Élections européennes
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Européennes: entre Loiseau et Bardella, le débat tourne à vide

Jordan Bardella et Nathalie Loiseau, le 15 mai 2019

Jordan Bardella et Nathalie Loiseau, le 15 mai 2019 - Capture d'écran BFMTV

Les têtes de liste LaREM et RN, à touche-touche dans les sondages, ont campé ce mercredi soir sur leurs positions et se sont adressé des piques acerbes, notamment au sujet de l'immigration et des frontières de l'UE.

Les étincelles n'étaient pas aussi incandescentes que promises. Le duel entre Nathalie Loiseau et Jordan Bardella sur notre antenne, ce mercredi soir, aura toutefois été l'occasion pour eux d'illustrer leurs profondes divergences, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Les têtes de liste de La République en marche et du Rassemblement national, à touche-touche dans les sondages depuis des semaines, se sont accrochés sur plusieurs sujets, notamment la création d'un Smic européen, l'immigration et l'appartenance de LaREM au groupe centriste ADLE. 

  • "On n'a jamais eu autant de travailleurs détachés"

L'établissement d'un Smic à l'échelle européenne est l'une des propositions phares de la liste Renaissance portée par l'ancienne ministre des Affaires européennes d'Emmanuel Macron. Dénonçant la concurrence qui se joue des écarts considérables entre les salaires minimums en vigueur au sein de l'UE, Nathalie Loiseau a déploré que le RN n'ait fait "aucune proposition" en la matière. 

"Ce que nous proposons, c'est une convergence vers le haut. Il n'a jamais été question de baisser le Smic français, (...) en revanche il y a aujourd'hui 150 millions d'européens qui vivent dans des pays où le Smic est inférieur à 50% du salaire médian. Ça n'est pas décent", a développé Nathalie Loiseau.

Qualifié de "résigné" (comprendre, à cet état de fait) par Nathalie Loiseau, Jordan Bardella a mis en cause l'efficacité du gouvernement sur la question du travail détaché. "On n'a jamais eu autant de travailleurs détachés en France", a-t-il raillé, appelant à "supprimer" la directive "travailleurs détachés". Il a également ramené sa concurrente à son statut d'ex-ministre: 

"Vous allez pas nous faire croire (sic) que demain, vous allez imposer cette convergence économique en tant que député européen d'un groupe minoritaire, alors que vous avez été bien incapable de la défendre pendant (les) deux ans où vous étiez ministre des Affaires européennes", a-t-il taclé, ajoutant que "personne" ne connaissait Nathalie Loiseau lorsqu'elle occupait ses précédentes fonctions. 
  • Un "référendum sur l'immigration" le 26 mai?

Selon la tête de liste RN, le scrutin du 26 sera un "référendum sur l'immigration". Accusant l'actuel gouvernement d'avoir "battu tous les records" en matière d'entrées légales ou illégales sur le territoire, Jordan Bardella a appelé à un "retour de frontières qui protègent", notamment via une sortie de l'espace Schengen. Une promesse qui, selon Nathalie Loiseau, indique que le parti de Marine Le Pen est toujours favorable à un "Frexit". 

L'ancienne diplomate a ensuite vertement tancé le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, rouage essentiel de l'alliance populiste que souhaite bâtir le RN à travers le continent. Elle lui a notamment reproché de renvoyer des migrants vers les côtes libyennes, où la guerre sévit toujours et où certains sont soumis à une forme d'esclavage moderne. 

"Vous tirez à boulets rouges contre tous les gouvernements qui prennent des mesures contre l'immigration", a accusé Jordan Bardella. Le candidat RN a ensuite rappelé la phrase de Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, sur les ONG de défense des migrants, "complices" selon lui des passeurs en Méditerranée. 

  • Accrochage sur l'ADLE

L'un des moments les plus tendus du débats fut celui où Jordan Bardella a reproché à son adversaire de vouloir rejoindre le groupe centriste ADLE au Parlement européen. Abscons, l'échange portait sur la confusion entre ce groupe parlementaire et l'une de ses composantes, le Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE), récemment épinglé pour avoir reçu des financements de la part du géant pharmaceutique Bayer-Monsanto. Ce que LaREM lui avait reproché à l'époque.

"Vous avez été très bien formé aux éléments de langage. (...) Nous n'avons rien à voir avec le parti ALDE", a répliqué Nathalie Loiseau, accusée par son rival de commettre un "mensonge" et d'esquiver le sujet. 

"Vous répétez éternellement un mensonge, ça ne devient pas une vérité", a répondu l'ex-ministre des Affaires européennes. L'ADLE, groupe parlementaire que devrait bientôt rejoindre les futurs eurodéputés LaREM, compte aujourd'hui deux partis en son sein: l'ALDE et le Parti démocrate européen (PDE), auquel sont affiliés l'UDI et le MoDem.

Jules Pecnard