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Vers un remaniement? La difficile équation d'un changement de Premier ministre pour Macron

Restera, restera pas? L'avenir d'Élisabeth Borne interroge au moment où bruissent les rumeurs d'un remaniement. La question de son éventuel successeur n'a rien d'évident.

La séquence interroge. Était-ce un adieu avant l'heure ou un simple geste de reconnaissance? Chacun se fera son opinion après qu'Emmanuel Macron a "particulièrement" remercié Élisabeth Borne lors de ses vœux ce dimanche 31 décembre.

Le tout au moment où les rumeurs de remaniement agitent le monde politique, d'autant que le Conseil des ministres prévu ce mercredi 3 janvier a été reporté à la semaine suivante. En attendant, il est permis de se projeter sur un départ de la Première ministre, et la question de sa succession.

"Emmanuel Macron décide de tout"

Au préalable, il faut définir la mission qu'aurait le nouveau ou la nouvelle chef(fe) du gouvernement. Élisabeth Borne "s'est acquittée de la feuille de route que lui avait fixée le président" et il ne "reste plus grand-chose dans les tuyaux", note Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique sur BFMTV.

Ce dernier cite le "projet de loi sur la fin de vie", une "décision à prendre sur le service national universel", qui pourrait être généralisé et "quelques ambitions pour l'Éducation..."

Vient ensuite le sujet du "profil". Qui pour tenir le pouvoir exécutif aux côtés du président de la République? Un simple collaborateur ou un poids lourd avec une autonomie politique?

Rien n'est sûr, si ce n'est que "dans la pratique", "Emmanuel Macron décide de tout", même si le Premier ministre, est censé, "déterminer et conduire la politique de la nation", rappelle Matthieu Croissandeau, se référant ainsi à la Constitution.

"Signal à l'aile gauche" ou poursuite du "virage à droite toute"?

Autre interrogation: le casting sera-t-il influencé par la majorité, dont le Premier ministre est le chef. Celle-ci n'est que "relative" depuis 2022, ce qui peut donner des maux de tête au gouvernement pour réussir à faire passer ses textes. Mais, surtout, elle se retrouve affaiblie, après un projet de loi immigration qui a créé des divisions en son sein, près d'un quart du camp présidentiel refusant de voter pour le projet de loi immigration le mois dernier, en raison d'une copie largement durcie sous pression de la droite.

Dès lors, "est-ce que le président de la République voudra envoyer un signal à [son] aile gauche? Ou, est-ce qu’il continuera son virage à droite toute entamé depuis son arrivée à l’Élysée?", questionne Matthieu Croissandeau.

Reste également à savoir si Emmanuel Macron souhaitera "créer la surprise ou non". Pourrait-on voir des visages inconnus des Français, comme ceux d'Édouard Philippe et Jean Castex lors de leur nomination respective comme Premier ministre?

Darmanin hors-jeu, Le Maire s'y "verrait bien"

Autant d'inconnus qui résument la difficile équation autour de Matignon. Elle l'est encore plus au regard de l'effectif de la macronie, qui manque de profondeur de banc. Quid de ses deux pontes au gouvernement, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, et son homologue à l'Économie, Bruno Le Maire?

Le premier avait vu ses espoirs douchés lors du précédent remaniement l'été dernier. Pour l'heure, il "est cramé", selon Matthieu Croissandeau, en raison de la loi immigration qui l'a fragilisé avec notamment l'adoption d'une motion de rejet en premier lecture du texte. Quant au patron de Bercy, il "se verrait bien" comme chef du gouvernement, "même s'il dit le contraire".

Les possibilités Lecornu et Béchu

Dans le casting, il y a "des outsiders", ajoute notre éditorialiste, qui évoque à ce titre Sébastien Lecornu, "dont le nom revient beaucoup". Proche d'Emmanuel Macron, le ministre des Armées possède un "profil très politique" et présente un "avantage": étant totalement inconnu des Français, sa nomination impliquerait une "forme de nouveauté".

"Et puis, dans la même veine, il y a son collègue de la Transition écologique, Christophe Béchu, un proche d’Édouard Philippe dont le nom circule aussi", complète Matthieu Croissandeau. Lequel mentionne aussi la possibilité que l'élu soit un "très très fidèle" du chef de l'État comme l'ancien ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.

Il pourrait également être issu du parti Les Républicains, si un accord de gouvernement était signé avec la droite, mais au regard de la "fiabilité dont ils ont fait preuve sur la réforme des retraites et sur la loi immigration, on voit mal comment tout ça pourrait se goupiller", estime Matthieu Croissandeau. Deux dernières options: un profil issu de la société civile. Ou alors un maintien d'Élisabeth Borne, tout simplement.

Baptiste Farge