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Rassemblement national

FN: quelles suites après la bataille judiciaire?

Le congrès postal du FN ayant été annulé mardi par la justice, le parti est obligé d'organiser un rassemblement physique de ses militants, afin qu'ils se penchent sur ses statuts. Désormais, la direction cherche à accentuer la pression sur Jean-Marie Le Pen.

Mardi, la justice a offert à Jean-Marie Le Pen une troisième occasion de jubiler. Elle a confirmé la suspension du congrès postal, censé supprimer le statut de président d'honneur du patriarche. En première instance, les juges de Nanterre avaient estimé que le parti avait "violé" ses règles internes en organisant ce congrès par correspondance, et non sous une forme physique, comme cela devrait être le cas pour une modification des statuts.

La réaction officielle du FN a comme prévu été sèche: le parti a fait part de son "étonnement" face à une décision qui vise à "conserver à Jean-Marie Le Pen un titre qu'il ne mérite évidemment plus, vu son comportement de plus en plus inqualifiable".

> Le casse-tête du congrès

Malgré l'annulation de la valeur juridique des votes par correspondance, le Front national a dévoilé ce mercredi les quelque "30.000 votes de la consultation". Et le résultat est sans appel: 94% des consultés ont adopté les nouveaux statuts de leur formation, qui prévoient de supprimer la présidence d'honneur. Comprendre: exclure de facto Jean-Marie Le Pen. Aux yeux de la direction, ce vote "a une incontestable autorité politique". Une façon d'exercer une pression politique sur le patriarche, à défaut d'être juridique.

Mais le FN est tout de même obligé par la justice de convoquer un congrès physique pour que les militants s'expriment sur les changements de statuts du parti. Et puisque Jean-Marie Le Pen reste militant du FN et président d'honneur, faute de changement de statuts, il y sera invité lui aussi. On ne connaît pas encore les modalités de ce nouveau congrès, mais son organisation s'avère déjà être un casse-tête pour la direction du parti: "Mais ils veulent quoi? Que je loue le Stade de France pour réunir les 51.000 adhérents?", s'est agacée Marine le Pen, citée par Le Parisien.

> Une rentrée plombée

"A cinq mois des régionales, et alors qu’elle doit elle-même s’engager dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, ça paraît très compliqué", selon un cadre du FN. Le timing tombe mal. D'autant plus que Jean-Marie Le Pen, que semble amuser la position de trouble-fête, n'a toujours pas exclu de se présenter à ce même scrutin en Paca, face à sa petite-fille Marion.

La question sera sans doute abordée à l'université d'été du parti, qui aura lieu à Marseille les 5 et 6 septembre. La direction du FN pourrait d'ailleurs en profiter pour consulter physiquement ses adhérents. Mais là, encore Jean-Marie Le Pen devrait jouer les trouble-fête, puisqu'il a déjà annoncé sa participation: de quoi plomber la rentrée politique d'un parti déjà affaibli par ses querelles familiales.

Jean-Marie Le Pen, lui, n'a pas encore tout à fait gagné. Pour avoir répété ses propos sur les chambres à gaz, "détail" de la Seconde Guerre mondiale, il ira en correctionnelle et risque donc une nouvelle condamnation.

> Florian Philippot affaibli?

Florian Philippot, lui, se fait discret. Ses déclarations sont peu nombreuses depuis mardi, et il prend soin de ne pas commenter cette décision sur Twitter, lui d'ordinaire si prompt à réagir. Le vice-président du parti a été le premier visé par la réaction de Jean-Marie Le Pen après l'annonce mardi. Pour le patriarche, il a subi "une défaite personnelle".

Bras droit de Marine Le Pen, tenant d'une ligne davantage gaulliste que libérale, artisan de la "dédiabolisation", Florian Philippot est devenu la bête noire du cofondateur du parti. "Le Front national semble avoir quitté ses fondamentaux essentiels: l'immigration massive, la sécurité, le chômage, la dette colossale, la lutte contre l'Union européenne, pour des billevesées plus gauchisantes", a regretté Jean-Marie Le Pen.

Très exposé dans les médias, Florian Philippot s'est rendu indispensable auprès de la présidente du FN mais n'est arrivé qu'à la quatrième place du vote des militants lors du dernier congrès. Un résultat que les militants, parfois critiques, pourraient lui rappeler lors du prochain rendez-vous du parti en septembre.

A. K.