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Remaniement: les premiers couacs du nouveau gouvernement

Ségolène Royal a fait son entrée au gouvernement.

Ségolène Royal a fait son entrée au gouvernement. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le nouveau Premier ministre a choisi de composer une équipe resserrée, où entrent notamment Ségolène Royal et François Rebsamen. Il s'est ensuite adressé aux Français à la télévision.

Au lendemain de sa prise de fonction à Matignon, Manuel Valls a décidé de composer un gouvernement resserré dont les 16 membres ont été dévoilé mercredi matin. Les entrées de Ségolène Royal et de François Rebsamen ont notamment été remarquées, ainsi que la promotion d'Arnaud Montebourg. De son côté, le nouveau chef du gouvernement s'est exprimé sur TF1, lors du journal de 20 heures. Résumé d'une journée agitée.

Un gouvernement resserré, avec Royal et Rebsamen

La nouvelle était attendue: le nouveau gouvernement formé par Manuel Valls compte dans ses rangs Ségolène Royal. L'ex-compagne de François Hollande et candidate à l'élection présidentielle de 2007 devient ministre de l'Ecologie, du Développement durable, et de l'Energie.

La deuxième entrée concerne François Rebsamen, proche lui aussi du chef de l'Etat, qui hérite du ministère du Travail. Il remplace ainsi Michel Sapin, parti s'occuper du Budget à Bercy.

Là-bas, il devra composer avec Arnaud Montebourg, qui récupère le ministère de l'Economie, en plus du Redressement productif et de l'Economie numérique. Une promotion au détriment de Pierre Moscovici, qui quitte le gouvernement, mais devrait atterrir à la Commission européenne.

De son côté, Bernard Cazeneuve quitte Bercy pour le ministère de l'Intérieur, où il remplace Manuel Valls. Il devra donc collaborer étroitement avec Christiane Taubira, qui conserve le ministère de la Justice à la surprise générale.

Parmi les autres mouvements, Najat Vallaud-Belkacem hérite d'un ministère élargi, comprenant le Droit des femmes, la Ville, la Jeunesse et les Sports. Elle laisse le rôle de porte-parole à Stéphane Le Foll, qui conserve dans le même temps l'Agriculture. Benoît Hamon, lui, hérite de l'Education.

Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian, Aurélie Filippetti ou encore Marisol Tourraine conservent leur poste. Cécile Duflot, elle, est remplacée par Sylvia Pinel au ministère du Logement.

>> Retrouvez les gagnants et les perdants du gouvernement Valls

Les écologistes écartés, Duflot "retrouve sa liberté"

Ce sont les grands absents du gouvernement dévoilé mercredi. Alors que le ministère de l’Ecologie leur avait été proposé, EELV a vu Ségolène Royal y échoir. Celle qui a déjà occupé ce ministère il y a 20 ans, s’est dite "honorée" et certaine que "ce gouvernement allait réussir". Les ex-ministres Cécile Duflot et Pascal Canfin avaient claqué la porte dès la nomination de Manuel Valls, le bureau exécutif d’EELV avait abondé en ce sens dès mardi soir. Pourtant, des voix importantes telles que celles de l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit ou du co-président des députés écologistes François de Rugy ont exprimé des réserves, à quelques heures du Conseil fédéral du mouvement.

"C'est un refus pour des raisons politiques, analyse pour BFMTV.com le politologue Daniel Boy. Mais "c'est une erreur stratégique car ils donnent l'impression de se laver les mains de la politique de la majorité […] Le risque d'une rupture à la tête des Verts est possible". Lors de la passation de pouvoirs avec la radicale Sylvia Pinel, Cécile Duflot a quitté la majorité gouvernementale sur un coup d’éclat: "Ma liberté retrouvée et assumée, je la mets au service de la gauche, de l'écologie et de la France". Une annonce anticipée pour 2017?

L'opposition entre déception et inquiétude

Sans surprise, les réactions ont été mitigées à droite après l'annonce du nouveau gouvernement. "Je ne pense pas un instant que ce gouvernement va en rien répondre au message de désaveu que les Français ont adressé à l'occasion des élections municipales au président Hollande", a ainsi balayé Jean-François Copé, le président de l'UMP, qui s'est dit "très inquiet".

De son côté, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a trouvé le casting "assez décevant", car "l'on retrouve à des fonctions-clés des gens qui ont échoué et donc qui ne sont pas en situation d'apporter le renouveau nécessaire". Le tout en formant ses "voeux de succès" à Ségolène Royal et François Rebsamen.

Premiers couacs

La cohabitation entre le nouveau ministre des Finances Michel Sapin et le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a débuté par une guerre des bureaux. L'un et l'autre convoitaient le "grand bureau" de Pierre Moscovici, débarqué ce mercredi matin. C'est finalement Michel Sapin qui a eu le dessus et est donc, de facto, le nouveau patron de Bercy. Il occupera le 6e étage contre le 5e, réservé à son collègue.

Autre couac des débuts, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius se sont disputés le secrétariat d’Etat au Commerce extérieur dont va s’occuper Fleur Pellerin. Aux dernières nouvelles, elle serait placée sous la responsabilité du Quai d’Orsay.

Enfin, un autre moment de flottement a émaillé cette journée de nomination et de passation: la Santé ne fait pas partie de l’intitulé du portefeuille de Marisol Touraine aux Affaires sociales. La question a trouvé réponse à mi-journée et la Santé est bien comprise dans son périmètre.

Pas de rupture avec Ayrault, selon Valls

Invité du JT de TF1, Manuel Valls a assuré de son côté qu'il mènerait une action dans la continuité de celle de Jean-Marc Ayrault. "Je dois prolonger, approfondir, et en même temps aller beaucoup plus vite", a-t-il toutefois nuancé.

Il a ainsi confirmé que la réduction des déficits faisait partie des priorités: "il n'y a pas d'autre choix", même si cela devra être fait "intelligemment", "sans toucher aux services publics". Mais, a-t-il dit, le but consiste à ce que les Français "vivent mieux" à la fin du quinquennat, et soient "fiers de leur pays et fiers de leur gouvernement".

Yann Duvert et Samuel Auffray