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Inflation, immigration... Après les retraites à l'Assemblée, le gouvernement veut occuper le terrain

Élisabeth Borne et plusieurs de ses ministres à l'Élysée le 12er février 2023

Élisabeth Borne et plusieurs de ses ministres à l'Élysée le 12er février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

En pleines vacances parlementaires et après deux semaines éprouvantes sur les retraites, l'exécutif veut aller sur d'autres terrains. À commencer par la lutte contre l'inflation avec de fortes inquiétudes sur le pouvoir d'achat.

Se projeter dans l'après. Après la fin de débats houleux sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, l'exécutif veut occuper le terrain pendant les deux prochaines semaines. Avec une chance: un agenda très favorable. Les sénateurs ne débattront du recul de l'âge de départ à 64 ans qu'à partir du 2 mars et la prochaine grande mobilisation contre les retraites a lieu le 7 mars.

• Cap sur le pouvoir d'achat

Face à la menace d'un mois de "mars rouge" pour le porte-monnaie des Français, le gouvernement veut se montrer à la manœuvre. Il y a urgence: les fournisseurs demandent aux centrales d'achat des hypermarchés des hausses de 15 à 25% dans un contexte d'inflation alimentaire au plus haut depuis des années.

Bruno Le Maire reçoit ainsi cette semaine les représentants de la grande distribution. Alors que le panier anti-inflation a été un temps à l'ordre du jour avec l'objectif de garantir une cinquantaine de produits de base au "meilleur rapport qualité prix", le ministre de l'Économie a semblé fermer la porte à cette option ce lundi sur BFMTV.

La solution retenue par l'exécutif "sera ce que les distributeurs trouveront de plus utile et de plus efficace" d'ici le 15 mars, a annoncé le locataire de Bercy.

L'exécutif veut également pouvoir mettre en avant l'accord trouvé entre le patronat et les syndicats sur le partage de la valeur en entreprise qui devrait concerner bien plus largement les salariés. 80% des salariés des grands groupes sont ainsi couverts par un accord de participation ou d'intéressement aux résultats de l'entreprise qui représente en moyenne 1700 euros par an, contre seulement 20% de ceux des PME.

Autant dire que le gouvernement y voit un vrai levier de pouvoir d'achat. Renaissance qui veut désormais tenir le rôle de boîte à idées planche ce lundi sur la meilleure répartition des bénéfices entre les travailleurs et les employeurs.

Enfin, les ministres veillent à rester attentifs aux appels au secours des commerçants particulièrement impactés par la flambée des prix de l'énergie, comme les charcutiers-traiteurs et les boulangers. Emmanuel Macron se rend ce mardi à Rungis, aux côtés d'Olivier Grégoire, la ministre déléguée aux PME qui devrait faire le service après-vente des mesures prises ces dernières semaines.

• Déambulation au salon de l'agriculture

Le président continuera à reprendre le terrain le samedi 25 février à l'inauguration du Salon de l'agriculture. L'occasion pour le président, relativement discret sur la scène médiatique ces dernières semaines, de bains de foule et d'échanges avec les agriculteurs.

Non sans risque: des centaines d'exploitants sont venus à Paris en tracteur le 8 février dernier pour dénoncer l'interdiction des néonicotinoïdes dans la culture de la betterave, en raison de leurs conséquences mortifères sur les abeilles.

Le chef de l'État pourrait également profiter de l'occasion pour donner sa vision des dernières semaines à l'Assemblée nationale. Mercredi dernier, le président avait dénoncé devant ses ministres "des oppositions qui "n'ont plus de boussole" et qui "sont totalement perdues".

Un "comité d'accueil" syndical n'a rien d'impossible dans les travées du salon pour lutter contre la retraite à 64 ans. En 2013, en pleine vague de fermeture de plusieurs grandes entreprises d'agroalimentaire, des centaines de syndicales avaient occupé le stand du ministère de l'Agricuture, créant la pagaille lors de la déambulation de plusieurs ministres.

• La défense du projet de loi immigration

Olivier Dussopt, en première ligne sur le dossier des retraites et Gérald Darmanin devraient consacrer une partie des prochaines semaines à préparer leur projet de loi sur l'immigration. Présenté en conseil des ministres début février, ce texte veut afficher un visage d'équilibre. Il devrait contenir un volet permettant de délivrer des titres de séjour à des travailleurs en situation irrégulière dans des métiers en tension.

Le projet de loi veut également faciliter les expulsions d'étrangers condamnés pour des crimes et des délits et faciliter le recours aux OQTF (les obligations à quitter le territoire français).

Si les députés de droite ne sont guère convaincus par ce projet de loi dans lequel plusieurs d'entre eux voient "un appel d'air aux clandestins", le gouvernement va d'abord s'atteler à convaincre le Sénat. C'est la chambre haute qui s'emparera en première de ce projet de loi dans les prochaines semaines.

Gérald Darmanin qui veut séduire le Palais du Luxembourg à majorité de droite a d'ailleurs veillé à reprendre plusieurs propositions de François-Noël Buffet, son apprécié président de la commission des lois.

Marie-Pierre Bourgeois