Remaniement: quel scénario se dessine pour Hollande?

"La question n’est pas: 'est-ce que François Hollande choisira Manuel Valls' comme Premier ministre, mais 'est-ce qu’il peut s’en passer?'", confie à BFMTV, un ténor du gouvernement. Jean-Marc Ayrault est-il condamné? Et qui pourrait le remplacer?

La claque reçue par le PS au premier tour des élections municipales relance les spéculations autour d'un remaniement en profondeur du gouvernement, avec un nouveau Premier ministre. Jean-Marc Ayrault est-il condamné? Qui pourrait le remplacer? Revue de détails.

> L'hypothèse d'un gouvernement resserré

L’hypothèse d’un remaniement post-municipales n’est pas nouvelle. Le Premier ministre, qui dirige depuis 22 mois une turbulente équipe de 37 membres, avait même pris les devants le 2 mars dans les colonnes du Parisien, se disant "favorable" à une équipe "resserrée". "Un tel scénario a l’avantage de répondre aux critiques sur l’incohérence gouvernementale. Forcément, une équipe de quinze à vingt ministres produit, normalement, moins de couacs", explique à BFMTV.com le politologue Arnaud Mercier. Reste que "les promesses de gouvernement restreint, ne sont pas toujours mises en œuvre par ceux qui les annoncent", indique-t-il, précisant: "Mais d’un strict point de vue de communication, un remaniement pour un gouvernement resserré sans changement de Premier ministre peut apparaître comme un pétard mouillé, une demi-mesure".

Un tel scénario est-il encore possible après la claque des municipales? Jean-Marc Ayrault peut-il encore tenir? "Les nombreuses triangulaires de dimanche prochain devraient nous permettre de limiter la casse, et puis ce n'est pas Ayrault le seul fautif de ce premier tour décevant", abonde un conseiller ministériel. Pour lui, "Hollande va tout faire pour garder Ayrault encore un an, pour l'user jusqu'au bout, puis faire les deux dernières années du quinquennat et préparer 2017 avec un nouveau chef du gouvernement". Car, c’est tout là l’avantage de ce scénario. Dans l’hypothèse où François Hollande ne change pas de Premier ministre après les municipales, "il se garde une cartouche. Si ça ne fonctionne pas, il se garde la possibilité de changer la tête du gouvernement", assure Arnaud Mercier. Car, "dans un quinquennat, on ne change de Premier ministre qu’une fois. On n’a qu’un seul joker", renchérit un proche du président.

> L'hypothèse d'un changement de Premier ministre

Après les mauvais résultats de dimanche, de plus en plus de ténors socialistes font le même constat: "c'est fini" pour Jean-Marc Ayrault assure un parlementaire socialiste, qui a longtemps parié sur le maintien de l'actuel locataire de Matignon. Il pronostique que le poste de Premier ministre se jouera entre le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le plus populaire au vu des sondages, et Laurent Fabius, le plus expérimenté.

Les Français, eux aussi, ont tranché. Ils sont sept sur dix (69%) à vouloir un changement de Premier ministre, selon un sondage BVA, publié lundi.

Qui pourrait tenir ce rôle? "Il y a là deux questions, celle de la personnalité du futur locataire de Matignon et celle de l’orientation politique qu’il incarne", explique Arnaud Mercier qui ajoute: "Avec un tel niveau d’impopularité, François Hollande doit appeler quelqu’un de populaire. Comme en 1988, François Mitterrand n’avait pas le choix d’appeler Michel Rocard".

Même s'il baisse encore (-3 points), à 41% de cote d'influence, Manuel Valls demeure l’une des personnalités politiques les plus populaires. Au final, "la question n’est pas, est-ce que François Hollande choisira Manuel, mais est-ce qu’il peut s’en passer", confie à BFMTV, un ténor du gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius est également en forte progression (+7 points auprès des Français, 11 auprès des sympathisants de gauche), avec 31%, dans les sondages. Il sera pourtant difficile au Premier ministre d’il y a trente ans (1984 – 1986) d’incarner le changement.

> La question du timing

François Hollande devrait parler très vite après le second tour, mardi ou mercredi 2 avril, avancent certains ténors de la majorité. "Le remaniement, François Hollande va le faire, mais ça va durer 15 jours", pronostique, quand à lui le chercheur Rémi Lefebvre, spécialiste du PS et proche de l'aile gauche du parti. "C'est l'ampleur des pertes de dimanche prochain qui va décider: plus la défaite sera forte dimanche, plus l'ampleur et la rapidité du remaniement sera forte", fait-il valoir.

Le timing - après la défaite, avant les Européennes - est-il bien choisi? "On ne remanie pas après une élection discréditée", regrette un pilier de l'Assemblée nationale. Remanier après une défaite peut, en effet, donner le sentiment d’un président de la République dépossédé de son calendrier, au pied du mur.

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Hélène Favier avec le service politique de BFMTV