républicains au Sénat multiplie les messages d'alerte, jugeant que la France est "désormais le cancre de l'Europe". Comme l'a noté L'Express, seuls l'Italie (7,2%) et la Pologne (5,8%) présentent un déficit public plus élevé en 2023.

"Ce qui menace les Français, c'est la faillite du pays", a également dénoncé Olivier Marleix, patron des députés LR, dans Le Figaro la veille. Quant à Éric Ciotti, chef du parti, il est allé jusqu'à affirmer mardi dernier que la France "emprunte le même chemin que la Grèce".

"Réformer l'État et le modèle social"

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a de son côté estimé sur BFMTV-RMC jeudi 22 mars que "la France n'est pas en faillite", même si la situation est "très préoccupante".

À contre-courant de la gauche, Bruno Retailleau rejette l'idée d'une "relation entre toujours plus d'impôts et toujours plus de recettes". Souhaitant arrêter de "toujours plus dépenser", le sénateur de Vendée propose une réforme de "l'État" et du "modèle social".

Comment? Bruno Retailleau pointe certains postes qui ne "servent à rien" dans les agences d'État, plaide pour que des fonctionnaires soient "contractuels" plutôt qu'au "statut", et réclame une "allocation unique capée à 75% du Smic".

Le Maire veut faire revenir le décifit public sous les 3% en 2027

Au RN, les élus se font plus discrets à l'heure où nous écrivons ces lignes, même si Marine Le Pen avait déjà pointé il y a quelques jours les "résultats pitoyables" de l'exécutif en matière de finances publiques. Bruno Le Maire a assuré ce mardi sur RTL que sa détermination est "intacte" et totale" pour faire revenir le déficit public français sous les 3% en 2027.

Revenant sur les mauvais résultats actuels, le ministre a déclaré: "Nous avons peut-être sous-estimé le fait que l'inflation baisse plus vite que ce à quoi nous nous étions attendus: ça fait moins de recettes de TVA, moins de masse salariale, moins de recettes sur la masse salariale, moins d'impôts sur le revenu, moins d'impôts sur les sociétés".

Baptiste Farge