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Mayotte: 75% des Français favorables à la suppression du droit du sol voulue par Gérald Darmanin

SONDAGE BFMTV. Selon un nouveau sondage piloté par l'institut Elabe pour BFMTV, les trois quarts des Français sont favorables à la suppression du droit du sol à Mayotte, comme l'a récemment proposé le ministre de l'Intérieur.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a promis ce dimanche 11 février, depuis Mayotte, une "révision constitutionnelle" visant à supprimer le droit du sol sur cette île de l'océan Indien. Depuis janvier, une partie de la population du département français bloque les routes et la vie économique pour dénoncer l’insécurité et l’immigration illégale.

Une proposition largement soutenue par la population française d'après la nouvelle enquête "L'Opinion en direct" menée par l'institut Elabe pour BFMTV et publiée ce mercredi 14 février. 75% des Français se disent favorables à la suppression de ce droit à Mayotte, qui prévaut en France depuis le XIXe siècle mais qui avait toutefois été restreint sur l'île en 2018.

Si la proposition est moins soutenue chez l'électorat de gauche, elle y recueille tout de même une majorité d'opinion favorable, que ce soit chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (61%) ou chez ceux de Yannick Jadot (68%).

Concernant l'efficacité de la mesure, les personnes interrogées se montrent légèrement plus sceptiques. 67% estiment qu'elle sera efficace pour lutter contre l'immigration clandestine et seules 55% pensent qu'elle permettra de réprimer l'insécurité.

67% estiment que la suppression du droit du sol sera efficace pour lutter contre l’immigration clandestine à Mayotte.
67% estiment que la suppression du droit du sol sera efficace pour lutter contre l’immigration clandestine à Mayotte. © © Elabe/BFMTV

Une mesure qui ne pose aucun problème pour 43% des sondés

Pour de nombreux politiques de gauche, la suppression du droit du sol à Mayotte remettrait en cause les principes mêmes de la République. Un rejet qui ne convainc pas l'opinion. Pour 43% des Français, cette mesure ne pose aucun problème, et ce, malgré la modification de la Constitution et du Code Civil que cela engendrerait. Une opinion particulièrement partagée chez les plus de 50 ans, les sympathisants LR, les électeurs de Marine Le Pen et ceux d’Eric Zemmour.

Pour 43% des Français, cela ne pose aucun problème que le droit du sol soit supprimer pour Mayotte, et ce, malgré la modification de la Constitution et du Code Civil.
Pour 43% des Français, cela ne pose aucun problème que le droit du sol soit supprimer pour Mayotte, et ce, malgré la modification de la Constitution et du Code Civil. © © Elabe/BFMTV

Seuls 20% - notamment les électeurs de Jean-Luc Mélenchon - estiment que c'est un problème, car le droit du sol fait partie "des principes fondamentaux de la République Française". Pour 36% des sondés, cette mesure n’est pas idéale mais la situation à Mayotte ne laisse pas le choix.

50% favorables à une extension à l'ensemble du territoire

Certaines voix critiques affirment que cette proposition fait le jeu du Rassemblement national. Un avis qui n'est pas partagé par les personnes sondées. 64% pensent que cela ne constitue pas une victoire idéologique de la part du RN. Elles parlent plutôt d'une "mesure pragmatique justifiée au vu de la situation" sur l'île. Seuls 35%, principalement les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, estiment qu'il s'agit d'une victoire idéologique de Marine Le Pen et du RN.

Ce parti, tout comme le reste de la droite, a applaudi cette annonce du ministre de l'Intérieur et lui demande même d'aller plus loin. La droite et son extrême souhaitent que cette politique soit étendue à l'ensemble du territoire français. Tout comme 50% des Français selon le sondage. Dont 69% des sympathisants LR, 76% des électeurs de Marine Le Pen et 93% de ceux d'Éric Zemmour.

La proposition d'étendre la suppression du droit du sol à l'ensemble du territoire divise fortement.
La proposition d'étendre la suppression du droit du sol à l'ensemble du territoire divise fortement. © © Elabe/BFMTV

Les sondés se montrent toutefois plus divisés face à cette idée. Une division qui reflète le traditionnel clivage politique entre la gauche et la droite. 59% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 69% de ceux de Yannick Jadot plaident pour un maintien de la loi actuelle. Ils sont 39% au total.

La loi permet à un enfant né en France de parents étrangers de se voir attribuer la nationalité française à ses 18 ans. À condition de résider dans l'Hexagone et d'y avoir habité pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. Seuls 10% souhaitent un assouplissement de la loi.

Échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 13 au 14 février 2024.

Juliette Brossault