BFMTV
Gouvernement

"Les choses ne sont pas réglées": les agriculteurs mettent la pression sur l'exécutif avant le Salon de l'agriculture

Le rendez-vous annuel au parc des expositions de la Porte de Versailles, qui débute ce samedi 24 février, se prépare dans un climat électrique. Des blocages sont prévus ce lundi 19 février à Marseille ou encore près de Tarbes.

La pression monte sur l'exécutif. Le Salon de l'agriculture s'ouvre ce samedi 24 février à Paris, et les organisateurs espèrent que cette 60e édition sera une "belle fête", épargnée par les manifestations, mais le monde agricole bouillonne toujours de revendications et de colère.

Le rendez-vous annuel attend autour de 600.000 visiteurs en neuf jours, au parc des expositions de la Porte de Versailles, dans un climat électrique. La France vient de connaître dix jours de crise agricole marquée par des blocages d'autoroutes, des déversements de fumier et même l'incendie d'un bâtiment de la Mutualité sociale agricole (MSA) à Narbonne.

Un convoi converge vers Marseille

L'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) n'a pas relâché la pression sur l'exécutif depuis qu'elle a appelé le 1er février à lever les blocages, à la suite d'annonces gouvernementales allant du versement d'aides d'urgence à des décrets de simplification en passant par une "pause" sur le plan de réduction des pesticides Ecophyto.

"La colère est toujours là. Ce n'est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé", a déclaré, ce lundi matin, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur Europe 1 et CNews.

Attendu samedi pour l'ouverture de l'événement agricole annuel à Paris, Emmanuel Macron "devra d'abord dire ce qu'il entend faire" et "entendre aussi l'agacement", a souligné le président de la FNSEA, qui "encourage à maintenir la pression". Il appelle cependant à ne pas perturber l'événement et doit s'entretenir avec le chef de l'État mardi après-midi.

La FNSEA veut constater les premiers résultats des mesures annoncées et attend la levée de ce qu'elle considère comme des freins à la production (interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie...).

À Marseille, un convoi d'une cinquantaine de tracteurs convergeait ce lundi matin vers Marseille. Avec comme objectif: être reçus par la préfecture. Plusieurs convois de tracteurs sont partis dès 6 heures depuis différentes communes de Provence. Des cortèges s'élancent depuis Trets, Les Milles près d'Aix-en-Provence ou encore Plan-de-Campagne et Saint-Cannat. Les tracteurs emprunteront ensuite le Vieux-Port afin de se diriger vers la préfecture.

Des actions jusqu'à samedi

Près de Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, ce lundi matin, les équipes de BFMTV étaient aux côtés des agriculteurs, qui prévoient de se mobiliser "tous les jours de la semaine" en bloquant un centre commercial, jusqu'au début du Salon de l'agriculture pour maintenir la pression, comme le confirme Fréderic Duco, éleveur, à notre micro.


Dans ce contexte, les organisateurs du salon redoutent l'irruption de manifestants. La sécurité sera portée "au maximum", a indiqué Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l'organisation propriétaire de l'événement, jeudi sur BFMTV. "Évidemment, c'est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications (...) et les manifestations. Mais les manifestations, [c'est] pas au salon", a-t-il plaidé.

"Le salon doit rester malgré tout une belle fête", a-t-il insisté, soulignant que "c'est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles. Et donc on se doit de les accueillir convenablement, normalement".

L'ancien directeur de la communication de la FNSEA formule l'espoir "que le gouvernement répondra aux attentes des agriculteurs afin qu'on ait le meilleur salon possible". En attendant, le gouvernement multiplie les marques d'attention. Le président Macron a reçu trois syndicats agricoles la semaine dernière (Confédération paysanne, Coordination rurale et Modef).

Quant au Premier ministre Gabriel Attal, il a reçu une nouvelle fois les présidents de la FNSEA et des JA, avant de se rendre jeudi auprès d'éleveurs de la Marne. "Reconnaissons aussi qu'il y a des sujets qui sont du temps long", a déclaré dimanche le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, venu sur France Inter défendre la réponse de l'exécutif tout en admettant que la "sérénité" ne serait "pas forcément" au rendez-vous du salon.

E.B. avec AFP