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"Décivilisation": Sandrine Rousseau dénonce "la complaisance" d'Emmanuel Macron avec l'extrême droite

"A chaque fois [qu'il] est face à une difficulté, il lance une espèce de perche sur l'extrême droite pour essayer de divertir", a déploré la députée écologiste de Paris sur BFMTV-RMC, après que le président de la République a employé le terme de "décivilisation", en allusion aux différents cas de violences intervenus ces derniers jours.

"Une faute politique". La députée écologiste Sandrine Rousseau a fustigé sur BFMTV-RMC l'emploi du terme "décivilisation" par le président de la République Emmanuel Macron, dénonçant une "complaisance" de ce dernier avec l'extrême droite. Ce mot "a été repris par Renaud Camus", essayiste d'extrême droite, auteur de l'ouvrage Décivilisation en 2011, a souligné d'emblée l'élue de Paris.

L'élue de Paris faisait référence à des propos tenus par le chef de l'Etat ce mercredi en Conseil des ministres. A cette occasion, l'hôte de l'Élysée a appelé le gouvernement à "travailler pour contrer le processus de décivilisation".

"Perche à l'extrême droite"

Le chef de l'État faisait allusion à plusieurs épisodes de violences récents: l'infirmière tuée à l'hôpital de Reims, les policiers morts dans le Nord dans un accident impliquant un conducteur drogué et alcoolisé et l'incendie du domicile du maire de Saint-Brevin, à la suite duquel l'édile a démissionné.

Sandrine Rousseau a déploré "l'incapacité" d'Emmanuel Macron à "se remettre en cause". "A chaque fois [qu'il] est face à une difficulté, il lance une espèce de perche sur l'extrême droite pour essayer de divertir", a-t-elle poursuivi, en référence à la crise sociale et politique liée à la réforme des retraites.

Le chef de l'Etat avait précisé son propos lors du Conseil des ministres, déclarant selon les propos d'un participant rapportés au Parisien:

si "le sens de l’histoire des sociétés a toujours été de réduire la part des pulsions pour accroître le respect de l’autre, dans le monde entier, depuis un certain nombre d’années, c’est le mouvement inverse qui semble s’amorcer".

Des dires qui semblent davantage se rapporter à l'idée de décivilisation développée à l'origine par le sociologue Norbert Elias, auteur avant la Seconde Guerre mondiale de l'ouvrage Sur le processus de civilisation.

"Cohésion sociale"

"On en parle de son attitude de pacification et de respect de l'autre?", a répliqué Sandrine Rousseau sur BFMTV-RMC. Et de poursuivre: "On en parle de son attitude de fermeture et d’autoritarisme vis-à-vis du peuple français qui s’est rebellé de mille et une manières contre la reforme des retraites."

Pour l'ex-finaliste de la primaire d'Europe Écologie - Les Verts (EE-LV) de 2021, le président "ne considère pas la cohésion sociale comme une réponse à la crise que nous connaissons". Or, "la cohésion sociale, la protection, le prendre soin, le fait de protéger les services publics, d’assurer une vie meilleure aux gens, est avant tout la cause et le ciment d’une cohésion sociale", a développé l'écologiste.

"Acte d'autoritarisme"

Selon elle, Emmanuel Macron a une part de responsabilité dans le climat actuel. "Le fait qu'[il] soit toujours dans un rapport d’autoritarisme et un rapport rugueux, si ce n’est d’opposition avec son peuple, fait que oui la violence s’accroît", a avancé la parlementaire. Tout en jugeant il ne pourrait s'agir que "du début", en raison d'un éventuel "acte d'autoritarisme" à venir la réforme des retraites.

Une référence à la proposition de loi du groupe hétéroclite Liberté indépendant Outre-mer et territoire (Liot), consistant à abroger le report de l'âge légal de départ à la retraite. Face au camouflet que représenterait l'adoption de ce texte, étudié le 8 juin, le camp présidentiel cherche à le tuer dans l'œuf, arguant de son "inconstitutionnalité".

Baptiste Farge