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"J'ai été victime d'un attentat criminel": le maire de Saint-Brevin explique les raisons de sa démission

Le maire de Saint-Brevin, qui a annoncé sa démission le 10 mai dernier après avoir notamment été visé par un incendie criminel et des menaces de l'extrême droite, a déploré le manque de soutien de l'État devant la commission des lois du Sénat.

C'est un Yannick Morez au visage fermé et au ton grave qui s'est présenté devant les sénateurs de la commission des Lois ce mercredi. Le maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique) s'est exprimé sur sa démission intervenue le 10 mai dernier, après des mois de tensions dans sa commune autour d'un projet de transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada).

L'édile a d'abord rappelé que ce projet avait été "imposé par l'État", puis que le déplacement du site, près d'une école, avait lui aussi reçu son aval.

Pour autant, "l'État et ses représentants ne souhaitaient pas communiquer, ils ont laissé la municipalité s'en charger", a-t-il ensuite pointé.

Des tracts "ignobles"

Avant de revenir sur la création du collectif Pierre Attelée, opposé à ce projet. Au départ, celui-ci "ne faisait quasiment pas de bruit". Mais selon l'édile, les opposants se sont rapidement "aperçus qu'ils n'allaient pas pouvoir faire bouger la mairie".

Dès lors, le collectif "a fait appel à l'extrême droite et à tous les groupuscules d'extrême droite", poursuit Yannick Morez.

Les menaces et intimidations se sont alors enchaînées. En deux semaines, le maire de cette commune de près de 15.000 habitants a reçu deux tracts "ignobles" dans sa boîte aux lettres. Le premier: une "photo" d'un petit garçon "enlevé en 2014 lors d'une colonie à Saint Brevin" et "tué dans une mare".

"En dessous de la photo, il était marqué, 'voilà ce qui risque de se passer à Saint-Brevin avec 110 migrants'".

La semaine suivante, Yannick Morez a reçu un tract similaire, avec la "photo d'une petite fille" et ce "même discours". Face à cette situation, l'élu dit avoir "toujours reçu la même réponse de la gendarmerie: liberté d'expression".

"Démunis"

Même ton du côté du sous-préfet, à entendre le maire. Lors d'une réunion, en février 2022, "il nous a dit 'vous savez, des menaces moi j'en ai tous les jours", a-t-il témoigné.

"On s’est retrouvés tous les trois avec mes deux adjointes et on était un peu dépités, choqués de ce qu’on avait entendu. On s’est aperçus qu’on se retrouvait totalement démunis, seuls, abandonnées par les services de l’État et qu’on allait devoir continuer à affronter la montée en puissance de ce collectif qui ne représentait plus Saint-Brevin mais faisait venir tous les groupuscules d’extrême droite."

"Un attentat criminel"

Le maire a indiqué que son courrier à la procureur de la République est également resté sans réponse. Il est revenu sur le point d'orgue des tensions: l'incendie criminel de son domicile le 22 mars.

"J'ai été victime d'un attentat criminel", clame-t-il.

"Un engin explosif a été lancé entre mes véhicules. Heureusement nous avons été réveillés par les bruits et trois personnes qui revenaient de leur travail chez Airbus à Saint-Nazaire".

Yannick Morez a ensuite reçu "plusieurs coups de fil". Plusieurs de "la procureure", ainsi que du sous-préfet, du préfet et d'Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. Le président de la République lui a écrit le 3 avril pour lui exprimer son soutien. Mais, à chaque fois, il n'y "avait pas de réponse sur le fait qu'il n'y avait eu aucun soutien de la part de l'État", a déploré Yannick Morez.

Après son passage à la commission des Lois, le maire de Saint-Brevin doit rencontrer Élisabeth Borne en fin de journée.

Baptiste Farge