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Annoncé sur le départ, Darmanin fait-il monter les enchères?

Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics.

Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics. - AFP

Le ministre de l'Action et des comptes publics Gérald Darmanin a déclaré, mercredi sur BFMTV, qu'il annoncerait "en début de semaine prochaine" s'il compte quitter le gouvernement ou non pour reprendre la mairie de Tourcoing.

Gérald Darmanin semble avoir décidé de mettre Emmanuel Macron sous pression. Pressenti pour reprendre la mairie de Tourcoing après le décès de Didier Droart, le ministre de l'Action et des Comptes publics a annoncé sur notre antenne mercredi qu'il ferait son choix (entre mandat et ministère) "en début de semaine prochaine". 

Selon une information de Radio Classique et de RTL, l'ex-sarkozyste se serait vu proposer une exception à la règle du non-cumul édictée par Emmanuel Macron en début de quinquennat. Un pilier du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale a confirmé l'information à BFMTV.

Exception au non-cumul

Reste à savoir si cette offre intéressera Gérald Darmanin. "Il va rester au gouvernement, c’est un homme d’État, il ne va pas se désengager", assure un proche du ministre auprès de BFMTV. "Il est très meurtri et atteint par le décès du maire. Il y a deux options, soit il cumule maire-ministre, soit il reste premier adjoint d’un nouveau maire", ajoute-t-il.

Invité à s'exprimer là-dessus sur LCI ce jeudi matin, le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a rappelé que "rien n'empêche à un ministre d'être maire, dans la loi".

Plus globalement, le climat général semble être à la réévaluation du principe de non-cumul. Édouard Philippe l'a bien illustré mercredi soir, en déclarant sur France Inter que ce principe avait "changé la teneur du débat".

Envie de "territoire"

Ce potentiel arrangement fait fi d'un détail: Gérald Darmanin a-t-il seulement envie de rester au gouvernement? Aux manettes du ministère des Comptes publics depuis plus d'un an et demi, l'ancien membre des Républicains a réussi à faire entrer en vigueur, non sans difficulté, le prélèvement de l'impôt à la source. Une ministre confie à BFMTV que l'intéressé, désormais, "a vraiment envie de retourner sur le territoire". 

"Je connais son tempérament: tous les scénarios sont possibles avec lui. Il a assez d'indépendance et d'autonomie pour partir", précise-elle par ailleurs. 

Promotion?

Autre possibilité: celle de proposer un portefeuille ministériel plus prestigieux à Gérald Darmanin qui, à l'automne dernier, avait raté le coche du ministère de l'Intérieur, au profit de Christophe Castaner. Une promotion qui pourrait se faire dans le cadre d'un remaniement post-européennes.

Faute de solution, le président de la République et Édouard Philippe se verraient confrontés à un énième départ difficile à combler, quelques mois après ceux de Nicolas Hulot puis Gérard Collomb. L'équipe gouvernementale, en quête d'un second souffle après la crise des gilets jaunes, politise son dispositif en missionnant plusieurs ministres sur le terrain dans le cadre du grand débat national.

Une séquence clé dans laquelle Gérald Darmanin s'est d'ailleurs montré ostensiblement discret jusqu'à maintenant. Quoi qu'il en soit, sa démission "serait une perte pour le Président, qui ferait tout pour le retenir", glisse la même ministre à BFMTV.

La jurisprudence Le Drian

Le cumul ministère-mairie permettrait pourtant au colocataire de Bercy, l'un des rares poids lourds politiques du gouvernement, d'y demeurer tout en permettant à La République en marche de s'assurer un ancrage dans une ville populaire comme Tourcoing. Un atout non négligeable à un peu plus d'un an des prochaines municipales, surtout pour un mouvement présidentiel en quête d'un bien meilleur maillage territorial.

Un autre membre du gouvernement, Jean-Yves Le Drian, a pu obtenir un passe-droit similaire sous François Hollande. Lors des élections régionales de 2015, le ministre de la Défense de l'époque (aujourd'hui ministre des Affaires étrangères) s'est représenté en Bretagne, ce qui a permis au Parti socialiste de la garder dans son escarcelle. Jean-Yves Le Drian a d'ailleurs dû abandonner son siège de président de région à l'orée du quinquennat Macron. 

Jules Pecnard avec le service politique de BFMTV