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Suspension de Guillaume Meurice: Rachida Dati estime que Radio France "ne pouvait pas ne pas réagir"

La ministre de la Culture Rachida Dati le 7 mai 2024 à l'Assemblée nationale.

La ministre de la Culture Rachida Dati le 7 mai 2024 à l'Assemblée nationale. - Ludovic Marin

Interrogée ce mardi 7 mai à l'Assemblée nationale, la ministre de la Culture a estimé que "Radio France ne pouvait pas ne pas réagir" après que l'humoriste a réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu.

"Radio France n'avait pas d'autre choix". La ministre de la Culture Rachida Dati a été interpellée ce mardi 7 mai lors des questions au gouvernement par le député LFI David Guiraud sur la situation de Guillaume Meurice, récemment suspendu par Radio France après avoir réitéré des propos polémiques sur le Premier ministre israélien.

"Dans notre pays, un multirécidiviste condamné pour provocation à la haine raciale peut arpenter les plateaux télé mais un humoriste qui fait une blague approuvée par le tribunal est mis à pied sur notre service public", lui a lancé le député de La France insoumise.

"Vous avez raison de poser cette question, elle peut interroger sur la liberté d'expression", a d'abord répondu la membre du gouvernement, "le sujet de l'humour dans les médias est à évoquer avec mesure mais sans aucune caricature."

Des propos d'octobre dernier et répétés en avril

Rachida Dati a toutefois appelé à éviter la "confusion entre une décision de justice qui a classé une plainte et une décision de l'Arcom". Une décision à laquelle "Radio France ne pouvait pas ne pas réagir", selon la ministre.

Retour au 29 octobre 2023. L'humoriste Guillaume Meurice, qui intervient chaque dimanche dans l'émission Le Grand Soir sur France Inter, tient un sketch à quelques jours d'Halloween dans lequel il suggère, "pour faire", un déguisement à l'effigie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, "sorte de nazi mais sans prépuce".

Cette sortie, qui a valu un avertissement à l'humoriste de la part de Radio France, a également fait l'objet d'une mise en garde adressée à France Inter par l'Arcom. Selon le régulateur des médias audiovisuels, cette séquence, qui est intervenue dans un contexte marqué par la recrudescence des actes à caractère antisémites", a "porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs".

La plainte déposée contre l'humoriste classée sans suite

L'affaire a également pris une tournure judiciaire avec une plainte déposée par l'Organisation juive européenne contre Guillaume Meurice pour provocation à la violence et à la haine antisémites et injure publique à caractère antisémite. Une plainte finalement classée sans suite par le parquet de Nanterre en avril dernier.

Le 28 avril, lors d'une nouvelle émission du Grand Soir, Guillaume Meurice déclare dans sa chronique qu'"il y a des choses qu'on peut dire, par exemple 'si je dis que Netanyahou est une sorte de nazi mais sans prépuce' c'est bon le procureur il a dit 'c'est bon', il l'a dit cette semaine. Vous pouvez en faire des mugs, des t-shirts, c'est ma première blague autorisée par la loi française".

Une nouvelle sortie qui lui a valu une suspension à deux émissions par France Inter et à une convocation "à un entretien préalable en vue d'une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de contrat à durée déterminée pour faute grave". Une sanction qui a motivé les syndicats de Radio France à appeler à faire grève dimanche prochain.

"Guillaume Meurice a refait sa chronique à l'identique"

Rachida Dati a néanmoins expliqué depuis le Palais-Bourbon que le classement par la justice de la plainte déposée contre Guillaume Meurice "n'est pas en contradiction avec la décision de l'Arcom car elle ne fait pas respecter le Code pénal mais le cahier des charges imposé à Radio France".

"En octobre 2023, l'Arcom avait mis en garde (...) malgré cela, Guillaume Meurice a refait sa chronique à l'identique et donc s'imposant à nouveau soit un signalement - donc une saisine de l'Arcom - voire une sanction de l'Arcom", a poursuivi la ministre de la Culture, jugeant que "Radio France n'avait pas d'autre choix que de convoquer" l'humoriste.

Rachida Dati a dans le même temps assuré être "profondément attachée, pour plusieurs raisons" à la liberté de la presse, et affirmé être "intransigeante sur la liberté d'expression, même quand cette liberté d'expression peut parfois atteindre son honneur."

Hugues Garnier Journaliste BFMTV