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Ecotaxe: quelle place pour les Verts au gouvernement?

Cécile Duflot et Pascal Canfin doivent-ils rester au gouvernement? La question "est légitime", a reconnu Cécile Duflot.

Cécile Duflot et Pascal Canfin doivent-ils rester au gouvernement? La question "est légitime", a reconnu Cécile Duflot. - -

Le recul sur l’écotaxe ne marquera pas le départ des Verts du gouvernement. Mais Cécile Duflot l’a reconnu, "la question se pose". Comment les écologistes peuvent-ils agir quand les désaccords s’accumulent?

L'air a quelque chose de déjà entendu. Les Verts ont-ils encore leur place au gouvernement? Après la reculade du gouvernement mardi sur l’écotaxe, la question se pose – une fois de plus. C’est même la première concernée, la ministre du Logement Cécile Duflot, qui l’admet. Sur Europe 1 mercredi, la ministre a reconnu qu’il était "légitime" de se la poser. L’épisode de l’écotaxe est un énième rebondissement dans ce qui commence à ressembler à un interminable feuilleton.

Les écologistes n’avaient pas fait de l’écotaxe une "ligne rouge" à ne pas franchir par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Et l’écotaxe n’a été "que" suspendue, et pas (encore) supprimée. Pourtant, la colère gagne du terrain chez certains écologistes. 

Pascal Durand, secrétaire national EELV, estime ainsi que l’ajournement de l’écotaxe "ne va résoudre en rien" les difficultés de la Bretagne. José Bové, quant à lui, qualifie cette suspension de "minable, une reculade vraiment invraisemblable". Et avant même que Jean-Marc Ayrault recule, Jean-Vincent Placé avait estimé que si le gouvernement cédait, il ne faudrait "pas qu’il s’étonne qu’il n’ait plus d’autorité sur rien".

EELV au gouvernement "dérange certains"

Pourtant, Cécile Duflot ne veut rien lâcher. "C'est quand même ceux qui ont le moins envie de voir des écologistes au gouvernement qui donnent sens à cet argument (...) Je considère donc que visiblement la présence des écologistes au gouvernement n'est pas inutile et dérange certains. Et ça ne me gêne pas de déranger certains", s'est justifiée la ministre.

Même son de cloche chez François de Rugy, co-président du groupe EELV à l’Assemblée, contacté par BFMTV.com. "Cette taxe, ce n’est pas nous qui en sommes à l’origine. Nous l’avons soutenue et nous assumons, mais je ne vais pas rendre des comptes pour quelque chose que je n’ai pas fait." Visiblement agacé par la question récurrente de la place des écologistes au gouvernement, il rétorque: "nous avons signé pour cinq ans, nous prenons nos responsabilités. Certains voudraient nous faire passer pour des ados attardés, mais nous, nous agissons. C’est au gouvernement que nous sommes les plus utiles."

Et de mettre en avant, en écho à Cécile Duflot sur Europe 1, l’action des écologistes sur plusieurs grands dossiers, comme "la rénovation thermique, la contribution climat-énergie ou l'encadrement des loyers."

Le problème se situerait plutôt "au sein de la majorité", estime François de Rugy, qui souligne "le manque de cohérence et de constance, surtout sur la réforme fiscale. Il est difficile d’être unis et de faire bloc avec tous les revirements que l’on constate depuis deux mois".

Un congrès fin novembre

Et pourtant, la question du départ ne se pose pas. Et gare à ceux qui pourraient l’entretenir: "des rumeurs circulent sur des socialistes qui voudraient se débarrasser de nous. A 25% d’opinions favorables dans les sondages, je les invite à y réfléchir encore une fois", menace François de Rugy.

"Les Verts s’amusent à se faire peur, rétorque Luc Carvounas, sénateur socialiste, proche de Manuel Valls et secrétaire national du PS aux relations extérieures. Quel intérêt pour la majorité de se ‘débarrasser’ des Verts? On vient de voter la loi Alur sur le logement de Cécile Duflot! On ne va pas créer une crise là où il n’y en a pas. EELV doit accepter qu’il est un parti de gouvernement. On participe ensemble à la gouvernance de ce pays. Je les laisse à leurs débats internes".

La question n’a pas fini d’agiter le parti. Europe Ecologie – Les Verts aura d'ailleurs l’occasion d’en reparler: son congrès fédéral a lieu le 30 novembre prochain. Sept motions différentes seront soumises au vote des militants. Certaines d'entre-elles prônent ouvertement une sortie du gouvernement.

Ariane Kujawski