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Economie

Le déficit public dérape à 5,5% du PIB en 2023, au-delà des prévisions du gouvernement

Le solde négatif de l'Etat s'alourdit de près de 18 milliards d'euros. Les recettes ont été en deçà des montants escomptés en raison du ralentissement de l'activité économique.

Depuis plus d'un mois, Bercy se préparait à voir le déficit public rehaussé. Le 16 février dernier, la direction du Trésor avait remis une note estimant que celui-ci serait autour de 5,6% du PIB au lieu des 4,9% prévus. C'est désormais officiel. Mais la note apparaît un peu moins salée. Selon l'Insee, le déficit grimpe à 5,5% du PIB en 2023, à 154 milliards d'euros.

"L'objectif n'a pas été atteint, a réagi le Ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur RTL. Cela demandera beaucoup de méthode et de sang-froid".
Doze d’économie : Déficit, la France creuse l'écart - 26/03
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Moins de recettes

En raison du ralentissement de l'activité économique, les recettes de l'Etat se sont avérées inférieures aux montants escomptés initialement. L'institution évoque des impôts "quasi à l'arrêt", augmentant "seulement de 0,3% (+2,8 milliards d'euros) après +7,9% en 2022". Les recettes de TVA, notamment, "ralentissent nettement à +2,8% après +7,6%".

Selon Bruno Le Maire, cette "baisse exceptionnelle des recettes", de l'ordre de "21 milliards d'euros", s'explique également par un reflux de l'inflation plus rapide qu'attendu. "Le fait que l'inflation baisse plus vite, cela fait moins de recettes de TVA, moins d'impôts sur le revenu.." a-t-il déclaré.

Chaque 0,1 point de PIB de déficit supplémentaire représentant environ 3 milliards d'euros, le solde négatif de l'Etat s'alourdit de près de 18 milliards d'euros supplémentaires. La trajectoire de réduction des finances publiques, autour de 3% du PIB en 2027, se complique avec cette nouvelle annonce. Pour y parvenir, le gouvernement devra effectuer un nouveau tour de vis budgétaire alors que 10 milliards d'euros de crédits ont déjà été annulés pour 2024. Auxquels sont venus s'ajouter "au moins 20 milliards d'euros" d'économies supplémentaires pour le budget 2025.

"Faire des choix"

"On va devoir faire des choix, s'interroger sur quelle est la dépense publique utile, souligne le ministre de l'Economie préparant le terrain à de nouvelles coupes budgétaires. "Je vais écrire à tous les opérateurs de l'Etat pour leur demander de me faire des propositions d'économies. Sinon, c'est nous qui prendrons les décisions", a-t-il signalé.

Depuis la semaine dernière, une autre idée fleurit pour venir renflouer les caisses: une hausse ciblée des impôts. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet s'y est montrée favorable. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, beaucoup plus réticent.

S'il s'est dit "ouvert à tous les débats", le locataire de Bercy a de nouveau balayé la proposition. "On peut parfaitement faire des économies sans venir prendre dans la poche des Français, a-t-il martelé. Gardons notre cap, ne faisons pas de tête-a-queue (dans notre politique de l'offre, NDLR)."

Dans le même temps, la dette publique française atteint, elle, 110,6% du PIB fin 2023, a précisé l'Institut national de la statistique et des études économiques. C'est moins qu'en 2022, où elle s'affichait à 111,9%, mais presque un point de pourcentage au-dessus de la prévision du gouvernement (109,7%).

Théodore Laurent avec AFP