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Gouvernement

Manuel Valls: première bougie à Matignon et pas le temps de souffler

Manuel Valls entame ce mardi sa deuxième année à Matignon.

Manuel Valls entame ce mardi sa deuxième année à Matignon. - Patrick Kovarik - AFP

Le Premier ministre débute ce mardi sa deuxième année à la tête du gouvernement, après 12 mois marqués par des divisions à gauche, un passage en force de la loi Macron, une progression importante du FN, et nouvelle défaite des socialistes aux élections départementales.

C'était il y a tout juste un an. Manuel Valls débute ce mardi sa deuxième année à Matignon, avec l'intention affichée d'ouvrir de "nouveaux chantiers" malgré la défaite de la gauche aux élections départementales, pour aller chercher quelques décimales de croissance et continuer à réformer.

Au cours de ses douze premiers mois à la tête du gouvernement, le Premier ministre a dû composer avec les divisions de la gauche et notamment le soutien vacillant de l'aile gauche du PS, qui ont fragilisé sa majorité et fait exploser en vol sa première équipe, sous l'ombre d'une progression importante du Front national, arrimé autour de 25% des suffrages.

Au lendemain d'une nouvelle défaite électorale du PS aux départementales - après celle des municipales qui avait conduit à sa nomination à la place de Jean-Marc Ayrault, puis celle des européennes de mai - l'exécutif aborde avec prudence la question d'un éventuel "élargissement de la base de la majorité", jugeant qu'il ne faut pas se "précipiter" vers un remaniement.

"La cohérence, la cohésion, la loyauté"

Si Manuel Valls se dit "favorable" au retour des Verts et "toujours ouvert" au "rassemblement de toute la famille socialiste", cela ne peut se faire qu'avec "une exigence": "la cohérence, la cohésion, la loyauté".

Confronté à l'échec de la promesse de faire baisser le chômage, Manuel Valls veut atteindre en 2015 le niveau de croissance qui permettrait un début de reflux: 1,5%. D'autant que François Hollande a lié sa candidature en 2017 à une baisse du nombre de demandeurs d'emploi.

"Mon gouvernement redoublera d'énergie, avec comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi", a promis Manuel Valls dimanche soir.

L'exécutif pense déjà qu'il fera mieux que la prévision officielle de 1% - ce qu'il attribue pour partie aux premiers effets de son cap économique qui devrait rester inchangé - mais veut mettre de l'essence dans le moteur pour obtenir de bons résultats économiques au second semestre.

A Matignon, on envisage ainsi des mesures en faveur de l'investissement, d'une meilleure distribution des crédits non dépensés du CICE ou encore de facilitation de l'emploi dans les PME.

"Une conférence thématique" sera organisée en juin avec les partenaires sociaux, pour discuter d'une réforme du contrat de travail pour les petites entreprises. "Ceux qui pensent que nous allons freiner ou stopper les réformes se trompent. Quel que soit le résultat des élections, nous allons les poursuivre en ouvrant de nouveaux chantiers", a prévenu le locataire de Matignon.

Une "fronde" toujours mobilisée dans son propre camp

Poursuivre les réformes sur des sujets économiques sensibles chez les syndicats et une partie de la gauche ne s'annonce pas comme une sinécure. Depuis un an, Manuel Valls n'est pas parvenu à éteindre la "fronde" de quelques dizaines de députés socialistes de l'aile gauche, au point de devoir utiliser en février l'article 49.3 pour faire adopter sans vote le projet de loi Macron.

Sans oublier l'explosion en vol de l'équipe "Valls I" à la fin août, pour crime de lèse-exécutif des ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Un débat interne et des divisions "qui nous ont empêchés de prendre l'envol nécessaire", déplore-t-on à Matignon.

Dans l'entourage de Manuel Valls, on estime en revanche être parvenu à "mettre de la cohérence au sein du gouvernement" avec une "ligne économique claire qui va donner des résultats". Quant à l'"horlogerie" avec l'Elysée, elle est "exemplaire", assure-t-on, tandis que les "couacs" de l'ère Ayrault se font plus rares.

"Division? Pan! Dehors!"

Plusieurs poids lourds du PS ont toutefois appelé ces derniers jours l'exécutif à rassembler davantage la gauche. "On ne peut pas arriver en 2017 avec une gauche émiettée, éclatée, qui ne se parle pas ou qui ne se parle pas suffisamment", juge l'un d'entre eux, appelant à clarifier un positionnement "social-démocrate". 

La faiblesse électorale de la gauche, dont le score cumulé a avoisiné les 35% au premier tour des départementales, la condamne à l'union en 2017, reconnaît d'ailleurs l'exécutif. "Division? Pan! Dehors!", résume un ténor du gouvernement.

Certains au sommet de l'Etat observent toutefois que sur la base des résultats électoraux, le PS et ses alliés et une droite unie avec le centre semblent encore en mesure d'éviter la présence du FN de Marine Le Pen au second tour dans deux ans.

Jé. M. avec AFP