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Gouvernement

Après avoir brocardé la "droite Trocadéro", Philippe dénonce une droite "qui se paye de mots"

Edouard Philippe lors d'un meeting de LaREM pour les européennes à Caen, le 6 mai 2019

Edouard Philippe lors d'un meeting de LaREM pour les européennes à Caen, le 6 mai 2019 - Damien MEYER / AFP

Invité de Franceinfo, le Premier ministre a émis de nouvelles critiques contre son ancienne famille politique, à qui il reproche de ne pas être au rendez-vous lorsqu'il s'agit de prendre des décisions.

Il a la dent dure contre son ancienne famille politique. Invité ce jeudi matin de Franceinfo, Édouard Philippe a donné quelques précisions sur cette "droite Trocadéro" qu'il a récemment brocardée, suscitant un tollé dans les rangs des Républicains. Ce n'est "pas du tout une insulte", a assuré le Premier ministre. 

"C'est une partie de la droite, à mes yeux parfaitement respectable, qui a choisi de se rassembler sur le Trocadéro en 2017, lorsque François Fillon, qui a dit que s'il était mis en cause il se retirerait, avait finalement choisi de rester", a d'abord taclé l'ex-soutien d'Alain Juppé, rappelant les circonstances dans lesquelles se trouvait le candidat LR à la dernière élection présidentielle. 

Le spectre du programme de Fillon

Édouard Philippe a ensuite énuméré les éléments les plus libéraux du programme défendu à l'époque par François Fillon: 

"C'est la partie de la droite qui, à l'époque, expliquait qu'il fallait augmenter la TVA, supprimer complètement les emplois aidés, (...) diminuer de 500.000 le nombre de fonctionnaires, et qui pourtant six mois après (...) l'élection présidentielle, critiquait vertement le gouvernement lorsqu'il diminuait, simplement, de 200.000 les contrats aidés", a-t-il égrené. 

Et le Premier ministre de résumer sa vision de cette frange de LR avec une formule lapidaire: "C'est une droite qui se paye de mots." 

"Tout ce que je suis me classe à droite"

Selon Édouard Philippe, qui n'a jamais entretenu de bonnes relations avec l'actuelle équipe dirigeante de la rue de Vaugirard, en particulier avec Laurent Wauquiez, la "droite Trocadéro" aime avant tout "manier des symboles" et des "icônes". 

"Lorsqu'elle est confrontée aux choix, (cette droite) est nettement moins là", regrette l'ancien maire du Havre. Et de citer la réforme de la SNCF et la baisse de la dépense publique comme mesures gouvernementales que LR aurait pu soutenir. 

"Je suis très attaché à la liberté. Je suis attaché à l'ordre. Tout ce que je suis fondamentalement, et je sais d'où je viens, me renvoie et me classe à droite", a-t-il tenu à rappeler.

Il s'agit là d'une manière, pour le Premier ministre, de souligner la dérive droitière qu'emprunte sa famille d'origine depuis quelques années. Et qui dénaturerait, d'après lui, son corpus idéologique originel. Ce constat peut prêter à débat, mais étant donné le rôle clé occupé par Édouard Philippe dans la fondation de l'UMP en 2002, il n'a rien d'étonnant. Proche des idées de Michel Rocard dans sa jeunesse, puis fidèle lieutenant d'Alain Juppé, l'ex-élu n'a jamais envisagé la droite autrement que flanquée d'un fort courant modéré. 

"Je m'en fiche un peu"

Répondant implicitement à des propos qu'a pu tenir Laurent Wauquiez sur son compte, Édouard Philippe observe que ceux qui sont "beaucoup plus à droite" que lui expliquent qu'il est "à gauche" et, inversement, que ceux qui sont "beaucoup plus à gauche" que lui estiment qu'il est "à droite". À l'aune des récents débats internes à la majorité, cette seconde partie de phrase peut s'interpréter comme une pique visant l'aile gauche de La République en marche.

"Je m'en fiche un peu", a néanmoins résumé l'intéressé, qui se dit "à l'aise" avec le groupe LaREM.

"J'essaie non pas de me payer de mots, mais (...) de transformer les choses, d'apporter du sérieux dans la conduite des affaires, (...) d'être en accord avec ma conscience", a-t-il ajouté.

Jules Pecnard