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La France Insoumise

"Ce match n'existe pas": Jean-Luc Mélenchon réfute tout duel avec François Ruffin pour 2027

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon tient une conférence de presse le 27 mars 2023 à Paris

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon tient une conférence de presse le 27 mars 2023 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

"Il n’y aura pas de 'bataille de succession' entre moi et qui que ce soit dans le mouvement insoumis", écrit le leader LFI dans une note de blog. Il accuse certains médias de vouloir "nous discréditer comme des gens occupés à des compétitions égotiques, en pleine crise sociale et politique où les insoumis jouent un rôle non négligeable".

"Naturellement, ce match n'existe pas et n'existera jamais". La phrase est signée Jean-Luc Mélenchon. Le leader de La France insoumise (LFI) réfute tout duel entre lui et le député insoumis François Ruffin en vue de la prochaine présidentielle.

"Il n'y aura pas de 'bataille de succession' entre moi et qui que ce soit dans le mouvement insoumis", assure dans une note de blog celui qui s'est engagé à trois reprises dans la course élyséenne (2012, 2017, 2022).

"Mon rôle est autre dorénavant", poursuit l'insoumis, estimant qu'il a dit "sur tous les tons", son souhait d'être "remplacé".

"Rien ne presse"

Tout en se gardant néanmoins, depuis qu'il a ouvert la porte en septembre 2022, d'exclure explicitement de se présenter en 2027 ou de nommer officiellement un successeur. Pour le tribun "rien ne presse", d'autant plus "que nous ne serons plus jamais dépourvus comme nous l’avons été naguère, à la mort de François Delapierre (son ancien bras droit, ndlr) en 2015".

"Il y a d’autres candidatures dans nos rangs? Oui, je le sais, comme tout le monde. Je connais leur valeur. Le temps dira si elles éclosent", écrit encore Jean-Luc Mélenchon.

Pour autant un nom ressort: celui de François Ruffin. Depuis la présidentielle et les législatives, le député LFI de la Somme creuse son sillage.

Une guerre de succession?

Il a fait part de ses critiques vis-à-vis de la stratégie du mouvement, pointant l'asymétrie entre les scores de LFI dans les villes et ceux réalisés dans les campagnes. L'élu se concentre sur la question du travail et cherche à s'adresser aux électeurs des zones rurales tombés dans les mains de l'extrême droite.

Des divergences de fond, mais aussi de forme pour le Picard qui dit vouloir se "soc-démiser", après avoir pourtant multiplié les coups d'éclat lors de la précédente législature. Sa supposée candidature séduit de nombreux électeurs de gauche. Ils préféreraient voir concourir ce dernier plutôt que Jean-Luc Mélenchon, selon un sondage Elabe pour L'Express publié la semaine dernière.

L'ancien socialiste, jamais avare lorsqu'il s'agit de critiquer les médias, sort la sulfateuse à l'égard de L'Express et de Libération - qui a consacré sa Une à François Ruffin jeudi dernier. Les deux journaux ont posé la question d'une confrontation. "François Ruffin: comment il compte avoir la peau de Jean-Luc Mélenchon", a écrit l'hebdomadaire, quand le quotidien a interrogé: "Entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, bientôt la guerre de succession?".

"Ne tombez pas dans le piège"

En retour, le tribun les accuse de "nous discréditer comme des gens occupés à des compétitions égotiques, en pleine crise sociale et politique où les insoumis jouent un rôle non négligeable".

"Ne tombez pas dans le piège. La bagarre que veulent Libération et L'Express ne renforcerait que Macron", ajoute l'insoumis.

Reste que c'est bien lui qui a mis le nom de François Ruffin sur le devant de la scène le 12 avril dernier. Commentant un sondage aux résultats flatteurs pour lui et le parlementaire dans l'hypothèse de la présidentielle, il a estimé lors d'un tweet que le député-reporter est "prêt". Cela même alors qu'il avait déjà multiplié les mots doux envers le quadragénaire, confiant par exemple avoir "un faible pour lui".

Mais ce tweet, sous la forme de louanges, avait-il un autre objectif? Les spéculations vont bon train. Était-ce une déclaration d'amour? Un passage de flambeau? Une invitation à se battre avec lui pour 2027? Une façon de jeter François Ruffin dans l'arène avant de se présenter en sauveur? Dans tous les cas, la désignation en apparence d'un héritier ne saute pas aux yeux.

"Je trouve étrange qu’il adoube François comme notre futur candidat après l’avoir écarté de la direction de La France insoumise. C’est pour le moins une contradiction", souligne la députée insoumise Clémentine Autain à L'Express.

"Commencez donc par faire une équipe LFI"

Jean-Luc Mélenchon indique de son côté qu'il voulait se féliciter d'une "superbe nouvelle", "un sondage nous plaçant tous les deux à plus de 20%". "Car la victoire, pour moi, c’est la pérennité de l’œuvre entreprise: la primauté de la gauche anticapitaliste", justifie l'insoumis, avant de s'enthousiasmer:

"Avec toutes nos équipes, j’ai fait le boulot: de 3,5% dans les sondages en 2010, à 22% dans les urnes en 2022. Et maintenant il y a deux insoumis à ce niveau!"

S'il relève une "campagne ardente et réussie" de François Ruffin, caractérisée par un "contenu politique et une ligne", Jean-Luc Mélenchon met en garde face à ce qui pourrait se transformer en "pugilat". Cela n'aurait, selon lui, qu'un "résultat: "affaiblir le mouvement et sa position en 2027".

"Commencez donc par faire une équipe LFI", dit-il, en pointant des alliés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) qui pourraient entrer dans "la logique identitaire, style (Fabien) Roussel", à l'occasion des élections européennes de 2024 où la piste d'une liste commune de la gauche - poussée par les insoumis - est bien mal embarquée.

Revenant une dernière fois sur ce qu'il qualifie du "match que veulent organiser L'Express et Libération", le patron des insoumis se gargarise: "le choix reste entre deux insoumis". Une preuve, selon lui, que "personne ne fera rien sans ou contre le mouvement insoumis".

Baptiste Farge