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"Démolition de nos valeurs", "extrême droite"... La gauche dénonce la suppression du droit du sol à Mayotte

Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 11 février à Mayotte une révision constitutionnelle destinée à supprimer le droit du sol dans l'archipel. D'autres mesures ont aussi été annoncées comme un "rideau de fer maritime" pour empêcher l'immigration illégale.

La gauche s'insurge. En déplacement à Mayotte ce dimanche 11 février, Gérald Darmanin a annoncé la suppression du droit du sol dans l'archipel français. "Il ne sera plus possible de devenir Français si l'on n’est pas soi-même enfant de parents français", a expliqué le ministre de l'Intérieur.

"C'est une faute politique, humaniste et juridique", réagit sur BFMTV l'eurodéputée insoumise Manon Aubry.

"Géométrie variable"

Alors que Gérald Darmanin a bien indiqué que cette mesure sera "évidemment circonscrite à l'archipel de Mayotte", plusieurs élus de gauche s'interrogent. "Mayotte est déjà sous l'empire d'un régime juridique qui est beaucoup plus sévère pour obtenir la nationalité française que tout le reste de la France", détaille ainsi sur France 3 Boris Vallaud.

"Le droit du sol n'est pas négociable. Il est déjà adapté à Mayotte, et il n'a pas fait la démonstration que cela ait changé quoi que ce soit", ajoute le patron des députés socialistes à l'Assemblée.

De la même manière, Manon Aubry s'étonne du "paradoxe qui consiste à placer Mayotte en dehors de la légalité républicaine comme pour mieux affirmer son appartenance à la République".

"Notre République ne peut pas être à géométrie variable", martèle-t-elle.

Une remise en cause des principes de la République

Le député écologiste Aurélien Taché a lui aussi dénoncé une mesure "extrêmement grave" sur BFMTV. "Quand on rompt comme ça avec le droit du sol, qui est attaché à l'histoire républicaine française depuis plus de deux siècles, c'est qu'on considère que la nationalité n'est plus attachée à l'endroit où vous naissez mais à l'origine ou la nationalité de vos parents", a-t-il expliqué.

Manon Aubry regrette ainsi "une remise en cause de nos principes et de nos droits fondamentaux sur lesquels la République s'est créée".

Pour la tête de liste écologiste aux Européennes Marie Toussaint, "mettre fin au droit du sol à Mayotte ne résoudra pas les difficultés du territoire, mais cela vient abîmer notre République".

"La démolition de nos valeurs par un président de la République qui devance l'extrême droite est un recul terrible", a-t-elle estimé sur X.

Extrême droite

La gauche dénonce effectivement une mesure "d'extrême droite". "Ça commence par Mayotte et on voit que l'extrême droite demande déjà sa généralisation", exprime ainsi Manon Aubry.

"Si cette disposition va jusqu'au bout et si Marine Le Pen arrive au pouvoir ensuite, c'est la fin du droit du sol en France", abonde dans le même sens Aurélien Taché.

"L’extrême droite qui la promeut depuis toujours demande déjà son extension. Celui qui s’est fait élire contre l’extrême droite trace son ascension", dénonce la communiste Elsa Faucillon.

De son côté, le député écologiste Benjamin Lucas qualifie sur X Emmanuel Macron d'"accélérateur à lepénisme".

Fin du "visa territorialisé"

Déjà touché par une crise de l'eau aiguë, le département français de l'Océan indien est paralysé depuis le 22 janvier par des barrages routiers installés par des "collectifs citoyens", qui réclament des mesures contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée.

Les élus de gauche, à l'instar de Boris Vallaud, ne nient pas qu'il y ait "des difficultés à Mayotte" mais jugent que la suppression du droit du sol n'est pas la solution. Malgré "déjà deux opérations de gendarmerie" dans l'île, et "des annonces", "les services publics sont incroyablement dysfonctionnels", déplore le député socialiste.

La suppression du droit du sol à Mayotte entraînera la "fin du visa territorialisé", un dispositif qui empêche les détenteurs d'un titre de séjour à Mayotte de venir dans l'Hexagone et dont la suppression est une des revendications des collectifs citoyens, a indiqué Gérald Darmanin.

Salomé Robles