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Les ministres esquissent la France de 2025

Le gouvernement a imaginé la France de 2025

Le gouvernement a imaginé la France de 2025 - -

A l'occasion de la rentrée gouvernementale, les ministres ont été invités par François Hollande à décrire la France telle qu'elle sera dans dix ans. Plusieurs ministres ont déjà rendu leur copie et elles sont pour la plupart très optimistes.

Comment les ministres voient-ils la France à l’horizon 2025? Avant leur départ en vacances, François Hollande leurs avait donné du travail: ils devaient rédiger un rapport sur leur vision du pays dans dix ans, à rendre pour le 19 août. Le Point a dévoilé les copies, très optimistes, de cinq ministres.

Le plein emploi en 2025 selon Moscovici

Selon Lepoint.fr, le ministère de l’Economie et des Finances estime que la courbe du chômage va s'inverser. Pierre Moscovici assure que même si cela demeure pour l’instant "inimaginable", le plein emploi demeure un objectif "réaliste" à l’horizon 2025. Pour le ministre, le salut passera par une plus grande attention donnée à l’emploi des jeunes et des seniors. Aujourd’hui, le taux de chômage français est de 10,8%, selon l'Insee.

Pierre Moscovici a également souligné le danger de copier le fameux "modèle allemand". "Idéal à court terme", ce modèle industriel ne correspondra pas "à l’état de l’économie mondiale dans dix ans".

La France est donc appelée à privilégier des "segments plus hauts" que celui des biens d’équipement, qui seront bientôt délaissés par les grands pays émergents. Selon Moscovici, la France ne doit donc pas, "à grands renfort d’argent public", tenter de "reconstruire une industrie perdue".

Taubira dévoile sa feuille de route

Dans un document où elle esquisse les grandes lignes de sa future réforme pénale, Christiane Taubira assure que dans dix ans les "sorties sèches" de prison seront rendues "marginales". Son but est de favoriser l'"insertion" des détenus.

La ministre de la Justice souhaite également le développement des peines "alternatives", afin de faire repasser la population carcérale en dessous des 60.000 détenus. Cette volonté ne risque pas d'apaiser les tensions qui sont apparues récemment entre la garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Ce dernier est en effet favorable à l'agrandissement du parc pénitentiaire afin de remédier au problème. Au 1er juillet 2013, il y avait 68.569 détenus en France, un record.

Dans son rapport, Taubira annonce aussi sa volonté de mettre en place un code de l’enfance et un code de l’exécution des peines en 2015. Elle estime par ailleurs que sa réforme pénale sera adoptée l’année prochaine ("intervenue il y a 11 ans", c’est-à-dire en 2014).

La ministre annonce également la mise en place d’un maillage territorial repensé, avec, notamment, la présence d’un tribunal de grande instance dans chaque département. Favorable à plus d'"individualisation" des sanctions et à une meilleure prise en charge des mineurs délinquants, Christiane Taubira espère que la justice donnera à l'avenir "espoir à la jeunesse".

La France sera un modèle industriel selon Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg est un des ministres les plus optimistes. Selon le ministre du Redressement productif, la France sera en 2025 leader sur les "marchés les plus dynamiques". La santé de l’économie du pays se sera largement améliorée et la France aura retrouvé "sa place dans le concert des grandes nations industrielles".

Montebourg en est persuadé, il y aura un nouveau modèle de production français, qui fera, à l’instar des modèles allemands (avec Siemens) et chinois (avec Foxconn), figure d’exemple mondial. 

En 2025, des PME françaises seront devenues "des grands groupes", bien aidées par un "allégement du coût du travail", ajoute Montebourg. Le ministre du Redressement productif estime que grâce à ces nombreuses améliorations de la situation française, les relocalisations se multiplieront dans le pays.

Valls souhaite la modernisation des forces de l'ordre

Le ministre de l’Intérieur s'est quant à lui cantonné à des déclarations d'ordre plus générales, selon Le Point. Manuel Valls estime que les forces de l'ordre vont devoir s'adapter rapidement aux nouvelles contraintes induites par les nouveaux modes de communication. "La police et la gendarmerie doivent réaliser le saut technologique qui s’impose à elles", écrit le ministre.

Valls veut aussi doter l'Etat d'un mécanisme de surveillance et de collecte des informations, afin de combattre le terrorisme et la criminalité organisée. Sûrement refroidi par l'affaire Prism, il précise que ce système s'accompagnera de "garanties nouvelles" pour la vie privée des individus.

En 2025, le "suffrage direct dans les intercommunalités et les métropoles" devrait être mis en place, ce qui condamnera de fait l'échelon départemental: "Cette évolution posera, à terme, dans les grandes agglomérations, la question du devenir des départements."

Enfin, le ministre a souligné la nécessité de défendre la laïcité et de favoriser l’accueil d’étudiants étrangers afin que la France puisse "tenir son rang" et "conserver son influence".

Chercher un logement deviendra "une étape plaisante"

Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, prévoit une très nette amélioration du secteur dont elle a la charge: l’accès à un logement deviendra selon elle "une étape plaisante de la vie".

Les lois adoptées "entre 2012 et 2014" vont porter leurs fruits, estime la ministre, pour qui les logements vacants seront "très rares" dans dix ans. Duflot annonce également la construction de six millions de logements, dont un tiers seront des logements sociaux.

Enfin, en 2016 devrait être adoptée, si l'on suit le raisonnement de la ministre, une garantie universelle des loyers. Cette éventuelle "avancée sociale majeure" permettra la prévention des expulsions et prémunira les propriétaires contre les "locataires indélicats", estime la ministre.

La réalité rejoindra-t-elle la fiction?

Lundi 19 août, l’ensemble des contributions seront remises au chef de l’Etat, à l’occasion d’un séminaire gouvernemental de rentrée. Reste à savoir si les ministres tiendront compte de leurs propres travaux au moment d’aborder les dossiers sensibles de la rentrée.

C’est en tout cas ce que souhaite le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a déclaré mercredi 14 août que, pour "réussir", le gouvernement devra avoir une "vraie vision" et comprendre un monde qui va "continuer de changer".

Maxence Kagni