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Police-Justice

À moins de 10 jours du Salon de l'agriculture, le renseignement craint un rendez-vous "sous haute tension"

Dans une note, police et gendarmerie nationale préviennent que les visites de personnalités politiques au Salon pourraient se faire "sous haute tension" et que certaines d'entre elles, du gouvernement ou de partis de gauche, risquent de "ne pas être les bienvenues."

Maintenir la pression. Moins de deux semaines après la fin du mouvement des agriculteurs en colère, au cours duquel plusieurs centaines de manifestants ont procédé au blocage de nombreux axes routiers dans le pays afin de dénoncer leurs conditions de travail, le mouvement menace de reprendre.

Malgré les annonces de Gabriel Attal qui ont mis fin aux blocus, les agriculteurs estiment que les mesures ne sont pas mises en place assez rapidement malgré des rencontres entre exécutif et certains syndicats.

"On comprend que tout ne va pas se faire en trois jours. Mais le président de la République, il ne va pas falloir qu'il arrive seulement avec de beaux discours au Salon de l'agriculture", a prévenu Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, en début de semaine.

Maintenir la pression avant le Salon

Le Salon de l'agriculture, justement, est au centre de toutes les attentions. Lors des blocages, l'événement, qui doit se tenir du 24 février au 3 mars à Paris, était l'objet de nombreuses menaces de la part d'agriculteurs qui souhaitaient le boycotter, voire le bloquer.

Dans une note datée du 13 février que BFMTV a pu consulter ce jeudi 15 février, les renseignements annoncent que la période avant le salon devrait se traduire par de nouvelles mobilisations de moindre intensité, destinées à "maintenir la pression" et à accélérer le processus de validation des mesures annoncées.

Cela a par exemple été le cas ce mercredi à Agen, lorsque plusieurs dizaines d'agriculteurs ont déversé du fumier devant les agences bancaires de la ville afin de dénoncer leur situation économique.

Des initiatives "ciblant les laitiers Lactalis ou Savencia sont évoquées, ainsi que l'enseigne McDonald's dans certains départements", de même que "des bâtiments publics", peut-on lire dans cette note, qui souligne que ces actions seront "principalement initiées par la Confédération paysanne."

Un événement "sous haute tension" pour l'exécutif

En ce qui concerne la tenue même du Salon de l'agriculture, le document souligne que la volonté des manifestants n'est pas de gêner la tenue du Salon car il s'agit d'une "vitrine de l'agriculture française" et d'un "carrefour de transactions commerciales important."

En revanche, les visites de certaines personnalités politiques pourraient cristalliser les tensions et se faire "sous haute tension", apprend-on. Parmi elles, "celles soutenant le gouvernement ou des partis de gauche" risquent de "ne pas être les bienvenues."

Parmi les syndicats, l'antenne de Seine-et-Marne de la FDSEA entend "perturber voire empêcher" la traditionnelle visite du président de la République et du Premier ministre, et pourrait également refuser de les recevoir sur leurs stands. Dans le Val-d'Oise, certains militants annoncent "un mauvais accueil du président de la République".

Dans le Tarn-et-Garonne, l'un de berceaux de la contestation, les leaders syndicaux préviennent que "le Salon de l'agriculture ne sera pas l'occasion de partager du champagne et des petits fours." "L'heure n'est pas de caresser le cul des vaches", ajoutent les acteurs de la filière bovine, qui envisagent de retirer leurs bêtes du salon.

La note du renseignement s'intéresse également à l'après-Salon de l'agriculture et cite des responsables syndicaux qui estiment que les mesures annoncées "n'apaiseront que peu de temps la colère du monde agricole." De fait, la contestation pourrait "potentiellement s'intensifier."

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV